Note ton prof 2.0 vs cyberbullying
Contenir le potentiel explosif du web2.0 appliqué à la traditionnelle critique de professeurs, mission impossible ?
La qualité d’un enseignant est une information capitale. Dans les métiers de service, on le sait, la réputation est un élément différenciant car le coté immatériel de la prestation rendue empêche, à tort ou à raison, de juger sur des éléments matériels comme le taux de défauts sur pièces produites en usine.
Or, l’instituteur, l’enseignant, le professeur exercent un métier dont le feedback intéresse, au moins, cinq publics différents :
- les parents d’élèves, légitimement angoissés par l’enseignement que reçoivent leurs parents
- les élèves, qui s’ils ne sont décisionnaires en rien, font malgré tout partie des facteurs clef de réussite ou d’échec du dispositif enseignement
- les contribuables, qui, après tout, en France, ne font que payer pour ce qui n’est que le premier poste de dépense de l’Etat
- le manager de l’école, au sens très large, qu’il soit décisionnaire (le directeur d’école de commerce, le responsable de centre de formation) ou non (le directeur d’école primaire, le proviseur) et sa hiérarchie (exemple : l’Éducation Nationale)
- les profs eux-même, car personne n’aime ne pas être reconnu pour ses efforts et son mérite, tout comme chacun déteste être comparé et ramené aux pires éléments de sa corporation.
Dans ce contexte, et dans le cadre de la liberté d’expression que la Constitution Française garantit encore, comment s’étonner que les gens évaluent la qualité du service dans lequel ils passent, nécessairement, 12 ans de leur vie ?
notetonprof.com, disons le tout le suite, était une idée commerciale, certes, mais une bonne idée quand même. Les entrepreneurs aussi, peuvent avoir de bonnes idées. Les anti-capitalistes n’ont certes pas à être gré du fait que le train, l’électricité ou les hopitaux ont été inventés par des inventeurs, des entrepreneurs ou des institutions religieuses et non pas par un Etat tout puissant, ceci n’en demeure pas moins vrai.
Lobby de 700 000 professeurs aidant, notetonprof.com s’est fait blackboulé par tout ce que les royaumes de France et de Navarre comptent de zentils zamis du service public.
Avoir cassé le thermomètre a t-il fait baisser la température ? Certainement pas. Tout comme la Grèce ou l’Irlande ont des problèmes budgétaires, que Moody’s ou Standard & Poor’s fassent bien leur boulot ou pas, les parties prenantes de la chaine éducative ont une opinion, qu’on le veuille ou non. D’ailleurs, l’Éducation Nationale évalue ses professeurs. Elle pourrait effectuer ce travail encore mieux plutôt que de faire du statut d’inspecteur une sorte de niche sociale à vocation d’emploi quasi fictif.
Du coup, comment s’étonner des cas de cyberbullying dont sont maintenant victimes les professeurs ?
Partant du principe que les cas de méchanceté gratuite, 2.0 ou pas, existeront toujours, un système plus sain serait justement que tout le monde ou du moins un grand nombre de gens soient invités à noter leurs profs, tout comme sur eBay, la qualité de la notation des acheteurs et vendeurs se renforce avec le nombre de transactions et d’évaluateurs.
Cela permettrait, aussi, au delà du cas de la majorité des professeurs pour lesquels les bonnes et les mauvaises opinions doivent logiquement s’équilibrer, à la fois de faire ressortir du lot les excellents profs, ceux dont on se souvient 15 ou 30 ans après que le stylo ait été reposé à la fin d’une année scolaire, et les mauvais, les violeurs, les racistes ou les non impliqués, qui eux aussi, existent.
1 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON