Pourquoi la semaine de quatre jours n’est-elle pas souhaitable à l’école ?
Depuis la rentrée 2008, toute les écoles élémentaires et maternelles de France ont adopté la semaine de quatre jours, mesure à laquelle l’opinion publique est très favorable. En 2002, l’Inspection générale de l’Éducation nationale (IGEN) publiait pourtant un rapport très critique vis à vis de ce type d’organisation (http://media.education.gouv.fr/file/05/3/6053.pdf). En 2009, un nouveau rapport de l’IGEN est sorti. Selon les deux inspecteurs auteurs du rapport, Philippe Claus et Odile Roze « les conséquences du resserrement du temps scolaire se font sentir sur la fatigue des élèves et des enseignants ». Reprenons point par point, les éléments qui nous permettent d’affirmer que la semaine de quatre jours est inadaptée et néfaste pour les apprentissages des élèves à l’école primaire.
Avec la semaine de quatre jours (24 heures d’enseignement par semaine au lieu de 26) les élèves perdent sur toute leur scolarité primaire près de 650 heures (2 heure x 36 semaines x 9 années = 648 heures), ce qui correspond à 25 semaines d’école en moins (l’équivalent de 70 % d’une année scolaire !!!). Les élèves de l’école primaire passent 140 jours par an à l’école en France alors que la moyenne européenne est de 185 jours.
... + des programmes de plus en plus chargés
Malgré cette diminution du temps scolaire, les programmes n’ont pas été allégés. Bien au contraire, ils ont été alourdis. L’histoire de l’art a fait son apparition dans les programmes 2008 et les notions difficiles sont à « acquérir » de plus en plus tôt.
= des journées plus denses, des élèves fatigués et des programmes « survolés »
De ces observations qui relèvent du bon sens, il en ressort que les journées de classe sont de plus en plus denses. Ceci n’est pas sans incidence sur la fatigue des élèves qui ont de plus en plus de mal à rester attentif, à se concentrer et à assimiler les notions vues en classe. Dans les autres pays européens, les temps scolaire est réparti sur plus de jours, ce qui permet d’alléger la journée de classe. Les élèves sont alors plus disponibles pour les apprentissages.
De plus, pour « boucler » les programmes, les enseignants sont obligés de faire un tri et de « survoler » certains points du programme ou même certaines matières. Je pense notamment aux matières artistiques, à l’histoire et à la géographie, qui permettent, lorsqu ’elles peuvent être enseignées dans de bonnes conditions, de développer la créativité ainsi qu’un esprit d’analyse critique.
Une réforme qui accroît les inégalités
« Lors d’évaluations en lecture, là où on observait un élève en difficulté l’année dernière, on en observe dix aujourd’hui. », commente un enseignant en poste dans une banlieue « sensible » de l’agglomération dijonnaise. « Maintenant, les élèves ne lisent plus, le mercredi, le samedi et le dimanche. C’est surtout vrai, pour les élèves des zones sensibles qui ont un contexte socio-économique et socio-culturel particulier. », poursuit-il. En effet, dans les milieux aisés, les enfants ont souvent la possibilité de participer à des activités culturelles et sportives lorsqu’ils ne sont pas en classe. Dans les milieux défavorisés, les enfants n’ont pas cette chance. Ils apprennent alors la passivité, devant leur écran de télé vision, en ingurgitant des programmes abrutissants qui les calment le week-end et les excitent pour le reste de la semaine.
Plus d’informations sur mon blog : http://ecole-education.over-blog.com
Stéphane Guinot
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