Merveilleux internet !

Choisir les sept merveilles du monde par internet ? Pourquoi pas ? Déjà, il faudrait peut-être penser à classer internet parmi ces sept merveilles-là. Internet, un prodigieux instrument. Une révolution. Avec ce truc on peut tout faire, les choses merveilleuses, les trucs le plus hallucinants tout comme les pires.

Je ne vais pas, comme beaucoup de gens, contester le fait que beaucoup de monuments qui auraient pu figurer parmi ces sept merveilles (et d’abord pourquoi sept ?) n’y figurent pas comme la tour Eiffel, la statue de la Liberté, la citadelle Laferrière, l’opéra de Sydney, merveille de modernité...

Je ne vais pas non plus questionner la présence parmi ces merveilles des merveilles de certains sites comme le Colisée, le Machu Pichu, le Chichen Itza qui ne sont, à regarder de près (et même de loin), que des ruines et qui vont sûrement s’écrouler sous le poids des touristes qui vont s’émerveiller de telles merveilles qu’ils n’avaient jamais vu auparavant.

Mais je ne vais pas m’attarder sur ces détails. Ce qui importe, c’est que les nouvelles merveilles du monde soient là. Les sept merveilles d’immonde. Elles surgissent d’on ne sait où. Elles viennent de sortir de terre. C’est tout nouveau. Nous allons pouvoir rêver, écarquiller les yeux. Les touristes vont pouvoir en prendre des photos pour décorer leur chambre ou envoyer à leurs amis par MMS. Ils vont pouvoir dire qu’ils ont vu de grandes choses et en sont sortis tous étourdis. A vrai dire, ce sont les objectifs de leurs cameras qui auront vu ces choses. Eux n’y auront jetés que de brefs coups d’œil. L’essentiel, c’est de l’avoir figé sur l’objectif et s’assurer que la merveille ne s’envolera pas de sitôt. Ces merveilles, on va se les passer en boucle, se les envoyer, les mettre sur son blog, son site perso, son desktop, les commenter façon faussement intello ou vraiment débile.

Et tout ca grâce à quoi ? A quoi dites-moi ? Grâce à la plus grande merveille des merveilles, le monument mondial, le grand ordonnateur, le grand redresseur de tors, le grand faiseur et défaiseur de tout, le grand émerveilleur, la grande toile, le net, le web...

Et c’est pourquoi, je conteste énergiquement le fait qu’on n’ait pas inclu dans la merveilleuse liste, juste avant la pierre philosophale et la barbe à papa, la grande toile d’araignée mondiale, une merveille commune à toute l’humanité. Je conteste qu’on n’ait pas élu le SMS comme la plus grande trouvaille du siècle. Vive les compagnies téléphoniques et les fournisseurs d’accès à internet !

Internet, ce merveilleux instrument qui a démocratisé bien des choses qui étaient autrefois réservées à un petit groupe très restreint d’initiés comme, je le suppose, le petit comité qui avait élu autrefois les sept merveilles du monde. Aujourd’hui, c’est l’affaire de Monsieur Tout le monde et l’on ne sait pas si on doit s’en réjouir.

L’Unesco n’a pas encore dit son dernier mot dans cette affaire. Mais si cette gardienne du patrimoine mondiale devait intervenir ou sortir sa propre liste, je lui propose fortement le web, ce grand foutoir où l’on trouve de tout aujourd’hui, d’un avion supersonique à une lunette de toilette en passant par la crotte de nez de Britney Spears. Un jour, qui sait, en fouillant bien, l’on y retrouvera peut-être un président de la République.