Divorces et séparations : le droit de visite peut-il être subordonné à l’accord des enfants ?
Aujourd’hui, la chance statistique pour un enfant de voir ses parents se séparer, est de l’ordre de une sur deux dans la région parisienne, et une sur trois en Province.
Un enfant reste sous l’autorité parentale de ses deux parents jusqu’à l’âge de 18 ans.
A ce titre, ce sont les parents, ou à défaut et en cas de conflit, le juge aux affaires familiales, qui décident du lieu habituel et des modalités de résidence des enfants : avec le père, avec la mère ou en garde alternée.
Ainsi, le Juge aux Affaires Familiales, saisi dans le cadre d’un divorce ou d’une séparation d’un couple ayant des enfants mineurs, sera amené à fixer la résidence habituelle des enfants mineurs et à réglementer le droit de visite et d’hébergement de l’autre parent.
Il arrive néanmoins que, dans le cadre d’un conflit familial particulièrement exacerbé, les enfants refusent de voir le parent titulaire du droit de visite.
Ce refus permet-il au parent qui est bénéficiaire de la résidence habituelle des enfants, de faire entorse au droit de visite de l’autre parent ?
Les enfants ont-ils le droit de choisir et de ne pas honorer le droit de visite de leur père ou mère ?
La réponse est négative.
La Cour de Cassation l’a encore rappelé récemment dans un arrêt du 3 décembre 2008 : l’exercice du droit de visite ne peut être subordonné à l’accord des enfants.
Cela peut paraître, dans certaines situations, injuste à certains enfants ou même à certains parents.
Mais cela répond à un double soucis :
- il n’est, d’une part, pas question de laisser les enfants mineurs décider des modalités d’exercice de l’autorité parentale
- d’autre part, il est important de sauvegarder le lien avec les deux parents, quand bien même ce lien serait de mauvaise qualité, et quand bien même, le parent bénéficiaire du droit de visite serait lui même défaillant sur un certains points.
Les enfants, peuvent-ils, via un avocat de l’enfant, saisir directement le juge aux affaires familiales de leur refus, et demander à être dégagés de l’obligation de rencontrer l’un de leurs parents ?
La réponse est encore négative.
L’enfant mineur n’est pas autorisé à saisir la justice. Seuls ses parents, titulaires de l’autorité parentale, le peuvent.
L’enfant n’est cependant pas totalement exclu de la procédure judiciaire. Il a le droit d’être entendu par le juge aux affaires familiales, si il en fait la demande, et si, bien entendu, il a la maturité de s’exprimer....ce qui suppose néanmoins que le juge ait été saisi par l’un des deux parents.
L’enfant, comme chacun, doit respecter les termes de la décision judiciaire qui aura été rendue par le juge aux affaires familiales.
Les conséquences d’un refus catégorique de l’enfant peuvent être graves.
En effet, l’irrespect volontaire du droit de visite est pénalement sanctionné, et le parent avec lequel réside l’enfant pourrait avoir à s’expliquer devant un tribunal correctionnel.
Le parent chez lequel la résidence habituelle des enfants est fixée, doit donc faire en sorte que le droit de visite soit respecté, quand bien même l’enfant s’en plaindrait. Seul le juge peut suspendre ou annuler le droit de visite.
DURA LEX SED LEX, mais elle a sa raison d’être.