Mais qui a tué l’utopie ?
Une nation est comme un être humain : elle a le pouvoir de devenir ce qu’elle veut être. mais, comme un être humain, elle a également la possibilité d’être malheureuse, ou de se faire manipuler. Et c’est malheureusement ce qui, semble-t-il, est arrivé aux pays riches dont la France fait partie.
comme chaque être sur cette terre, nous n’avons qu’un seul but, celui de trouver le bonheur. Ce bonheur est le résultat de nombreux paramètres liés au contexte, plus ou moins favorisants, mais non indispensables. Le seul paramètre qui compte vraiment est l’intérieur de chaque homme, dans lequel il est capable, à force de volonté et de courage, de parvenir au bonheur, en dépit des conditions extérieures à lui-même. comme certains sages antiques qui, poussés par la volonté de trouver ce bonheur en eux, étaient capables d’aller se perdre dans un trou perdu, ou au sommet d’une montagne glaciale, pour aller méditer dans une frugalité qui ressemblait à une misère noire. Ils étaient, disaient-ils en tous cas, heureux.
Mais les nations d’aujourd’hui, selon la théorie des "générations descendantes", sont arrivées à croire que désormais, sous prétexte d’avoir vécu la guerre, la faim et l’oppression, elles étaient arrivées au sommet de la civilisation, au summum de la réussite, et qu’elles ne pourraient jamais tomber du piédestal où elles se croyaient juchées pour toujours... elles ont donc cessé de rêver à un monde meilleur, et ont fini par se satisfaire de leur sort en se croyant tout simplement au comble du bonheur.
Pourtant, le bonheur dont elles se targuent est aussi illusoire que le bonheur fugace d’un dépressif qui, sitôt après ce qu’il croit être sa rémission, replonge tête baissée dans le cycle infernal d’où il vient. Les hommes de notre civilisation sont dépressifs, et comme les nations ils se trompent eux-mêmes en croyant que l’état dans lequel ils sont plongés ne peut s’améliorer, surtout au regard du malheur des autres, qui semble bien plus profond que le leur propre.
tellement conditionnés dans leurs visions du monde, les hommes ont appris à confondre le rêve avec la réalité, et la réalité avec le rêve. Ce qu’ils voient ils le croient vrai, et ce qui est vrai, ils le croient irréel. ils ont cessé de rêver leur vie, et ils vivent leur vie comme dans un rêve. Mais ce rêve tend inévitablement, du moins pour la plupart, à se transformer en cauchemar bien réel : à force de rêver le bonheur à travers l’argent, l’homme finit par ne trouver ni l’un ni l’autre. Les nations, elles-aussi, se trompent dans leur chemin. Victimes de leur propre propagande, elle ont fini par croire elles-aussi que leur bonheur résidait dans l’accumulation de richesses, et ont tout misé sur le sacro-saint "PIB".
Mais l’utopie n’est pas le rêve. l’utopie est plus grande que le rêve, plus grande que la réalité elle-même. Car elle engage la notion de "volonté", qui est le véritable socle de la liberté. L’utopie est un rêve auquel on croit, et pour lequel on exerce sa liberté, sa volonté, pour la réaliser.
Churchill disait : « Tout le monde savait que c’était impossible à faire. Puis un jour quelqu’un est arrivé qui ne le savait pas, et il l’a fait. »
La nation, les nations ont tué l’utopie dans le coeur de leurs peuples, et même dans leur propre coeur. A force de faire croire aux misérables que seul l’argent était capable de leur faire atteindre le bonheur, elles ont fini par le croire elles-mêmes... si bien qu’aujourd’hui, nous en sommes rendus à nous demander si des Etats peuvent faire faillite, et bientôt de savoir si les populations constituant ces Etats peuvent désormais « appartenir » à leurs créanciers.
Lorsque je constate le nombre de dépressifs, de mal heureux, de pas heureux, et l’état de l’Etat, je suis effrayé. Tous se jettent sur l’argent comme s’il allait leur apporter le bonheur, et personne n’imagine un instant que c’est justement cette course qui leur a fait perdre de vue ce qu’était le bonheur. Au lieu se demander ce qu’on fera de cet argent gagné pour notre bonheur, on préfère concentrer toutes ses forces, toute sa volonté dans la quête de l’argent en oubliant de se concentrer sur le bonheur. Cette manière de penser est induite, contrainte par le fonctionnement du système, mais la libre volonté permet de vaincre bien des obstacles. Car une fois le doigt mis sur le bonheur qu’on se promet, le chemin devient ce bonheur. Quand on sait où on veut aller, peu importe le chemin : même si on arrive pas au bout, on avance le coeur joyeux : on fait ce qu’on veut.
C’est ce qui manque aujourd’hui aux nations, ainsi qu’aux hommes : la volonté. Ne sachant pas où ils vont, ils préfèrent que rien ne change. En considérant les utopies comme des rêves, ils ont tué la volonté qu’il y avait dedans. Pour eux, pas possible de revenir en arrière, ni de prendre un autre chemin. Pourtant, n’est-il pas pire de s’enfoncer dans un chemin que l’on sait ne mener nulle part ? ne sait-on pas où l’on veut aller ?
La quête du bonheur à travers l’argent a tué l’utopie, et en même temps l’idée même du bonheur. La volonté des nations s’est perdue en considérant ce bonheur comme un rêve, et ceux qui rêvent au bonheur ont perdu la volonté utopique. C’est pourtant cette quête, et elle seule, qui permettra de retrouver le bonheur. En osant l’utopie, en se détachant des liens qui nous enchaînent au rêve sans substance, au « moindre mal », nous avons la capacité, tous ensemble et chacun pour lui-même, et par la force de notre volonté, de construire autre chose que ce qu’on nous a vendu comme ersatz de bonheur. Cela peut prendre du temps, et demande beaucoup de volonté, mais comme je le disais, le bonheur est dans le chemin qui y conduit.
Caleb Irri
http://www.calebirri.unblog.fr
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