Ma femme s’appelle Maurice
Jean-Marie Poiré, Chevallier et Laspalès peuvent flanquer leur film à la poubelle (sans doute la méritait-il déjà) : depuis le 23 avril 2013, le titre de Ma femme s’appelle Maurice n’a plus rien d’humoristique.
Idem, dans l’excellent Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ, pour le « Bonjour Monsieur-Dame » adressé par Coluche dans l’Homo Discothecus. Idem pour cette blague : « Est-ce que t’es pour le mariage des prêtres ? –Bah ! après tout, s’ils s’aiment !… » Sur le plan de l’état-civil, c’est tout à fait réalisable.
On connaissait déjà des gens dont le maire est le père. À Bègles, « Mamère est mon maire », disent les Bèglais ou Bèglois. Et les enfants de Mamère disent : « Mamère est mon père. » S’ils habitent Bègles, « Mamère est mon maire et mon père. Je m’y perds ! » Si la mère de Mamère habite Bègles, elle dira : « Mamère est mon maire, alors que je suis sa mère. » Dans une ville dirigée par une maire, on peut entendre : « Ma mère est ma maire. » Maire d’alors !
Quelle démocratie ?
Ainsi, la 31e promesse de campagne de François Hollande est-elle une des premières réalisées, peut-être la seule. Elle ne coûte pas cher (quoique la réécriture des lois, formulaires, etc., soit une dépense dont on se serait bien passé). Elle a fait la part belle à un lobby minoritaire très actif, contre plus de 700 000 signatures (chiffre non estimatif) déposées au CESE contre le Mariage pour Tous. C’est bien ce gouvernement qui attise les exactions à la fois compréhensibles et inadmissibles (l’expression est pesée ; merci de ne pas la détourner) contre les homosexuels avec qui nous vivions en paix. Le viol de la vox populi délie les bas instincts du populus. Hélas, mille fois hélas.
Certes, je n’en disconviens pas, la démocratie a fonctionné. La démocratie représentative. Celle que tout le monde conteste perpétuellement quand elle ne va pas dans son sens. Pas grand-chose à dire sur la forme, sinon qu’il est clair que, si la démocratie s’était exercée de manière directe, par voie de referendum, Hollande serait allé se rhabiller avec sa réforme des quartiers branchés de Paris dont on n’a que faire dans le Bas-Berry ou dans les aciéries de Lorraine.
Larmes et alarme
À propos, ce même 23 avril, on apprenait la fermeture définitive des hauts-fourneaux de Florange. Ce télescopage mariage gay / abandon de la sidérurgie est un très beau symbole des espérances que certains d’entre nous avaient placées dans la « gauche ». Les gens de droite, pour qui je ne voterai jamais, ont beau jeu de rire de nous, les naïfs, qui croyions encore que gauche et droite, ce n’était pas du pareil au même. Si : c’est du pareil au même : dureté économique, corruption ; quant aux mœurs, la droite finit toujours par entériner avec une ou deux décennies de retard ce qui souffle dans la voilure de la jet-set. S’il y a des différences, elles ne sont qu’affaire de nuance. L’affaire Cahuzac a démontré et démontrera encore davantage que tous ces bons amis, cette oligarchie fort bien dénoncée par Hervé Kempf, se soutiennent, se protègent, font semblant de s’étriper devant les caméras afin d’assurer le spectacle, avant d’aller se faire une bouffe dans un restau chic et cher.
Autant d’éléments qui, Le Point a raison de le suggérer à la suite d’un journal anglais, feront de François Hollande le Louis XVI du XXIe siècle.
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