Prévention des échecs scolaires par l’éveil de la motivation
Réforme de l’Education nationale !
C’est dans les premières
années, maternelles et primaires, que se détermine le destin scolaire de
l’enfant. C’est entre trois ans et huit ans que doit émerger la motivation pour
le savoir sans laquelle l’effort ne sera que contrainte mal vécue et évasion
vers la facilité ou la révolte
« Le plaisir d’apprendre s’enracine dans l’affectif » nous dit Cyrulnik, ce grand spécialiste de l’enfance à problèmes. Or l’affectif est l’objet d’études de la psychologie de l’enfant : les stades de son développement émotionnel, les mécanismes de la relation enfant-adulte.
Les professeurs des
écoles ne sont pas suffisamment formés à cette tâche ! Celle-ci fait appel à
deux piliers : la psychologie de l’enfant et la pédagogie ou technique
d’apprentissage.
Or, qu’exige t-on d’un
candidat au métier ? Qu’il ait une licence universitaire : sans préciser
laquelle et qui peut être sans aucun rapport avec son futur métier et, après un
concours d’entrée, deux ans de formation spécifique à l’IUFM.
Deux ans pour se former
à une telle responsabilité ! Quelle gageure ! Seule l’expérience pourra combler
les lacunes, elle se fera aux dépens des premiers contingents d’élèves avec des
dégâts parfois majeurs.
Pourquoi ne pas exiger
du futur candidat à ce métier une formation universitaire centrée sur la
connaissance de la psychologie de l’enfant ou au moins de science de
l’éducation, les deux ans d’IUFM n’étant pas de trop pour la formation
pédagogique ; ce vaste domaine qui s’appuie sur une connaissance du
développement intellectuel de l’enfant : ce qui peut être compris à chaque âge.
Etudes du développement
intellectuel et du développement affectif sont nécessaires et complémentaires
pour une formation efficace des futurs éveilleurs de motivation. Il ne sera
question ici que de l’aspect psychologique du problème.
L’Education nationale n’éprouve-t-elle pas une certaine méfiance pour tout ce qui évoque, de près ou de loin, la
psychanalyse (Dolto comprise) comme facteur de laxisme et de négation de
l’autorité ?
Pourtant Dolto dit : «
L’enfant ne peut désirer apprendre qu’en renonçant à sa toute-puissance. Il ne
s’agit pas de laxisme ! Mais quel maître sait que cette opposition entre trois
et cinq ans est une étape normale de la conquête de sa personnalité et non un
présage de déviation future. Cette opposition se résout d’abord par l’éducation
familiale ferme et bienveillante et la carence de certains parents dans ce
domaine amène le maître à prendre le relais éducatif à la fois ferme et
bienveillant, sans dramatisation. Mais que savent de l’éducation les jeunes
candidats maîtres, la seule "science" que l’école ne leur a pas apprise et
qu’ils découvriront "sur le tas" quand ils seront parents ? »
Une meilleure
connaissance de ces mécanismes affectifs déterminant la motivation
amènerait à supprimer dans les premières années de classe la notion de
compétition qui décourage certains ou pousse au refus ceux qui ont un ego
exigeant. Seule la courbe individuelle de progrès, anonyme, devrait être le
mode d’évaluation évitant le sentiment d’infériorité. Ce n’est que lorsque
l’enfant aura fait le lien entre ses efforts et la montée de ses courbes qu’il
pourra aborder dans les cours moyens l’inévitable compétition qu’impose la vie.
Et en ce qui concerne le
langage, cet outil essentiel à tout apprentissage scolaire, l’entrée en
maternelle dévoile de telles inégalités qu’il serait peut-être utile de
regrouper les enfants en retard de langage dans des sections spéciales où
l’expression orale serait l’activité essentielle, les enfants réintégrant leur classe
au fur et à mesure de leurs progrès, tous ayant réintégré leur classe en C.P.
Quant à la discipline,
tout acte contraire à la règle scolaire clairement énoncée doit être
désapprouvé sans culpabilisation ni rejet.
Et pourquoi ne pas
remplacer le terme de punition quelque peu négatif par le terme de réparation
plus utile ; savoir faire des excuses ou réparer les dégâts ou accomplir une
tâche utile au groupe (du genre B. A. scout), ce qui laisserait au déviant sa
dignité et favoriserait sa coopération ?
Et que penser de ce déni
de justice qu’est la punition collective, confort très aléatoire pour le maître
et destructeur de motivation ? Toute humiliation, surtout publique, peut avoir un
effet négatif sur certains enfants. Si le bonnet d’âne a disparu, il reste
encore bien des pratiques visant le même but .Un jeu télévisé : Le Maillon
Faible, est une caricature édifiante de l’attitude de certains enseignants,
rares, espérons-le, qui induit chez les sujets concernés une relation de même
type entre eux.
Une relation plus
confiante entre maître et élève ne peut qu’améliorer les résultats.
Pourquoi, aussi ne pas
encourager le futur maître à avoir un contact plus direct de l’enfant en
groupe dans sa spontanéité (colonies, mouvements de jeunes) avant son choix de
carrière ?
Car, si les romans de
Robert Sabatier et de Louis Pergaud nous décrivent une société où se mêlent
dans la rue enfants et adultes amenant ces derniers à comprendre l’enfance, de
nos jours les futurs maîtres n’ont connu pour la plupart que des relations avec
leurs pairs avec leur ordinateur ou la télé. Ils doivent savoir que l’enfant
n’est pas un ange, mais que quand on éveille son enthousiasme il est capable du
meilleur.
Les enfants aiment-il
l’école, s’y construisent-il ? Un certain nombre y est à l’aise ; un bon nombre
s’en accommode grâce aux gratifications de leur vie extrascolaire et familiale.
Hélas, un nombre croissant accumule des rancœurs qui feront les adolescents
casseurs d’écoles ou agresseurs de maîtres.
Certes, un certain
nombre d’élèves s’est accommodé du statu quo de l’école de Jules Ferry mais
la progression du quasi illettrisme à l’entrée en 6e pose la question de
cette déperdition catastrophique de génies potentiels et de leur déviation vers
des comportements antisociaux. Où est la solution ? Créer une ambiance
exigeante avec bienveillance excluant la méfiance réciproque, où l’enfant
détendu sera plus disponible à la découverte du plaisir d’apprendre et où le
mot travail bien distingué du jeu sera valorisé même si la pédagogie aura pour
but de rendre ce travail attractif et motivant en fonction de l’âge.
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