Luc Chatel revient sur la semaine de quatre jours
Dans une interview donnée sur Europe 1 le 18 septembre 2009, Luc Chatel revient sur la semaine de quatre jours.
Selon le mnistre de l’Education nationale "ce sont les conseils d’école qui décident s’ils souhaitent organiser la semaine sur quatre jours ou sur quatre jours et demi". Le ministre fait donc clairement comprendre qu’il est possible de faire classe le mercredi matin. Dans la réalité, les choses sont plus complexes que cela. Pour faire classe le mercredi matin, il ne suffit pas de le décider en conseil d’école, il faut également l’avis de la commune.(cf CIRCULAIRE N°2008-082 du 5-6-2008 : "sur proposition du conseil d’école transmis par l’IEN et après avis de la commune, l’inspecteur d’académie-DSDEN peut modifier la répartition des 24 heures d’enseignement obligatoire dans la semaine, en les répartissant sur neuf demi-journées du lundi au vendredi". Dans la réalité, cette répartition du temps scolaire sur neuf demi-journées dans la semaine est très compliquée car pose des problèmes d’organisation. En effet, pour pouvoir ouvrir les écoles le mercredi matin, les communes doivent mettre en place des transports scolaires et un accueil périscolaire. Ceci est donc difficilement envisageable dans de nombreuses communes.
Dans la même circulaire, on peut lire : "L’inspecteur d’académie-DSDEN veille à l’harmonisation des projets d’aménagement du temps scolaire entre les écoles maternelles et élémentaires relevant du même périmètre scolaire et à leur homogénéité entre écoles soumises aux mêmes contraintes pour un territoire donné. Ce territoire peut être plus restreint que la commune pour les grandes villes et plus large pour le milieu rural.
Il tient compte des contraintes inhérentes à l’organisation des transports scolaires. Il mène la concertation, à son niveau, avec les responsables d’activités à caractère culturel, sportif, social et les autorités responsables de l’instruction religieuse". Pour simplifier, le premier paragraphe signifie que si une école souhaite ouvrir ses portes le mercredi matin mais que les écoles du même "territoire" ne le veulent pas, il sera implossible pour l’école qui le désire de répartir la semaine de classe sur neuf demi-journées. Ce ne sont donc pas uniquement les conseils d’école qui décident.
En théorie, donc, toutes les écoles peuvent ouvrir leurs portes le mercredi matin, mais en pratique seuls 3,6 % des écoliers ont une semaine scolaire répartie sur neuf demi-journées. Luc Chatel explique que si "95% des écoles ont décidé d’adopter la semaine de quatre jours, c’est parce que localement, il y a des consensus, il y a des volontés d’aller dans ce sens.", ce qui nous l’avons vu, n’est pas tout à fait vrai.
De toute façon, cela ne change rien au problème de la semaine de quatre jours, car le temps d’enseignement a bien été réduit de deux heures chaque semaine en primaire passant ainsi de 26 heures à 24 heures (+ 2 heures pour les élèves en difficulté). Que la semaine s’étale sur quatre jours ou quatre jours et demi, deux heures d’enseignement pour tous les élèves ont été supprimées. Pourtant, le Luc Chatel n’hésite pas à déclarer : "Pour 80% des élèves, il n’y a pas de changement dans l’organisation de la semaine et le programme n’est pas plus chargé qu’avant". Ah bon ? La suppression du samedi matin d’école ne serait donc valable que pour 20% des élèves ? De même, les nouveaux programmes 2008, plus lourds et plus complexes au niveau de l’apprentissage de certaines notions, ne s’appliqueraient eux aussi qu’à 20% des élèves ? Soyez sérieux, Monsieur le ministre, et arrêtez de nous amuser, vous n’êtes pas là pour ça ! Arrêtez également de désinformer systématiquement l’opinion publique en tenant publiquement des propos inexacts ! Cela est absolument inacceptable.
Le ministre continue en expliquant que "si les parents plébiscitent la suppression de l’école le samedi matin, c’est parce qu’ils considèrent que c’est une bonne chose pour assurer un enseignement de qualité aux élèves". Peut-être considèrent-ils en effet cela, mais si c’est le cas, ils se trompent. De nombreux spécialistes des rythmes scolaires ont démontré que la coupure de deux jours le week-end nuit à la concentration et à l’attention des élèves le reste de la semaine, et donc à leurs apprentissages. (cf Rythmes de vie et rythmes scolaires, Aspects chronobiologiques et chronopsychologiques, François TESTU, Masson).
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Stéphane Guinot
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