Pour un Chèque Emploi Service Vraiment Universel
Le Chèque Emploi Service Universel (CESU) a été introduit en 2006 pour favoriser les services à la personne. Dans l’optique de lutter contre le travail non déclaré et d’améliorer la protection sociale des salariés concernés, il simplifie la rémunération des personnes employées à domicile par les particuliers. En contrepartie du payement des charges sociales, il ouvre droits à des réductions d’impôts.
Indépendamment de l’utilisation du chèque emploi service universel, l’aide à la personne déclarée se cantonne aux particuliers qui peuvent se la payer. Les derniers chiffres officiels montrent par ailleurs une baisse "alarmante" de l'emploi à domicile et une remontée du travail au noir.
En effet, malgré les réductions d’impôts et les exonérations de charges, le coût global d’un salarié à domicile reste souvent supérieur au salaire net que l’on peut obtenir par son propre travail. Un salarié modeste hésitera donc à se faire aider dans les tâches domestiques car il est plus rentable pour lui de le faire lui-même. C’est ainsi que certains réduisent ou arrêtent leur activité professionnelle pour s’occuper des enfants et de la maison, ce qui nuit évidemment à leur carrière et surtout à leur indépendance.
Pourtant la rémunération du salarié à domicile devrait être considérée par le particulier employeur comme des frais professionnels déductibles, car cela lui permet d’assurer et de maintenir une activité hors de la maison. En la déduisant du revenu brut, cela permettrait de réduire d’autant les cotisations sociales et les impôts, ce qui reviendrait finalement à transférer une partie des droits sociaux associés aux cotisations du particulier employeur vers son employé à domicile.
Une personne modeste pourrait ainsi se faire aider sans nécessairement laisser tomber son travail, en contrepartie d’une baisse de son revenu net et de ses droits à la retraite et au chômage. Un salarié au SMIC à plein temps se faisant aider par une autre personne à mi-temps se retrouverait dans la même situation que cette dernière. Le particulier employeur conserverait un demi-salaire net (son salaire entier diminué du demi-salaire de l’employé) et bénéficierait au bout du compte des mêmes droits sociaux qu’un emploi à mi temps.
La personne employée à domicile bénéficierait par contre de l’ensemble des droits sociaux liés à son emploi (retraite, chômage, maladie) sans que cela coûte à la collectivité car ils seraient pris en charge intégralement par son employeur. Un salarié aisé qui déciderait d’employer plusieurs personnes payerait ainsi l’intégralité de leurs cotisations sociales en réallouant à chacune une partie des droits sociaux acquis par ses propres cotisations.
Considérer le coût d’un salarié à domicile comme des frais professionnels déductibles du salaire brut, réduit donc les charges et les taxes sur les revenus du particulier employeur. Les cotisations sont alors transférées de la personne aidée vers l’employé qui reçoit ainsi l’intégralité de ses droits sociaux directement depuis le compte personnel de son employeur.
Concrètement, le particulier employeur paye le salaire net à son employé, qu’il déduit de sa propre rémunération (aucune différence par rapport au black). Par contre, grâce au CESU, l'employeur donne ses références Urssaf personnelles en déclarant son employé à domicile de façon qu’une partie de ses propres droits sociaux soient transférés vers son employé. Il peut bien évidemment aussi décider de payer l’ensemble des cotisations de son employé s’il ne souhaite pas diminuer ses droits sociaux ou s’il n’en a pas.
Dans le cas d’un couple employeur, la perte des droits sociaux reversés à l’employé pourrait se répartir entre les deux conjoints. L’idéal serait de donner les références de celui qui est le mieux rémunéré de façon à ne pas pénaliser la carrière de l’autre et de conserver une activité professionnelle épanouissante aux deux. Par extension, il serait logique de partager équitablement les droits acquis par chacun afin que celui qui fait le choix de rester à la maison ou de travailler moins ne soit pas désavantagé pour sa retraite (ou en cas de divorce).
Globalement ce transfert de cotisations et de droits ne déséquilibrerait pas les comptes sociaux mais permettrait de mieux partager le travail et les richesses produites. Les cotisations sociales du second poste ne seraient payées qu’une première fois par l’employeur du particulier aidé, mais ne donneraient des droits qu’à l’employé final. L’employé à domicile pouvant lui-même se faire aider, il pourrait y avoir des contrats successifs sans supplément de cotisations car seul l’employé en bout de chaine bénéficierait des droits sociaux.
L’utilisation du Chèque Emploi Service Universel (CESU) et sa déductibilité comme frais professionnels pourraient être étendues à la rémunération et à la prise en compte des cotisations sociales des autoentrepreneurs ou des personnes exerçant des services pour les professions libérales.
Dans le cas d’une entreprise, le CESU jouerait le rôle d’une société de portage salarial en prenant en compte l’ensemble du salaire net et des charges salariales de l’employé externe. Ce cout salarial viendrait en déduction des bénéfices de l’entreprise comme n’importe quelles autres dépenses de fonctionnement.
Dans le cas d’un artisan ou d’une profession libérale, le CESU permettrait d’embaucher temporairement une personne en payant l’intégralité des charges salariales sans se soucier de sa fiche de paye, mais en respectant malgré tout le droit du travail, les conventions collectives et le salaire minimum.
Dans le cas d’un particulier, la prise en compte de la rémunération de l’employé ou de la société de services comme frais professionnels déductibles remplacerait avantageusement les actuels crédits ou réductions d’impôts.
Du coup, seuls les revenus primaires provenant de l’entreprise génèreraient des droits sociaux, qui pourraient ensuite se répartir entre plusieurs intervenants dans le cas où un salarié aisé se fairait aider par des personnes qui elles-mêmes se feraient aider.
L’encouragement des services et de l’aide à la personne constitue une forme de partage des richesses et des tâches domestiques. En plus des CESU autofinancés par les cotisations des salariés, les entreprises pourraient abonder l’effort de leurs employés en continuant d’offrir des Tickets CESU pleinement cotisés sous forme de prime ou d’aide sociale.
Ce partage à la carte du travail inciterait les salariés et les travailleurs indépendants à se faire aider plus régulièrement. Les gens ayant un métier intéressant, nécessitant souvent une forte qualification, feraient plus facilement garder leurs enfants ou réaliser leur ménage ou leur jardinage plutôt que de réduire leur propre activité à l’extérieur. En contrepartie, ils perdraient une partie de leurs droits sociaux comme s’ils se mettaient eux même à temps partiel.
Le choix de continuer de travailler à l’extérieur ou de rester à la maison, ne dépendrait donc plus de critères purement financiers mais uniquement des aptitudes et des aspirations personnelles de chacun.
A propos du Chèque Emploi Service Universel :
http://www.cesu.urssaf.fr/cesweb/home.jsp
http://www.cesu.urssaf.fr/cesweb/ces1.jsp
http://vosdroits.service-public.fr/particuliers/F13244.xhtml
http://www.emploi.gouv.fr/thematiques/contrats-aides
Liens vers des articles Agoravox sur les droits universels :
http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/vers-un-contrat-de-travail-unique-159756
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/contre-les-inegalites-extremes-159078#forum4160358
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/bayrou-pour-un-contrat-de-travail-110915
http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/et-si-le-rsa-devenait-un-revenu-de-133565
http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/allocation-logement-universelle-142959
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