Marseille : les secrets de la propreté
Avec 149 euros par habitant, la taxe des ordures ménagères de Marseille est l’une des plus élevée de France… Pourtant, la ville est sale. De quoi inquiéter les acteurs de la cité phocéenne qui redoutent de voir Marseille 2013 se transformer en Marseille capitale des immondices. News Of Marseille est allé recueillir les explications et propositions de chacun pour endiguer ce fléau. Décapant !
Des trottoirs propres sans crottes de chiens ou encombrants sauvagement abandonnés, des arbres sans sacs plastique nichés dans leurs branches… Tel est l’environnement dont rêve un Marseillais, telle est la carte postale fantasmée par les futurs touristes de 2013 au moment où Marseille revêtira son costume de Capitale européenne de la culture !
Une belle utopie puisque la réalité est tout autre : « Marseille est toujours sale », avait lancé Renaud Muselier, président du groupe UMP à la CUM (Communauté Urbaine de Marseille) lors de la dernière augmentation de la TEOM (Taxe d’enlèvement des ordures ménagères). Réunions de CIQ, débats, ou sites protestataires… Les initiatives de la population se multiplient pour dénoncer « le comportement de certains Marseillais » et le « dysfonctionnement des services publics », comme l’affirme les acteurs de ce nouveau blog Marseillepoubelle2013 qui se veut aussi être force de proposition.
La colère des Marseillais est d’autant plus grande après la publication, en octobre dernier, de l’étude de l’UFC Que Choisir qui dénonce la cherté de la TEOM. 149 euros, par an et par habitant, contre 70 euros pour la ville de Lyon ! La ville détient l’un des impôts les plus chers de l’Hexagone. Un record dont les Marseillais se seraient bien passés… La gestion des ordures manque de transparence, selon l’association de consommateurs qui réclame la mise en place d’indicateurs précis pour suivre l’utilisation de cet argent public. Si le nouvel incinérateur de Fos est l’un des motifs de ce montant élevé, certains s’interrogent sur l’efficacité du système de propreté à Marseille.
Cantonniers et rippers au cœur de la tourmente
A Marseille la mission de propreté se divise en deux secteurs. D’une part le ramassage des ordures opéré par quelque 600 rippers qu’embauche la CUM depuis le transfert des compétences de la ville à cette jeune collectivité. Second secteur : les cantonniers. Environ 190 agents sont chargés de balayer les rues. Ces activités sont essentiellement publiques, sauf pour les quartiers Nord où le service est délégué au privé, à la société Bronzo, filiale de Veolia.
Mégots de cigarettes jetés dans la rue, matelas abandonnés sauvagement sur un trottoir ou autres déjections canines… « La propreté passe d’abord par une prise de conscience citoyenne des Marseillais […] qui ont un esprit un peu latin de laisser-aller » note Patrice Ayache, secrétaire général adjoint du syndicat FO, syndicat majoritaire dans les services de la ville.
Aujourd’hui les services publics sont clairement pointés du doigt. C’est d’abord le conseiller communautaire UMP Yves Moraine qui a jeté un pavé dans la marre. Le membre de la cellule de crise mise en place par la CUM pour éradiquer la saleté, propose de « privatiser les cantonniers » puisque « ce métier ne semble pas être fait pour être exercé par le public ».
La bombe est lâchée ! Le sacro-saint modèle public est remis en cause au grand jour par un élu… de droite ! Alors qu’il n’y a pas si longtemps, d’indomptables langues affirmaient que FO et la mairie n’avaient de cesse de copiner… Yves Moraine affirme que « les rues ne sont pas bien balayées » et évoque la difficulté de « sanctionner » certains agents publics qui bâcleraient leur travail. « On peut passer un contrat avec une entreprise privée […] Nous exercerons le contrôle nous-mêmes, si le travail n’est pas bien fait la première pénalité ce sera 100 € et la deuxième 200 €… Et là, vous introduisez la notion de contrôle, la notion de pénalité ».
La sanction dissuasive serait garante d’un travail bien fait ? Pas pour Michèle Poncet-Ramade, présidente des élus d’EELV (Europe Ecologie Les Verts) à Marseille qui voit dans cette annonce « une démission ». « Nous avons déjà à Marseille délégué l’eau à la société Veolia, les parkings à la société Eiffage et les parcmètres à la société Q-park ! Tous ceux qui pourraient faire rapporter de l’argent à la municipalité sont délégués à une société privée qui fait des bénéfices ! ». La ville doit prendre ses « responsabilités » et « contrôler » son service public.
Certains écologistes marseillais, qui ont joué il y a quelques semaines les Sherlock Holmes à la décharge de la ville, incombent la saleté essentiellement au « fini-parti ». Cette méthode qui permet aux éboueurs, une fois leur tâche finie, de rentrer chez eux. Et les élus ne sont pas les seuls à avoir ce système dans le collimateur : le tribunal administratif examine actuellement un recours déposé par l’avocat Benoît Candon, qui estime que le « fini-parti » accordé par MPM est tout bonnement illégal !
« Nous sommes allés devant le centre de déchets et nous avons noté l’heure de départ des bennes et leurs plaques d’immatriculation. Pour la tournée du soir, le temps de ramassage n’est pas respecté. Les bennes qui partent à 21 heures et qui devraient revenir à 2 heures du matin, reviennent en fait à 23 heures ! », s’insurge la présidente des élus d’EELV. « La durée de la collecte n’est pas de 5 heures mais de 2 ou 3 heures ! »
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Coralie Mollaret - News Of Marseille
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