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Accueil du site > Actualités > Société > Mon très cher bac, un vrai gâchis !

Mon très cher bac, un vrai gâchis !

Créé en 1808, le baccalauréat est un diplôme du système éducatif français qui a la double particularité de sanctionner la fin des études secondaires et d'ouvrir l'accès à l'enseignement supérieur. Il constitue le premier grade universitaire.

Cet examen national comprend neuf à dix épreuves obligatoires, écrites et orales, ainsi que des épreuves facultatives.La proportion de bacheliers sur une génération est passée de 3 % en 1945, à 25 % en 1975, pour atteindre 77,5 % en 2012.

À la session 2012, 650 000 candidats se sont présentés aux baccalauréats généraux, technologiques et professionnels en métropole. Sur 100 bacheliers, 50 ont un baccalauréat général, 23 un baccalauréat technologique et 27 un baccalauréat professionnel.

Le problème est que ce monument national, complexe à mettre en œuvre, coûteux au niveau financier (à cause de la désorganisation du système éducatif qu'il impose), est totalement inutile car ses résultats ne sont pas utilisés pour l'orientation à l'université et pour l'affectation dans les filières dites sélectives. Un gâchis gigantesque d'énergie et de finances publiques qui se prolonge à l'université avec un taux d'échec en licence de l'ordre de 62 % et 50 % d'abandons en première année dus à une mauvaise orientation.

UN COUT TRÈS ÉLEVÉ

Un article du Monde de ce 10 juin révèle le coût réel du baccalauréat : 1.5 milliards d'euros pour 650 000 candidats soit 2 200 € par candidats. Si le coût direct n'est que de 75 millions et de 16 millions pour les épreuves en cours d'année, c'est le coût dû à la suppression des cours pendant trois semaines en juin qui plombe le budget : Le SNPDEN (syndicat des personnels de direction) estime à 1434 millions le poids des cours non assurés mais bien payés aux enseignants. De plus, tous les élèves des classes de seconde et de première , voire les collégiens dans les cités scolaires, sont priés de rester chez eux à partir de la mi-juin. il faudrait aussi y ajouter les frais supplémentaires que les familles sont quelques fois incitées à faire pour occuper leurs jeunes adolescents.

La complexité de l'examen avec plus de 57 langues évaluables, un nombre d'épreuves facultatives en perpétuelle augmentation, de nouvelles épreuves chaque année, sont aussi la cause de ces dépenses, en augmentation d'année en année, pour un examen inutile et injuste.

UN EXAMEN COMPLEXE ET INIQUE

1° Un Examen beaucoup trop long.

C'est dès le mois de mars de l'année précédente que commence ce long marathon du baccalauréat avec l'épreuve de Travaux Personnels Encadrés ( TPE ). Puis, en juin de la même année, ce sont deux épreuves anticipées : le français , Histoire-Géographie ou Sciences. Dans l'année terminale c'est à partir de mars que commence le défilé des épreuves facultatives du Latin à l'équitation, du gallo au Berbère-rifain, du Tuba à la danse moderne. Enfin viennent les épreuves obligatoires, 7 à 8 épreuves écrites aux coefficients et à la durée différents ( de 9 pour la spécialité à 2 pour l' EPS ). Ensuite en cas de résultats médiocres (entre 8 et 10 de moyenne ) viennent deux oraux parmi les épreuves écrites du premier groupe.

2 ° Examen inique.

  • Des résultats biaisés par les épreuves facultatives.

Si le candidat est bien né, il peut ajouter aux épreuves obligatoires, 2 épreuves facultatives dont seuls les points supérieurs à 10 seront totalisés. La première est de coefficient 2, s'il s'agit d'une langue ancienne le coefficient est de 3 . Ainsi avec le latin en premier choix et l'équitation en second, un candidat de la série S, avec 18 à ces deux épreuves, peut ajouter 32 points à son total, ce qui peut faire un point de plus sur la moyenne et permettre ainsi de décrocher la mention "Très Bien", sésame pour être dispensé de l'écrit à l'entrée à Sciences Po par exemple.

  • Des coefficients forts différents

Enfin la différence importante entre les coefficients ( de 2 à 9 ) peut être à l'origine de stratégies qui conduisent à ne pas préparer certaines épreuves, jugées de moindre importance par certains candidats. Ainsi on peut avoir la Mention "Très Bien" au baccalauréat en étant incapable d'écrire correctement en Français ou d' articuler un mot en Anglais.

UN EXAMEN DONT ON SE MOQUE DES RÉSULTATS

Les résultats du baccalauréat sont affichés la première semaine de juillet, mais la décision de placement de la procédure "admission post-bac " (qui se charge de la sélection et de l'affectation des élèves des classes terminales depuis le mois de mars), sont connues, par la plupart des élèves, tout au long du mois de juin , quelquefois pendant les épreuves écrites, ce qui peut être très perturbant pour le candidat. Comme une formalité administrative, le titulaire du diplôme tant convoité n'a plus qu'à transmettre le relevé de notes du baccalauréat à l'institution de l'enseignement supérieur dans laquelle il aura été préalablement admis .Le choix des établissements supérieurs et l'admission n'intègre à aucun moment de la procédure les résultats du baccalauréat. Ce sont seulement les bulletins scolaires et les appréciations des équipes pédagogiques de l'établissement d'origine du candidat (aux critères d'évaluation forts différents d'une équipe à une autre), qui sont étudiés par les commissions de sélection qui ont lieu d'avril à fin mai. La sélection et l'orientation des élèves ne dépend donc pas d'un examen terminal, elles dépendent beaucoup du lycée d'origine et de sa réputation.

La formidable base de données des résultats du baccalauréat, examen national, ne sert strictement à rien et n'est exploitée par aucune institution d' aide et d'orientation des élèves de terminale. Ainsi le profil de deux titulaires du baccalauréat avec mention "Très Bien" peut être fort différent, le premier avec 19 en Mathématiques, 18 en Physique et 8 en Français est très différent du second bachelier avec 16 de moyenne dans l'ensemble des épreuves. L' orientation des futurs étudiants devrait pouvoir intégrer ces nuances dans les résultats.

Examen coûteux, inique, complexe à organiser et inutile, telles sont ses caractéristiques. Faut-il le supprimer ? Peut-être seulement réfléchir à des simplifications, un repositionnement dans l'année et enfin à une réelle exploitation par les procédures d'orientation et de sélection .

VERS UN EXAMEN PLUS SIMPLE, PLUS JUSTE ET MIEUX POSITIONNÉ.

Voici quelques suggestions pour à la fois revaloriser le rôle du baccalauréat dans la procédure d'orientation, de sélection et d'affectation en enseignement supérieur.

Limiter à 4 épreuves écrites de 4 heures : trois dominantes suivant les séries et une épreuve commune ( culture générale regroupant le français, la philosophie et l'Histoire-géographie), de même coefficient, organisées sur 2 jours autour du 15 avril. Les épreuves sont corrigées et les résultats intégrés dès le début mai à la procédure pots-baccalauréat. Les résultats en Langues vivantes et en EPS sont évalués en contrôle continu. Les épreuves facultatives sont supprimées. Un résultat inférieur à 8/20 dans une des 4 matières est éliminatoire Une deuxième session est organisée en septembre pour les candidats éliminés à la première session . Toutes les épreuves anticipées sont supprimées.

Au cours des mois de mai et juin , les cours continuent pour tous les élèves. Les élèves des classes terminales, pendant que la procédure d'orientation et de sélection se déroule, préparent une épreuve de synthèse avec les travaux personnels encadrés ou un projet terminal pour le baccalauréat professionnel, sur un thème qui est en rapport avec les études supérieures choisies ou le métier préparé. Une soutenance devant un jury, à la fin juin, donnerait lieu à une évaluation complémentaire.

Ces quelques mesures simples à mettre en œuvre redonneraient à cet examen national toute sa valeur, tout en étant économe des deniers de l’État et en contribuant à une meilleure orientation des bacheliers.

Combien de temps faudra-t-il attendre avant que le baccalauréat retrouve son originalité ? " être le diplôme du système éducatif français qui a la double particularité de sanctionner la fin des études secondaires et d'ouvrir l'accès à l'enseignement supérieur. " Ministère de l’Éducation Nationale.


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10 réactions à cet article    


  • taktak 14 juin 2013 11:45

    Au surprise, les proviseurs veulent du contrôle continu. C’est vrai que c’est le pendant de leur demande de 100% d’autonomie, pour pouvoir accroitre leur pouvoir de soit disant chef d’entreprise.
    Pour le coup, leur calcul est stupide, parceque dans le cout du bac, il faut aussi intégrer la préparation au bac (les examen blanc etc...) ? a raison de 2 fois une semaine par an pendant 3 ans. Allez 3 milliard le bac !

    que ne ferait on pas pour supprimer un diplôme national, obtenu via un examen identique pour tous, qui est la première condition de notre système de mérite républicain.

    Alors on va me répondre que ce système est mité de toute part. Il serait peut être pertinent de rétablir le bac dans ce qu’il a de juste et de formateur, plutôt que de vouloir niveler par le bas comme le propose l’auteur (contrôle continu) en brisant au passage l’égalité du diplome.


    • Karol Karol 14 juin 2013 12:18

      vous avez mal interprété mon propos. C’est bien la situation actuelle qui laisse libre cours aux évaluations « maison » pour la sélection et l’orientation dans l’enseignement supérieur. Je préconise un examen national avec quatre épreuves de 4 h. dont trois dans les dominantes de la série et une transversale de culture générale. Simplement au lieu de le repousser à la fin juin je le positionne à un moment où les résultats peuvent être utilisés pour l’orientation post-bac.
      Il s’agit bien de réévaluer ce diplôme et non de le supprimer comme vous l’affirmer.


    • Ardant 14 juin 2013 17:45

      Mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué. C’est la spécialité française, non ?


      • voxpopuli voxpopuli 14 juin 2013 18:51

        Le vrai problème aujourd’hui , ce n’est pas l’organisation du bac ou son coût mais le niveau requis pour obtenir le diplôme , autrefois , il indiquait aux lycéens leur aptitude à mener des études supérieurs mais avec le politique du chiffre visant à augmenter sans cesse le pourcentage de réussite , le niveau a lui constamment été revu à la baisse , voilà ce qui explique un si fort taux d’échec dans les études supérieurs , lors de mon arrivée à la fac de droit il n’y a pas si longtemps , le discours avait été sans équivoque dès la rentrée : « durant la première année nous allons faire le ménage qui n’a pas été fait avant » . 


        • viva 14 juin 2013 19:21

          Bien que criticable, le bac est aussi un passage initiatique, une vrai raison d’être fier de soi pour un bachelier. Une compétition saine qui nécessite un effort important au niveau du travail et de la préparation à l’existe.


          Voila de nouveau une belle réussite républicaine, saine qui par dévoiement est menacé de disparition.

          La raison économique avancé en raison du soi disant coût est une niaiserie sans nom, un gestionnaire qui calculerait ainsi serait viré de toute entreprise qui veux vivre.

          Non, la raison est l’alignement avec le système anglo saxon sous la forme de nouvelles normes, complètement contraire à notre culture et a ce qui a permis à la France de rayonner dans le monde entier.

          De plus en plus ces sujets imposés finissent de poser une question, faut il scinder ce pays ?

          • Filou49 14 juin 2013 21:50

            Je ne comprends pas très bien le lien entre langues vivantes et l’EPS !!!!! Il faudrait m’expliquer !!!!

            Le bac coûte certes cher, mais il faut peut être investir pour l’avenir. 
            Il faut rappeler que la France est loin d’être le pays qui investit le plus pour l’avenir et sa jeunesse (cela se mesure en % du PIB). Que veut-on ? : faire des économies. OK.
            ll y a moyen d’en faire : par exemple en limitant le déplacement des enseignants pour faire passer les examens. Etant moi-même enseignant en lycée et en post-bac, j’aurais fait ce mois-ci 2500 km en voiture pour les examens (frais que j’avance et qui me seront remboursés dans au moins 4 mois !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!). Je ne parle pas des frais d’hôtel et de restauration. 
            L’article contient certaines perles : 2 mentions TB n’ont pas forcément la même valeur !!! Visiblement , l’auteur de l’article n’y connaît rien !!!!!!!!!!!!!!!!! Mention très bien sans savoir aligner 2 mots ! FAUX !!! En Terminale S, la somme des coefficients des matières non-scientifiques représente plus du tiers de la note globale. Faites le calcul ! Une mention TB correspond à une moyenne de 16/20. Impossible de l’atteindre sans de bonnes notes en philo, histoire, français, LV 1 et 2.

            Dans d’autres pays, le bac est plus simple, l’Allemagne par exemple. Et que se passe-t-il en ce moment ? Une tendance à se rapprocher du bac français qui n’est vraiment pas le pire d’Europe ;

            • Karol Karol 15 juin 2013 09:17

              Il n’y a pas de lien. Je propose tout simplement l’évaluation en EPS et en LV en contrôle continu, ce qui est partiellement le cas.
              En ce qui concerne la mention TB, je maintiens parce que je l’ai vécu on peut avoir une mention TB avec un 20 en Maths, 19 en PC, et ...un 6 en français écrit avec des points supplémentaires grâce aux épreuves facultatives.
              Enfin c’est bien la situation actuelle qui marginalise le bac car encore une fois les résultats de cet examen national ne sont pas exploités pour l’orientation dans l’enseignement supérieur et je maintiens qu’un examen trop complexe neutralise l’évaluation globale du candidat.


            • Filou49 14 juin 2013 22:38

              Il faut ajouter qu’une réforme est en cours : de plus en plus d’épreuves se déroulent en CCF, cad en interne. Les coûts sont ainsi réduits : cela concerne les langues vivantes pour les épreuves de compréhension et d’expression orales (pour les BAC et les BTS). 


              • viva 14 juin 2013 23:52

                Si l’on a sur ce terrain tout coûte cher, faire des économies sur un diplome qui date du 13 ème siècle est-ce une bonne idée ?


                C’est en pan entier de notre histoire qui serait passé aux oubliettes, n’oublions pas que ce diplôme a formé les élites de notre nation durant plus de 7 siècles. 

                Il est devenu moins élitiste, faut il pour autant le supprimer ? Il y a un rapport certain entre le fait que bac ait été ouvert à des personnes d’origine et la volonté d’y consacrer moins d’argent ?

                Raison à l’envers si le baccalauréat était toujours un diplome à l’usage unique des plus fortunés, serait il envisagé de faire des économies sur cet examen ? 

                Facile de répondre à cette question, c’est non ...

                Donc, chacun voit midi a sa porte mais en cette période troublée tout a du sens.

                • viva 14 juin 2013 23:58

                  Si l’on va sur ce terrain tout coûte cher, faire des économies sur un diplôme qui date du 13 ème siècle (et oui, l’auteur le bac ne date pas de 1808 ) est-ce une bonne idée ?


                  C’est en pan entier de notre histoire qui serait passé aux oubliettes, n’oublions pas que ce diplôme a formé les élites de notre nation durant plus de 7 siècles. 

                  Il est devenu moins élitiste, faut il pour autant le supprimer ? Il y a un rapport certain entre le fait que bac ait été ouvert à des personnes d’origine plus modeste et la volonté d’y consacrer moins d’argent ?

                  Raisonnons à l’envers si le baccalauréat était toujours un diplôme à l’usage unique des plus fortunés, serait il envisagé de faire des économies sur cet examen ? 

                  Facile de répondre à cette question, c’est non ...

                  Donc, chacun voit midi a sa porte mais en cette période troublée tout a du sens.

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