Pour le droit de vote dès le berceau
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Après une période électorale, la question de l’absentéisme revient tel un marronnier en plein milieu du jardin. On s’interroge, on suppute, on questionne sur les raisons qui font que peu d’électeurs viennent réaliser leur devoir de citoyen. Et puis la période s’achève, on repart sur d’autres questions d’actualités, d’autres élections, un scrutin chasse l’autre et finalement les questions fondamentales sont reléguées aux oubliettes de l’histoire politique.
Les influenceurs des choix politiques
La capacité d’un parti politique à remporter la victoire à une élection dépend surtout de sa capacité à mobiliser ses propres troupes, son réservoir à électeur en fonction de thématiques qui sont propres à ses groupes. Et les intérêts de ses propres groupes influent sur le programme, le projet et l’état d’esprit des partis politiques. Qu’on le veuille ou non, il est aujourd’hui un courant de pensée, un mouvement qui tient le haut du pavé. Il porte un nom, c’est l’Union pour la Majorité Présidentielle. Son programme pour notre pays est soumis à ce qu’il considère être l’intérêt général pour notre pays, n’en doutons pas, mais aussi, et peut-être surtout, ce qu’il pense être l’intérêt de ses électeurs pour les motiver à aller voter pour lui. Cela est également valable pour les autres partis démocrates qui visent à obtenir la majorité, avec ou sans alliances, aux élections.
Or force est de constater que le groupe qui soutient le plus le parti majoritaire se trouve dans les segments de population les plus âgés. Les plus de 65 ans, si cette limite d’âge est la bonne, représente un peu plus de 11 millions de personnes au 1er janvier 2009 selon l’INSEE.
Ce vieillissement de l’électorat entraîne plusieurs conséquences. Il surexpose dans le débat politique les thématiques qui lui correspondent : le sentiment d’insécurité, le maintien des pensions de retraite, la question de l’accès à la santé pour tous… Cet ensemble est légitime en soi. Néanmoins il introduit un biais considérable lié à l’âge et même si la catégorie des personnes âgées, les plus de 65 ans ?, est plus hétérogène qu’on ne le croit de prime abord. Il n’est pas question ici de stigmatiser les vieux, leur niveau de participation, leur modération dans le vote en font ces citoyens à part entière aussi respectables que les jeunes.
Quelle solution ?
Comment faire alors pour rétablir un équilibre qui prenne également en compte les futures générations ?
- En supprimant le droit de vote pour les vieux ? Quels fondements rationnels permettent de le faire sans s’exposer à une forme de discrimination négative à leur égard. La spoliation du droit de vote en raison de l’âge, mais pas forcément de la raison, est inconvenant et soumettrait la société à une pression brutale et peu propice à la sérénité. De plus, comment le faire ? A partir de quel âge supprimer le droit de vote ? Dans quelles conditions ? Bref, une foire d’empoigne en perspective.
- En introduisant le droit de vote pour les jeunes ? D’un point de vue opérationnel, cela semble plus aisé à mettre en œuvre. En autorisant le droit de vote pour tout citoyen français dès sa naissance, ce serait plus de 14 millions de nouveaux électeurs, selon les chiffres de l’INSEE au 1er janvier 2009 qui seraient alors en mesure d’exercer leur droit de vote.
Se pose alors la question de savoir comment un enfant de 2 ans pourrait établir sa préférence électorale. Il serait envisageable de confier ce droit de vote à l’autorité parentale jusqu’à l’âge de la majorité électorale. Ainsi une famille de deux adultes et quatre enfants mineurs auraient alors six droits de vote. Aux adultes de la famille de décider ensuite de leur propre mode de choix, le laissent-ils aux enfants, sur quels critères ? Aux partis politiques aussi de s’adapter, de parler avec des mots compréhensibles pour ces nouvelles classes d’âge d’électeurs, de cultiver l’approche de la société et des défis auxquels elle doit faire face de leur proposer des projets de société qui puissent susciter leur engouement ? Et ce alors que les jeunes français, selon une étude de la Fondation pour l’Innovation Politique, délaissent passablement les questions politiques dans leurs priorités de réflexion. Cela peut engager à ne pas rester jeune ou bien à repenser notre mode d’intégration politique des jeunes.
La majorité n’est qu’une limite conventionnelle
On peut comprendre les réserves à l’égard de cette idée. Elle peut apparaître utopiste au mieux, révolutionnaire au pire. Une solution de transition est envisageable. Il s’agirait d’abaisser la majorité électorale. Celle-ci est aujourd’hui de 18 ans. Elle avait été réduite par Valéry Giscard d’Estaing de trois ans, passant donc de 21 à 18 ans, dans les années 70. Elle ne constitue qu’une frontière, une limite conventionnelle qu’il est tout à fait possible de changer. Les jeunes d’aujourd’hui ne sont pas les jeunes d’hier. Le niveau de maturité a évolué.
L’âge de la majorité n’est d’ailleurs pas le même pour tout. Ainsi un jeune est consulté pour un don d’organe ou de greffe à tout âge et en particulier à partir de 13 ans. Une jeune anglaise a ainsi pu décider récemment de ne pas poursuivre un traitement médical ce qui la condamnait à brève échéance avec l’assentiment de ses parents. On peut conduire un scooter à partir de 14 ans. Récemment encore, l’âge de la majorité sexuelle était de 15 ans pour les filles. On peut adhérer à une association et y prendre des responsabilités avant 18 ans. A partir de 16 ans, l’école n’est plus obligatoire, on peut entrer en apprentissage…
Dans un premier temps, il serait possible d’expérimenter cette proposition en abaissant l’âge à 15 ans. Cela peut être 16 ans. Ce qui correspond, peu ou prou à l’entrée au lycée. Cette classe d’âge, les jeunes qui ont entre 15 et 17 ans inclus représentent 2,3 millions d’électeurs potentiels en plus.
Cette mesure pourrait entrer en vigueur en même temps que l’inscription sur les listes électorales deviendrait obligatoires pour tous, et que le vote blanc serait considéré comme l’expression d’une opinion politique en cessant d’être considéré comme nul sans toutefois intervenir dans le calcul des seuils de majorité pour les élections afin de ne pas amplifier l’incertitude des scrutins.
Cet abaissement de l’âge de vote changerait sans conteste la donne politique et obligerait les mouvements politiques à prendre en compte les aspirations de la jeunesse dont il ne faut jamais désespérer. Comme les opérations Député Junior nous le montrent chaque année et comme cette vidéo d’une jeune fille à la tribune de l’ONU nous le rappelle avec force et donnerait un signal à la jeunesse qu’elle est une composante à part entière de notre monde.
- Source : www.decour.fr
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