Pour ceux-ci, la libéralisation des marchés
est la voie royale vers un monde meilleur. Laissons jouer avec un minimum de contraintes les marchés, nous disent-ils, et la vie de milliards d’êtres humains ira en s’améliorant.
Les gros méchants, ce seraient tous ceux qui s’opposent à cette grande vérité universelle.
Je ne voudrais pas avoir l’air de l’empêcheur de tourner en rond, mais quelque chose me chicote dans cette soi-disant vérité des marchés.
À qui profite la libéralisation des marchés ?
Prenons l’exemple du café, un marché libéralisé à la fin des années 1980. La valeur des exportations des pays producteurs de café a chûté de plus de 4 milliards de dollars. Cela n’a pas empêché les quatre géants du café - Nestlé, Kraft, Procter & Gamble et Sara Lee - de faire au même moment des profits de l’ordre de 17 à 26 %, nous disait Oxfam International en 2002. Résultat : 25 millions de producteurs de café en sérieuse difficulté.
Mince consolation : l’ouvrier licencié suite à une délocalisation peut siroter un café pour pas cher en feuilletant les petites annonces à la recherche d’un emploi .
Ah, ah ! Je vous surprend à tempêter contre ces pays du Sud qui volent nos jobs.
Je ne voudrais pas avoir l’air de les défendre, mais qui va refuser la super chaise made in China à moitié du prix d’ici ? Qui est prêt à payer un juste prix pour le café et les autres produits que nous achetons du Sud ? Qui est prêt à cesser de surprotéger certaines de nos productions pour donner une chance égale aux producteurs du Sud ?
Pas facile à suivre, n’est-ce pas ? Tout n’est pas condamnable dans l’immense brassage des moyens de production à l’échelle mondiale qui a présentement cours. Mais certains joueurs le sont.
Des joueurs trop puissants
Se pourrait-il que le poids des multinationales soit devenu tel qu’il enraye la mécanique du marché ?
Prenons nos cinq multinationales du café de tantôt. Ont-elles intérêt à jouer correctement le jeu du marché ? Elles font des profits, les consommateurs sont contents, que demander de plus.
Revenons à la délocalisation. Est-il acceptable qu’une entreprise fasse baisser les salaires non pas parce qu’elle est menacée de fermeture par la concurrence, mais parce qu’elle peut produire meilleur marché ailleurs et augmenter ainsi une marge de profit déjà tout à fait acceptable ?
Cela ressemble étrangement à de l’abus de pouvoir.
Et si on demandait à un Mountie d’enquêter ?