Neuromarketing, du nouveau dans nos cerveaux

Les neurosciences progressent à pas de géants, merci pour elles. « D’ici dix ou vingt ans on n’aura plus besoin de l’IRM, l’activité électromagnétique du cerveau sera détectée par de simples capteurs.
Le neuromarketing, explique le spécialiste de neurobiologie humaine Olivier Oullier au début de cette enquête, « c’est l’utilisation, des techniques de neurosciences en complément des techniques classiques de marketing. On va essayer de voir comment le cerveau réagit face à des nouveaux produits ou à une campagne publicitaire ou à l’annonce d’un nouveau film, par exemple. »
L’idée est de comprendre notre subconscient. Pour quoi faire ? Pour que nous devenions des consommateurs dociles. Ce que le marketing n’a pas totalement réussi à faire, le neuromarketing y parviendra-t-il ? Les neurosciences, qui peuvent nous soigner, sauront-elles nous influencer ?
Aujourd’hui tout un business générant des milliards de dollars existe autour de la connaissance du cerveau. On peut disséquer ce dernier grâce à l’IRM avec une résolution millimétrique. Ces techniques qui nous permettent d’observer les processus inconscients qui déterminent nos comportements, nous permettent d’interroger le cerveau du consommateur et de lui demander ce qu’il veut vraiment », explique Gemma Clavert, co-fondatrice de Neurosense, société leader dans les neurosciences du consommateur.
Petit retour en arrière : il y a une éternité, les objets étaient rares, fabriqués à la demande, le marché restait local et la concurrence n’existait pas, rappelle l’enquête diffusée ce soir sur Canal.
« Il y a des gros problèmes avec les techniques de marketing classique. Les questions peuvent être biaisées, les groupes de discussion peuvent être phagocytés par un personnage qui prendrait le pouvoir sur les autres d’un point de vue mental, par exemple. L’avantage qui est vendu par les gens qui font du neuromarketing, c’est de ne pas passer par la verbalisation. On ne demande pas aux gens ce qu’ils pensent.
On leur demande juste ce qu’ils ressentent à l’énoncé d’une marque. Si on demande aux gens on n’a jamais la bonne réponse, souligne A.K.Pradeep, PDG de Neurofocus. C’est pourquoi nous mesurons en profondeur, dans le subconscient, là où la marque est vraiment inscrite ».
Nos conduites ne sont pas dictées par la raison, mais par l’émotion, pour une grande part. La plupart du temps, nous n’en avons pas conscience et justifions nos choix, a posteriori, par la raison. Martint Lindtsröm, expert en marketing, auteur du best-seller mondial Buyology, à ce jour la plus vaste étude de neuromarketing, affirme qu’à 85% « ce que l’on fait tous les jours est irrationnel.
Ces dernières années, le milieu de la publicité a totalement négligé nos émotions, principalement parce qu’on en savait pas la mesurer. En ce moment de plus en plus de société de neurmarketing se placent sur le marché en prétendant savoir mesurer ce qui motive les choix du consommateur.
Or religion et marques possèdent un point commun très fort : la fidélité. La pub c’est de l’évangélisme. Martin Lindström : « Une église c’est comme un show room. Le logo c’est la croix. Une église laisse les gens répandre sa parole. Devinez quoi ? Les marques font la même chose maintenant ».
Et le sexe dans tout ça ? Eh bien il ne fait pas vendre. Il ne fait plus vendre, plutôt. Parce que le sexe est envahissant. Quand on pense au sexe on ne pense pas à la marque. Et puis le sexe a complètement perdu sa dimension mystérieuse, de nos jours. C’est devenu un produit de consommation courante.
Pour le neuroscientifique Olivier Oullier, « l’idée même qu’il y aurait un bouton pour n’importe quoi dans dans le cerveau est une réduction de notre système le plus complexe. Le cerveau c’est l’organe le plus compliqué, à la fois dans sa structure et dans son fonctionnement. Penser qu’on aurait une bosse du crime ou un bouton d’achat est scientifiquement faux. Par contre, c’est un bon argument marketing... Malheureusement pour les neuromarketeurs, et heureusement pour nous autres consommateurs, le cerveau est loin d’être décrypté ».
On sort donc de ce documentaire rasséréné. Aucun neuromarketeur n’a encore trouvé la formule magique, la pub qui marche à 100% grâce aux neurosciences. Olivier Oullier : « tout ce que nous savons sur le cerveau est surestimé par les investisseurs et les industriels ...les neuromarketeurs s’intéressent à ces techniques car ils se disent « ah voilà un "décisiomètre" et je vais pouvoir manipuler tout ça.
Mais demain ? Marcel Just, neuroscientifique de l’université de Pittsburg n’est pas très optimiste. Ses recherches font avancer la science et permettront peut-être de soigner des pathologies comme l’autisme. Mais qui sait si elles ne serviront pas à d’autres fins ?
Crédit image : forum tf1
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