Orange mécanique et la castration chimique
J’ai eu l’occasion ces jours derniers de revoir le chef-d’oeuvre de Stanley Kubrick de 1971 intitulé "Orange Mécanique", qui met en scéne une bande de jeunes adeptes de l’Ultra Violence et dont le leader, condamné à une lourde peine de prison, se portera volontaire pour être soumis à la castration chimique. Film qui a dû avoir un grand prix à Cannes et qui avait choqué les spectateurs à l’époque en montrant la violence gratuite qui malheureusement semble désormais être passée dans la vie de tous les jours.
Or la castration chimique est un sujet qui est de retour sur la scène médiatique à la suite de la proposition de Nicolas Sarkozy, durant la campagne présidentielle, qu’aucun délinquant sexuel récidiviste ne puisse être relâché en libération provisoire sans devoir se soumettre à un traitement chimique volontaire. L’opinion publique française,que nos médias n’ont pas vraiment informée des avancées de la médecine dans ce domaine, n’est pas vraiment favorable à un tel traitement des délinquants sexuels et pédophiles. Par contre, le Danemark avait expérimenté depuis 1989 un traitement à base d’antiandrogènes qui avait donné de bons résultats, c’est-à-dire l’absence de récidive de violences sexuelles sur l’échantillon de délinquants suivis. Dans certains Etats des Etats Unis, elle est légale et peut être appliquée peu avant la sortie d’un détenu délinquant sexuel, à la discrétion de l’administration.
Sur le plan scientifique et expérimental, l’Inserm, notre institut de recherche médicale, a étudié les effets de deux molécules, l’acétate de cyprotérone et la leuproréline, qui réduisent la secrétion de testostèrone et provoquent une baisse du désir sexuel, dans le but de comprendre les mécanismes de déclenchement de la pulsion pédophile. Il vient de faire un appel à volontaires pour rechercher des hommes de 18 à 60 ans qui ressentent une forte attirance pour des très jeunes enfants et qui auraient suivi des traitements médicamenteux ou psychothérapeutiques sans effet sur la maîtrise de leurs pulsions. Le but est d’expérimenter sur ces volontaires pédophiles récidivistes pendant deux ans - en toute discrétion et confidentialité bien sûr - l’effet de ces molécules.
En France, la question d’une "camisole chimique" - dénomination mieux adaptée que castration chimqiue car les patients soumis à ce type de traitement retrouvent leur libido à son terme - a déjà été débattue à l’occasion de diverses lois. Depuis l’adoption de la loi de 2005 sur le traitement de la récidive, le médecin traitant - et non pas le juge - est habilité à prescrire de tels traitements après accord du patient. Encore faudrait-il qu’il sache qu’il existe des traitements éfficaces et sans effets annexes, et que les délinquants veuillent bien lui faire part de leur pulsions.
Autre argument sur ce sujet. En démontrant que la pédophilie est finalement une maladie semblable aux autres et traitable par voie médicamenteuse, ne risque-t-on pas de trouver une excuse facile, voire de dépénaliser, ces actes inexcusables ?
Je vous laisse y réfléchir...
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