Masculin/Féminin : la loi du genre partie II
XX, XY, comment devient-on un homme ou une femme ? Qui gouverne la construction de notre identité sexuelle : Nos gènes ? Nos hormones ? La société ? La famille ?... Simone de Beauvoir avait-elle raison lorsqu’elle écrivait : « on ne naît pas femme, on le devient » ? Les hommes d’aujourd’hui ne s’interrogent-ils pas sur leur identité profonde ? Sauf accident, tout individu obéit aux lois de la génétique et de la physiologie qui créent, dans notre espèce, des mâles et des femelles. Mais au-delà, le regard de nos parents, de la société tout entière, nous façonne dans notre intimité. Et si la différence des sexes structure la pensée humaine, peut-on changer les rapports du masculin et du féminin ? Que disent désormais les sciences sociales, humaines et les sciences du vivant de cette construction ? Ce séminaire tentera de démêler les fils de notre masculinité et de notre féminité.
Séminaire placé sous la direction de Françoise Héritier, anthropologue, Collège de France.
Partie II : "Garçons/filles : quelles différences ?
Catherine Vidal Neurobiologiste, directrice de recherche à l’Institut Pasteur de Paris, membre du Comité scientifique « Sciences et Citoyen » du CNRS et du Conseil d’administration de l’Association « Femmes et Sciences ».
Le cerveau a-t-il un sexe ? « Il n’y a pas de réponse simple à cette question, parce que le cerveau n’est pas un organe comme les autres, puisque c’est le siège de la pensée. À ce titre, le cerveau est à la fois un organe biologique et un organe culturel. En fait, derrière la question du sexe du cerveau, se profile celle, fondamentale, de déterminer la part de l’inné et de l’acquis dans les comportements humains. Dans ce débat, science et idéologie sont intimement liées. Idées reçues et fausses évidences prolifèrent. Les femmes, nous dit-on, seraient de par leur « nature biologique » bavardes et incapables de lire une carte routière... Les hommes, eux, seraient naturellement bons en maths et menteurs... Je me propose de replacer le débat autour de la différence des sexes sur un terrain scientifique rigoureux, ce qui va nous permettre de distinguer, d’une part, les faits scientifiques dans leur réalité et, d’autre part, leurs interprétations, hélas trop souvent abusives. »
Stéphanie Barbu, maître de conférences, Unité mixte de recherche éthologie, évolution, écologie, CNRS-Université de Rennes 1
À quoi jouent les petits garçons et les petites filles ? « Qui observe de jeunes enfants dans une cour de récréation ou un jardin public constate bien vite que leurs jeux s’organisent au sein de groupes pour la plupart unisexués et autour d’activités différentes pour les filles et les garçons. On peut alors se demander : à partir de quel âge et comment se manifestent les conduites sexuées des enfants, notamment dans le choix des partenaires de jeu et dans le choix du matériel et des activités de jeu ? Pourquoi observe-t-on ces différences entre les filles et les garçons ? Quel est le rôle de l’entourage social ? Quel est le rôle de l’enfant dans sa propre construction en tant que fille ou garçon ?
Les enfants commencent à privilégier les interactions avec des pairs de même sexe au cours de la troisième année. Avec l’âge, les enfants passent de plus en plus de temps en groupes de jeu unisexués. La préférence des enfants pour des pairs de même sexe est largement orientée par la recherche active de partenaires dont les activités de jeu et les conduites sociales sont similaires aux leurs, permettant l’engagement dans des interactions plus soutenues et attrayantes. En effet, dès la fin de la deuxième année, les filles et les garçons manifestent des préférences nettes pour des jouets appropriés à leur sexe, et présentent des conduites sociales différentes avec leurs pairs. Ces tendances s’affirment considérablement au cours de la troisième année.
La compréhension de ces différences sexuées précoces est un des thèmes qui a suscité le plus de travaux dans le domaine de la construction de l’identité sexuée. Il ressort de ces recherches que les attentes, les représentations et les attitudes adoptées par l’entourage social (adultes parents et non-parents, pairs, médias) à l’égard des filles et des garçons sont très différenciées, que ce soit dans la mise en place d’un environnement physique différent, le fait de privilégier des interactions avec un certain type de matériel, ou d’encourager certaines conduites et d’en censurer d’autres. Cependant, dans une perspective « interactionniste », les adultes agissent aussi en réponse à des différences comportementales précoces entre les garçons et les filles, par exemple dans leur motricité ou leur réactivité émotionnelle. De plus, l’enfant doit traiter et organiser les informations de son environnement, et élabore ainsi des connaissances relatives à la catégorie-sexe (les personnes, les attributs et les rôles) qui orientent ses conduites au cours du développement. L’enfant, par ses conduites et ses connaissances, est donc aussi acteur de la construction de son identité sexuée. »
Auditorium
Ressources Séminaire, mercredi 5 mai 2004, 18 h 30
Livres :
Bibliographie de C.Vidal
Source : Cité des sciences.fr
Masculin/Féminin : la loi du genre partie I cliquer ici
5 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON