Lundi de Pentecôte journée de solidarité envers les vieux, mais aime-t-on les vieux en France ?
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La société française est "âgiste" au sens où elles dévalorisent les personnes suivant leur âge. Chaque Français aime ses vieux, mais la France n'aime pas ses vieux......
Notre société a raison de penser que son avenir, c'est sa jeunesse. Par contre, elle doit toujours avoir en tête que l'avenir de chacun des membres qui la composent, c'est leur propre vieillesse. Or beaucoup de ses membres l'oublient ou refusent d'y penser, car leur propre vieillesse leur fait peur.
Notre société perçoit les personnes âgées comme des "adultes diminués" du fait de leurs déficits et de leurs manques, les accusant d'être dépassées, réfractaires au "progrès" ; réactionnaires, inadaptées, etc....des clichés et des stéréotypes aussi faux que stigmatisants. Tout au plus leur accorde-t-on d'être des réservoirs de mémoires.
À force d’intégrer la conception marchande de l’homme, nous tous nous avons perdu le sens de la valeur humaine de tous ceux qui ne sont plus économiquement utiles, efficaces et performants.
Il faut donc réconcilier notre société avec ses vieux, ce qui leur permettra de vivre plus dignement et aidera aussi chacun à mieux vivre son vieillissement. Accepter son vieillissement est sans doute un des messages les plus libérateurs qui puisse être tenu à chacun dans la société d'aujourd'hui.
Il y a cinquante ans, les vieux vivaient essentiellement chez eux, seuls ceux qui avaient des revenus faibles résidaient en établissements. Depuis, on a créé le minimum vieillesse et augmenté le niveau des retraites. Et les établissements auraient donc pu disparaître. Mais entre-temps, avec l'allongement de l'âge de la vie, sont apparues de façon beaucoup plus importante des personnes âgées fragilisées, handicapées.
Il y a 1 200 000 personnes âgées fragilisées dans notre pays, et un peu plus de la moitié à domicile, et un peu moins de la moitié en établissement.
La canicule de 2003 a permis une prise de conscience dans la classe politique des retards de notre pays. Une canicule qui avait causé la mort de 15.000 personnes. Alors le gouvernement Raffarin avait fait du lundi de Pentecôte un jour "travaillé par solidarité", c'est-à-dire non rémunéré. En contrepartie, les employeurs doivent verser à l'État une contribution de 0,3% de la masse salariale.
Ces fonds dans leur totalité devaient aller à la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA), qui finance des mesures en faveur des personnes dépendantes (âgées ou handicapés). Mais depuis le début de sa mise en place, une partie de ces ressources consacrées aux personnes âgées ont été détournées par l'État ou l'Assurance-Maladie pour combler leur déficit.
Cette journée de solidarité rapporte en moyenne 2,3 milliards d'euros chaque année. Depuis sa mise en place effective en 2005 il a été récolté 13 milliards d'euros. Mais la totalité des fonds récoltés ne vont pas en direction des personnes âgées et handicapées, comme l’explique Pascal Champvert, président de l'Association des directeurs d'établissements pour personnes âgées (AD-PA). Selon lui près de 2 milliards et demi n'ont pas été à l'aide des personnes agées, cette somme a été intégrée dans les comptes de l'Assurance Maladie.
Une opération qui nous rappelle étrangement le "fonds national de solidarité" alimenté, en théorie, par la vignette automobile, et dont les personnes âgées n'ont jamais vu la couleur !
Depuis 2008, le dispositif a été assoupli laissant la possibilité de travailler à l’occasion d’un autre jour férié, excepté le 1er mai, ou tout simplement de supprimer une RTT.
Désormais à la carte, cette journée, depuis le début, fait débat. Ce lundi, le député apparenté PS René Dosière s’est montré surpris, sur les ondes de BFM TV, que les parlementaires n’y cotisent pas alors qu'ils l’ont eux-même votée (voir la vidéo ci-dessous).
Souvenons-nous, la prise en charge de la dépendance était l'une des mesures phares du programme de Nicolas Sarkozy en 2007. "Je créerai une cinquième branche de la sécurité sociale pour consacrer suffisamment de moyens à la perte d'autonomie", promettait le candidat.
Mais en février 2008, lors d'une annonce d'une prime de 200 euros pour les bénéficiaires du minimum vieillesse, le président de la République avait évoqué lui-même un report de la loi. Le projet de loi était attendu pour début 2009.
Hélas la crise financière de l'automne 2008 débarque, et le "cinquième risque" est de nouveau repoussé. Le ministre du travail, Brice Hortefeux, qui se voit attribuer le chantier, annonce désormais un texte à la rentrée 2009, voire à l'automne.
Mais le 28 mai 2009 Valérie Létard, secrétaire d'État à la solidarité, déclarait qu'elle espérait "qu'un texte pourra être présenté à l'ordre du jour du Parlement au premier semestre 2010".
Fin juin 2010 aucune loi n'a pointé son nez au parlement ! Mais le 15 octobre 2010, lors d'une intervention télévisée, le chef de l'État assure à nouveau qu'il "souhaite la création (...) d'un nouveau risque, d'une nouvelle branche de la Sécurité sociale, le cinquième risque (..) Nous prendrons les décisions à l'été 2011, à la suite de ce grand débat". Une promesse qu'il réitère le 10 février 2011, lors de l'émission "Paroles de Français" sur TF1.
Mais, le 24 août, François Fillon sonne le glas de cette hypothèse. Face à la nécessité de la rigueur budgétaire, le chantier de la réforme est une nouvelle fois repoussé, cette fois à début 2012. "Traiter ce dossier dans le contexte économique et financier que nous connaissons aujourd'hui, dans l'urgence, ne serait pas responsable", assure le premier ministre.
Un enterrement discret d'une promesse de campagne qui n'aura jamais vu le jour.
Lors de la campagne électorale, François Hollande avait annoncé que sa priorité était la jeunesse. Mais surprise on découvre que les personnes âgées font partie également de ses priorités. Michèle Delaunay a été nommée ministre déléguéé chargée des personnes âgées et de la dépendance. Elle a beaucoup travaillé sur la question du vieillissement notamment dans le cadre du groupe « Politique de l’âge" qui a rendu ses travaux en 2009.
Elle va donc devoir mener le délicat dossier de la réforme de la dépendance que François Hollande a promis et que Nicolas Sarkozy a abandonné.
François Hollande avait préconisé, lors de la campagne électorale présidentielle, une hausse des cotisations (voir vidéo ci-dessous). Par contre Marisol Touraine, chargée du pôle social dans son équipe de campagne, avait refusé de préciser quelle cotisation pourrait être concernée. Elle avait alors déclarée : "Nous voulons d'abord mettre l'accent sur la prévention. C'est l'erreur de la droite d'avoir mis l'accent sur l'aspect financier des personnes déjà dépendantes. Après, François Hollande a dit qu'il préférerait un financement solidaire à un financement privé",
Par contre Nicolas Sarkozy avait fait l'impasse, lors de la campagne électorale présidentielle, sur ses intentions concernant la réforme de la dépendance. On se souvient qu'au cours de son quinquennat plusieurs pistes avaient été avancées concernant son financement sans jamais qu'aucune soit décidée. Il avait envisagé notamment : une taxe sur les successions, une nouvelle journée de solidarité, une hausse de la TVA ou bien même l'obligation de souscrire à une assurance privée.
Alors attendons de voir si, sous le quinquennat de la gauche les vieux seront mieux aimés que du temps du quinquennat de la droite.
Sources : observatoiredessubventions.com, La Dépêche, una.fr, Le Point, Le Monde, toutsurlaretraite.com, Le Monde,
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