Pillage des cerveaux et dumping social : les étudiants étrangers valent mieux que cela !
La polémique sur l’accès au marché du travail des jeunes diplômés étrangers fait la part belle à l’exagération, à l’instrumentalisation et à la déformation de la réalité. Quelques cas individuels ont bien été signalés à juste titre : ces cas ont été réglés. Mais il est faux d’affirmer que la politique du Gouvernement conduit à fermer notre pays aux étudiants étrangers. En 2011, le nombre de visas étudiants est stable par rapport à 2010, après avoir fortement augmenté depuis 2007 (46.000 en 2007, 65.000 en 2010). Mieux, le nombre de changements de statut (c’est-à-dire les étudiants étrangers qui obtiennent un titre salarié à l’issue de leurs études) augmente de 35% en 2011 !
Il n’est donc pas étonnant que les cas individuels dont la régularisation est aujourd’hui demandée, soient très éloignés du cliché de l’étudiant contribuant au rayonnement international de la France, dont nous parlent certains ! Parmi les dossiers transmis au ministère de l’intérieur, on compte les cas d’un attaché administratif dans un centre hospitalier, d’une comptable dans une PME, ou encore d’un conducteur de travaux dans une entreprise du BTP.
La France a-t-elle vraiment besoin de faire venir des étudiants étrangers pour occuper ce type de postes ? Ne peut-on pas proposer ces offres d’emploi à des chômeurs, français ou étrangers, déjà présents sur le marché du travail français ?
Ces exemples montrent bien que, sous couvert d’ouverture et d’attractivité internationale, le recours non-raisonné à l’immigration professionnelle n’est qu’une manière de couvrir des pratiques de dumping social – c’est-à-dire des manœuvres de certaines entreprises visant à servir des salaires d’un niveau inférieur à celui du marché. D’ailleurs, la grande majorité des dossiers individuels qui ont été transmis, concernent des secteurs économiques connus pour la très faible progression du niveau des salaires (ex : l’informatique).
Ceux qui alimentent aujourd’hui cette polémique (présidents des conférences de grandes écoles et des universités) assument cyniquement la pratique du pillage des cerveaux dans les pays d’origine, qui ont pourtant besoin de se constituer une classe de cadres. Cette approche est contraire à la politique de développement solidaire menée par le Gouvernement. A l’occasion d’une réunion à huis clos chez le ministre de l’enseignement supérieur, le président de la conférence des écoles française d’ingénieurs a même explicitement revendiqué le droit de piller les ressources humaines des pays en développement !
Le président du Bénin, reçu récemment en France, a redit qu’il se désolait que les médecins béninois émigraient tous vers la France, à tel point qu’il y a aujourd’hui plus de médecins béninois en France qu’au Bénin !
En réalité, ce n’est pas le défi de l’attractivité internationale de notre pays qui motive les présidents des conférences des grandes écoles et des universités.
L’augmentation du nombre d’étudiants étrangers dans leurs établissements est surtout une manière facile d’accroître leur rentabilité financière, en gonflant les recettes des droits de scolarité.
Ceux qui alimentent la polémique ne veulent pas entendre parler de la situation du chômage dans notre pays. Pour eux, il n’est pas pertinent de parler de la situation du marché de l’emploi en France pour ce qui concerne les cadres, comme si le chômage les épargnait totalement. La réalité, c’est que le taux de chômage des jeunes diplômés est aujourd’hui de 11%, c’est-à-dire bien supérieur à la moyenne.
Enfin, on ne peut passer sous silence les motivations profondes des principaux artilleurs de la polémique. Pierre TAPIE, président de la conférence des grandes écoles, voit dans cette affaire un bon moyen de donner à la gauche des gages de progressisme, quelques mois avant des échéances électorales importantes. Il s’agit peut-être – sans doute – d’une manière de ne pas insulter l’avenir, sachant que la gauche envisage de réformer profondément le système des grandes écoles et des classes préparatoires.
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