Bien sûr, la découverte des dizaines de corps dans un camion autrichien est révoltante. Sans doute par humanisme, certains prônent plus de générosité dans l’accueil des clandestins. Jean-Paul Delevoye y a joint sa voix de président du Conseil Economique Social et Environnemental.

Ouvrez, ouvrez la porte aux migrants !
Jean-Paul Delevoye a dénoncé «
les peuples (qui) se crispent sur le rejet de l’autre (…) l’égoïsme national, le racisme ». Il a dénoncé la charité déclinante des Français,
dont 64% se disaient favorables à accueillir les réfugiés du Kosovo en 1999, 54% les chrétiens d’Irak en 2014 et 32% en 2015, et la construction des murs aux Etats-Unis,
en Hongrie ou Israël. Et les Etats étant impuissants face à la libre-circulation des capitaux, des marchandises ou des hommes, il appelle à un meilleur logement des clandestins, soutient que «
nous sommes tous responsables les uns des autres », que le Liban a accepté d’accueillir l’équivalent de 30% de sa population en réfugiés et «
parce que les Etats ne maitrisent plus leurs frontières, il faut donc gérer les flux ». Veut-il donc accueillir 20 millions de clandestins en France ?
Plus d’ouverture, c’est plus de morts
Même si Jean-Paul Delevoye soutient que « la dimension de la condition humaine est universelle, son avenir est la solidarité », le problème est que son attitude et ce qu’il suggère de faire est directement responsable des trop nombreux morts des dernières années. Même si cela est sans doute un peu dur à entendre pour certains, c’est parce que les frontières sont poreuses ou inexistantes, et que les pays européens accueillent de nombreux clandestins que beaucoup tentent leur chance, au péril de leur vie. Si les frontières étaient bien plus hermétiques et que les clandestins étaient rapidement renvoyés dans leurs pays, alors ils ne tenteraient leur chance. Et ainsi, il y aurait beaucoup moins de morts. Il est paradoxalement sans doute plus humaniste d’être plus ferme, comme on pouvait le soutenir sur Lampedusa.
Mais il y a beaucoup d’autres éléments gênants dans le discours de Delevoye. D’abord, quel mépris hautain envers un peuple jugé stupide (par rapport aux «
populations locales plus intelligentes ») égoïste et même raciste ! N’y a-t-il pas aussi une forme de remise en question de la démocratie quand on critique le fait de vouloir plaire à un électorat, outre une incroyable forme d’ingratitude pour celui qui est un ancien élu ? Et, il est aussi effarant d’entendre une personne qui voulait présider le parti néogaulliste déposer à ce point les armes devant l’impuissance des Etats ou
assigner au pays le rôle d’accueillir et soigner tous les clandestins qui voudraient venir chez nous. Et quel paradoxe enfin de réclamer une telle solidarité alors que le système économique que nous construisons est, en réalité, la loi de la jungle.
Ce faisant, Jean-Paul Delevoye en dit long sur ces élites qui acceptent les barbaries économiques de notre époque (dont sont victimes
éleveurs et
taxis) mais qui semblent s’acheter une conscience en réclamant un accueil plus systématique et confortable des clandestins.