Passe sanitaire contre propriété privée
Exerçons notre imagination de marxistes.
Selon la loi nouvellement votée et qui ne devrait pas subir les foudres des camarades placés au Conseil Constitutionnel, le passe sanitaire s’appliquera aux employés et aux clients. Il ne s’appliquera donc pas à l’employeur, d’autant plus que si les gendarmes vérifiaient le passe de l’employeur lui-même, cela voudrait dire qu’il ne serait pas réellement l’employeur, simplement un clerc de l’État, et qu’il ne pourrait pas prendre la première décision, celle d'ouvrir, dans l’établissement dont il est, par force et coutume, propriétaire.
Demain, je décide de devenir associé minoritaire d’un restaurant. Je me retrouve un midi à table dans ce restaurant dont je possède des parts, et je suis soumis à un contrôle de gendarmerie concernant le passe. Je présente l’extrait K et les statuts de la société, où mon nom apparaît en bonne et due forme. En toute logique, je ne suis pas verbalisable. Les gendarmes s’en vont bredouille. Je peux manger ma pizza chèvre-miel et siroter ma limonade en paix.
En prenant pour correcte la logique fofolle du gouvernement avec ses tests PCR foireux et ses injections inimmunisantes, où en est l'intérêt sanitaire ? Nulle part. En tant que personne physique, je suis potentiellement aussi contaminateur que n’importe quel autre corps présent sur les lieux.
Il y a donc encore une fois une stratégie de protection d’une certaine classe, la classe capitaliste, et non un principe sanitaire. Mais tout ça pourrait se retourner contre la classe en question, surtout quand on connaît l’amour que porte nos représentants nationaux au simulacre de communisme oriental, et la passion occidentale pour l’industrie du droit et le profit monétaire qu’il permet.
Car si demain, ce passe était exigé également pour les propriétaires des établissements, le vieux dicton « charbonnier est maître chez soi » deviendrait lettre morte. L’arbitraire du pouvoir viendrait s’exercer contre les propriétaires des établissements qu’il souhaiterait voir fermer. Gageons que ce serait un arrêt de mort pour de nombreux petits commerces, soumis à la loi des plus forts, c’est-à-dire, comme nous le savons désormais, des lobbies qui se cachent derrière les garants de la République, du Président lui-même aux conseillers municipaux, en passant par les godillots de l’Assemblée Nationale. Ne sous-estimons pas le poids de la concentration des capitaux sur les décisions d’apparence démocratique, déjà considérable avant toute la mascarade du printemps 2020. Il va s’accroître d’autant plus que les institutions vérolées n’ont aucune honte à montrer leurs pustules aux non-vaccinés. Voilà pour la propriété privée au sens commun. Si on pousse le raisonnement jusqu’au bout, l’État et le Grand Capital finissent par se confondre, l’ascenseur social tombe en panne, la propriété privée est abolie, et les privilèges demeurent.
Attardons-nous maintenant sur la propriété privée dans un sens élargi, ou au contraire, restreint : à qui appartient le corps de celui qui le déplace ? Il a souvent été dit par exemple que le salarié ne vendait pas sa personne, seulement son travail. L’ambiguïté laissée sur le principe de subordination ménage toutefois la clarté sur la question du châtiment corporel (pour l’instant). Cela est encore plus clair pour un prestataire de services exerçant à son compte, disons sous le régime micro-fiscal. Officiellement, sans lien de subordination, celui-ci vend uniquement son travail. Le passe sanitaire peut-il être opposé à une personne collaborant sous ce statut ? Si on s’en tient au texte de la loi, non. Sur le plan de l’activité de production, il ne concerne que les salariés.
D’une certaine manière, si on le considérait perdurant sous sa définition actuelle, le passe sanitaire est libérateur, parce qu’il pourrait amener à la disparition du salariat en encourageant une prolifération de personnes sous statuts d’indépendants. Autant admettre de suite qu’au vu de l’agitation des hommes de pouvoir ces dernières décennies, qui les poussent sans arrêt à secouer le cocotier pour en faire tomber le fruit et l’esclave qu’ils y ont envoyé monter pour le cueillir, ce ne sera pas ce qu’il se passera. Le passe sera étendu autant que possible. Après s’être construite sur la maxime du « laissez faire, laissez passer », la bourgeoisie se détruira en la reniant avec le passe sanitaire, car, confrontée à la défaillance de l’environnement qui ne lui permet plus de satisfaire ses appétits, elle ne peut plus la renforcer encore.
Le corps va donc progressivement être soustrait à la propriété privée de celui qui le déplace. Assujetti à la puissance d’État, son avenir ne consistera pas en une botte qui lui piétinera sans cesse le visage, ces enfantillages sont réservés aux corps fous incapables de se maîtriser, comme la fessée l’était aux enfants. Non, ce sera plutôt sabots sur sabots, toujours plus lourds, pour ralentir le pas de ceux qui vont et viennent et commercent au détriment des garants de la continuité du système, de ceux qui organisent la dépendance du corps social à leur idée de la propriété. Le pouvoir, comme une mère, n’enlève pas, mais donne, nourrit, jusqu'à asphyxie.
Les initiatives individuelles seront étouffées jusque dans la vie professionnelle au nom du maintien du fragile équilibre des ressources naturelles (derrière lesquelles on masquera bien entendu le confort et la sécurité de la classe supérieure). Ceux qui n’auront pas d’idées vivront bien. Les autres s’épuiseront de frustration. Dépossédés, assoiffés de leur propre envie de se réaliser, ils seront privés du gain élémentaire qui autorise l’épanouissement de ceux qui se sont obtenus eux-mêmes : la liberté, qui n’est ici que l’autre nom d’une volonté laissée par celui qui a voulu en premier.
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