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Accueil du site > Actualités > Société > Problème de l’orthographe : manque de rigueur, société de (...)

Problème de l’orthographe : manque de rigueur, société de consommation ou bout rond ?

Le ministère de l'éducation nationale s'alarme aujourd'hui de l'effondrement de l'orthographe.

Ah bon ? Selon une mesure sur plusieurs années, le niveau en orthographe tombe et tombe.

Tous ceux qui ont des enfants à l'école primaire, se donnent le temps de réfléchir un peu ou de regarder ce que font les gosses, le savent.

Les profs qui réfléchissent le savent aussi et depuis longtemps. Certains en ont même fait des livres comme l'excellent Jean-Paul Brighelli avec sa "Fabrique du crétin".

Bien évidemment, un ministre ou un président de la République dont toute la vie a été consacrée à se faire élire et à conserver son poste ou à plaire, au détriment de ses propres enfants, a besoin de beaucoup d'années et d'études faites par d'autres pour le savoir (le comprendre prend encore du temps même si sa propre progéniture met plusieurs années pour en obtenir une à la fac ..).

L'effondrement de l'orthographe n'est pas un énième mur de la solide France d'Epinal qui s'effrite. C'est un énième mur qui tombe par manque du ciment de la rigueur.

Comme en économie, la France et les français manquent de rigueur.

Pas celle dont nous menacent les journalistes, éditorialistes libéraux ou vendeurs de trous de ceinture et de fin apocalyptique mais la rigueur la vraie.

La vraie rigueur qui fait que quand on commence quelque chose on le finit, qu'on ne parie pas complètement au hasard sur les conséquences d'un acte (qu'il s'agisse de traverser la rue ou de lancer une activité économique) et qu'on agit en réfléchissant aux conséquences de l'acte (ce qui implique aussi qu'on fasse parfois les choses en pensant aux possibles conséquences d'une non-action).

L'orthographe et le calcul sont les problèmes de l'école primaire (avant de devenir ceux sous-évalués des études supérieures).

Mais le manque de rigueur dans l'éducation nationale ou la formation se manifeste aussi dans les "Grandes Ecoles" (qui bientôt peut-être devront cet adjectif positif à la taille de leurs campus).

Non seulement, les étudiants qui sortent de ces grandes écoles font des fautes d'orthographes, des ratures dans leurs dossiers sans avoir même l'idée de les refaire mais ils ne répondent souvent pas aux mails que leur envoient des employeurs potentiels.

Ils se conduisent en clients, en consommateurs .. aidés en cela souvent par des "professeurs" ou "directeurs d'écoles" qui d'un objectif premier pédagogique sont passés à un objectif de façade et de vitrine pour coller aux modes de classements avec queues et têtes mais sans fond.

Même l'enseignement change puisqu'au lieu d'apprendre encore à être et faire, on apprend aux gens à "avoir" comme si la conséquence pouvait exister sans ses causes ..

Ainsi par exemple à HEC-Entrepreneurs, autrefois avec Robert Papin tête de gondole de l'apprentissage de la réalité du terrain par le terrain, on apprend maintenant à lever des fonds plutôt que ses fonds de culottes, sans savoir faire une facture ni connaître le ba.ba de la comptabilité ou des difficultés à recruter des gens ou à reprendre une société. Mais tant que cette formation rapporte de l'argent à HEC , tout peut continuer..

Les étudiants donc se conduisent en clients, en consommateurs comme ceux qui excusent les problèmes d'orthographe en considérant que celle-ci n'est qu'un produit de consommation qui doit s'adapter aux exigences du temps présent et de sa permanente accélération.

Tout ceci est étrange car en même temps se développe une sorte de rigueur dans la consommation. Nous "devons" faire attention à ce que nous consommons nous disent de multiples messages et messagers.

Comment donc s'y retrouver ?

N'y a-t-il pas derrière tous ces problèmes une cause générale ?

Le doublement regretté (car il n'est plus non plus très édité) Jean Guitton parlait dans un livre (que devraient lire tous les étudiants , le travail intellectuel -qui “s’adresse à tout ceux qui, dans les tracas de l’existence moderne, n’ont pas renoncé à lire, à écrire, à penser. Il s’adresse aussi à ceux qui savent, car nous sommes tous, en matière de connaissance, de style et de parole, des apprentis, et, comme disait Goethe, il est bon d’apprendre à faire la moindre chose de la manière la plus grande.” ), d' acies mentis pour définir l'esprit aiguisé et avisé de celui qui apprend.

Le problème de l'orthographe, de l'étudiant et du consommateur vient peut-être de là.

De nos jours les esprits n'ont plus cette pointe d'acier aiguisée qui permet de s'instruire, de questionner, d'être curieux et donc d'apprendre et de passer d'ailleurs par l'apprentissage de la rigueur pour franchir une étape (Même les écoles à méthodes "libres" comme Montessori dans laquelle Sergey Brin fit ses classes .. parlent de la rigueur).

D'où vient ce "bout rond" des esprits ? Pas des professeurs ou du manque de riguer car on tournerait en rond  ;-)

Ce bout rond des esprits, ce manque d' "acies mentis" ne viendrait-il pas de toutes ces informations et activités que s'impose l'homme et l'enfant modernes ?

Peut-on avoir acies mentis en apprenant l'anglais alors même qu'on n'a pas passé le cap des 1000 mots en français ? (En passant notons que les heureux citoyens de l'économie et étudiants du système éducatif régnant dans les hauts niveaux ne parlent qu'une seule langue, l'anglais ...)

Peut-on avoir acies mentis en poinçonnant des moments d'histoire sans les relier entre eux ?

Peut-on avoir acies mentis en ne lisant que des extraits de livres sans avoir expérimenté de nombreuses fois une lecture entière et qu'après la page n, il faut passer à la n+1 et aller jusqu'au bout ?

Peut-on avoir acies mentis avec 115 chaînes de télé ?

L'esprit et l'intelligence humaine peuvent-ils s'en sortir ou sont-ils condamnés à évoluer pour pouvoir appréhender les choses globalement comme le peuvent par exemple certains autistes ?


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21 réactions à cet article    


  • Giordano Bruno - Non vacciné Giordano Bruno 18 avril 2012 09:41

    Ce qui vaut la peine d’être fait vaut la peine d’être bien fait.

    Nicolas Poussin


    • subliminette subliminette 18 avril 2012 10:54

      Tout va rentrer dans l’ordre grâce à la circulaire ministérielle qui ordonne que les enfants apprennent dorénavant à lire et à écrire correctement à l’école !

      C’est quand même bien que quelqu’un au ministère réalise enfin qu’il existe un problème avec l’orthographe (mais pas que...). C’est peut-être la femme de ménage ? Parce que le ministre, pas sûr qu’il en soit capable.

      Quant à l’enseignement actuel de l’histoire totalement crétin, personne ne m’enlèvera de l’esprit que c’est volontaire.


      • rosemar rosemar 18 avril 2012 11:53

        En fait ,l’orthographe et la grammaire ont été négligées au collège pendant des années :certains élèves arrivant au lycée ne savent pas construire une phrase ,ils ignorent ce qu’est une subordonnée,une proposition principale :on a voulu privilégier un enseignement ludique de la découverte:les enfants devaient découvrir par eux mêmes, mais est ce possible ?

        Il faut apprendre les règles en orthographe et en grammaire...
        A un moment ,les dictées à trous étaient à la mode:il suffisait de remplir quelques terminaisons manquantes ,pour faire une dictée !!
        Bonne journée

        • Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque (Courouve) 18 avril 2012 14:19

          " Il faut apprendre les règles en orthographe et en grammaire..."


          Et aussi les expliquer quand cela est possible, et cela l’est souvent.

        • Diane-Annabelle 18 avril 2012 12:18

          @ l’auteur

          Bien, bel et bon..
          Mais après le constat vous posez des questions, nous attendions des réponses !
          (rassurez-vous, je n’en ai pas trop à proposer..)
          Je précise que je suis prof. de Lettres et que le sujet m’intéresse au plus haut point.
          La lecture de différents articles et surtout de commentaires que l’on voit sur l’écrasante majorité des sites (dont AV, mais qui est très loin d’être le seul, évidemment) me plonge dans une consternation sans nom, au vu des entorses -que dis-je, des injures- faites à notre langue, tant pour la morphologie que pour la syntaxe.
          D’aucuns diront « déformation professionnelle ! » et j’acquiesce.
          Mais tout en faisant la distinction entre d’une part quelques rares fautes d’accord dont l’origine est davantage une étourderie associée à un défaut de relecture (et nous n’y échappons ni vous ni moi cher auteur) plutôt qu’une carence pure et simple, et d’autre part les brèches béantes dans le B.A.-BA de l’expression écrite dont les causes sont diverses et variées, allant de la très excusable absence d’instruction à la moins excusable négligence, voire l’inexcusable paresse intellectuelle, je sursaute littéralement à chacune de mes tentatives de lecture d’un texte rendu incompréhensible par son absence de construction et l’énormité des attentats à l’orthographe conduisant parfois à d’authentiques contresens.
          J’ai souvent interrompu définitivement la dite lecture nonobstant d’éventuelles bonnes idées contenues.
          Mes premiers réflexes ont été d’attaquer, telle une Don Quichotte féminine, ces pauvres moulins.
          J’ai dû abandonner face à la levée de boucliers et les volées de bois vert émanant des scripteurs concernés, provoquées par mes interventions.
          Il est bien connu que la meilleure défense est l’attaque.
          Je ne suis pourtant pas encore totalement vaccinée car je ne peux m’empêcher de réagir vertement lorsqu’une « bonne âme » relève, le plus souvent avec arrogance, les fautes constatées d’autrui, tout en en commettant elle-même dans son réquisitoire, ce qui reconnaissons-le est un comble !
          L’éternelle parabole de la paille et de la poutre, en somme..

          Je sais que je vais être « moinssée » comme on dit ici mais je n’en ai cure.

          C’était le coup de gueule de Diane.


          • Abou Antoun Abou Antoun 18 avril 2012 12:42

            Corrigeant il y a encore quelques années des copies d’étudiants de l’université (en sciences), j’avais depuis longtemps fait mon deuil de l’orthographe, y compris et surtout de la ponctuation. Je lisais donc les phrases à haute voix en plaçant les intonations là où elles auraient normalement dû être pour voir si l’ensemble était compréhensible.
            Hélas il ne s’agissait souvent que d’assemblages inorganisés de mots censés avoir un vague rapport avec le sujet. Les phrases n’avaient aucune articulation logique, et finalement aucun sens.
            Je me rabattais donc sur les calculs s’il y en avait et quelques résultats numériques justes ou correspondant à une erreur explicable pour faire mon évaluation.
            Mais enfin la plupart de ces candidats auraient pu écrire les paroles d’un tas de chansons actuelles, les portes de la création littéraire ne leur sont donc pas complètement fermées si la science ne veut pas d’eux.


          • Pierre MECHENTEL 18 avril 2012 12:52

             smiley
            La tentative de réponse est à la fin .. en forme de question ..
            S’agit-il effectivement d’une « baisse » de niveau dans le sens où il faut remédier à ça ou s’agit-il d’un signe indiquant qu’on est à un moment clé de l’évolution où le cerveau doit se transformer et qu’il va « abandonner » les principes qui gouvernent jusqu’à présent et qui disent que la langue forment l’intelligence et notamment que l’orthographe en est une poutre ..
            Va-t-on vers une autre forme d’intelligence du cerveau, s’appuyant moins sur la langue ?


          • Scual 18 avril 2012 12:41

            Bon déjà que les choses soient claires, le problème c’est les réformes qui viennent d’en haut, du ministère. Alors ils peuvent continuer de dire que c’est la faute des enseignants et d’envoyer des circulaires, c’est pas de la fautes des enseignants quand incompétence vient d’en haut.

            Je me souviens concernant l’orthographe de la méthode débile absolue qui consistait à les faire lire les mots en entier au lieu de leur apprendre à lire lettre par lettre. Je ne sais pas si c’est encore de mise aujourd’hui mais en gros à chaque nouveau mot, SURPRISE ! on ne sait pas le lire et on n’a pas vraiment les outils pour le faire ! Voila d’où nous vient toute une génération d’analphabètes. Et qui a le courage d’en faire porter la responsabilité au ministre qui a fait cette réforme ? Pourtant difficile de faire plus de mal à un pays qu’en empêchant ses enfants d’apprendre à lire et à écrire... mais non, on tape sur les enseignants à la place.

            Et là je ne parle pas de mon cas. Langue maternelle et seule langue parlée jusqu’à la maternelle : l’Espagnol. Résultat, les zéros s’enchainent en dictée quand j’arrive au CP car j’apprends encore la langue française. Conclusion ? Je suis plutôt scientifique et comme même là je suis moyen, je suis plutôt médiocre. Raté j’étais juste un étranger et un littéraire plutôt doué... mais avec moyenne générale bidon ne reflétant en rien mon vrai niveau.

            Les notes en Français pour les enfants étrangers ou, comment faire passer la richesse du bilinguisme pour de l’analphabétisme... la fautes des professeurs ? non. Tout ça n’est tout simplement pas adapté. Aujourd’hui un enfant de langue étrangère arrive à l’école, où il a des boites en Français car il ne connait pas encore bien la langue, où sa langue maternelle n’est pas prise en compte du tout ce qui veut dire que son niveau en langue est mal évalué... et on a trouvé la riche idée de lui coller l’anglais par dessus.

            Ne cherchez pas plus loin, y a forcément une partie de ces problèmes d’orthographe qui viennent de là.


            • Abou Antoun Abou Antoun 18 avril 2012 12:46

              La première réforme sensée devrait être de rétablir le CEP (vrai) pas sur dossier, et de conditionner l’entrée au collège à la réussite de cet examen.
              On pourrait au moins, avec ce diagnostic, mesurer l’étendue du désastre et peut être songer à y remédier.
              Quand on soupçonne une maladie on fait une radio, un scanner, des examens de laboratoire. On ne distribue pas des traitements à l’aveuglette.


              • Jean J. MOUROT Jean J. MOUROT 18 avril 2012 13:15

                L’importance donnée à l’orthographe a évolué à travers les siècles. Pas plus Rousseau que Montaigne n’en respectait les règles. La dictature de l’orthographe a eu son apogée, je pense, à l’époque de l’école de J. Ferry. Depuis 1968, en gros, on a considéré couramment (ce qui était précédemment exceptionnel) que l’orthographe comme la mémoire était la « science des ânes ».

                Aujourd’hui, on se rend compte que bien des textes sont devenus illisibles, faute d’une orthographe correcte. Mais comme l’essentiel est de s’exprimer, les auteurs se moquent de ne pas être lus et ne font pas l’effort de se relire et de se corriger ! Notre orthographe n’est certes pas facile et l’on a plus d’une fois tenté de la réformer ou simplement de la « rectifier » (les correcteurs de Word permettent de se conformer à l’orthographe bien timidement rectifiée selon les recommandations parues au JO de décembre 1990. Mais qui les applique ?)

                Comme si les « fautes » d’orthographe ne suffisaient pas à la confusion ambiante, certain(e)s féministes ont inventé la « féminisation » des textes, en les truffant de « e » partout !

                Il ne faut toutefois pas mythifier le passé. Les titulaires du vieux Certificat d’Etudes écrivaient certes sans fautes. Mais combien d’élèves d’une génération obtenaient le fameux diplôme ? Et que de temps passé à peaufiner le dressage orthographique au détriment de la réflexion ?

                On pourrait aujourd’hui faire un effort pour redonner une meilleure place à l’enseignement de l’orthographe. Encore faudrait-il que les élèves passent un peu plus de temps en classe et qu’on ne charge pas trop les mules avec toutes sortes de matières qui ne sont pas proprement scolaires. On doit tout apprendra à l’école dans un temps scolaire de plus en plus réduit !

                J’ajouterai que la place de l’écrit « noble » se réduisant de plus en plus au bénéfice de l’audiovisuel, il sera difficile de redonner à l’orthographe la place qu’elle n’aurait jamais dû perdre.


                • Abou Antoun Abou Antoun 18 avril 2012 14:32

                  Vos remarques concernant l’orthographe sont justifiées.
                  Toutefois, il ne s’agit pas uniquement d’une question d’orthographe, mais bien une question plus générale de syntaxe et d’expression logique.
                  En fait, n’ayant plus aucun repère pour ce qui concerne l’analyse logique et grammaticale, beaucoup de jeunes gens ne connaissent plus les règles du discours et n’arrivent plus qu’à exprimer leur satisfaction « Cool ! » et son contraire « Pas cool ! ».
                  On peut discuter sur l’importance réelle de l’orthographe et le poids qu’on veut lui donner (on en a peut être trop fait par le passé).
                  Mais aujourd’hui je constate que certains professeurs de langues étrangères à déclinaisons ne peuvent plus expliquer à leurs élèves à quoi correspond le nominatif l’accusatif, etc.. parce que leurs élèves ignorent ce qu’est un complètement d’objet direct, indirect, etc...


                • Diane-Annabelle 18 avril 2012 18:29

                  Je rebondis à propos de la « science des ânes ».

                  je reproduis ici à peu près in extenso l’une de mes interventions à ce sujet sur un forum de discussion aujourd’hui disparu.

                  <<
                  L’orthographe de la langue française, prise isolément, est en effet considérée comme « la science des ânes ».
                  Au risque de surprendre, je partage un peu cette opinion, mais sous certains aspects seulement.

                  Soit ! Je vous accorde qu’elle est suffisamment compliquée, parfois illogique, pleine de contradictions et d’exceptions, pour prêter le flanc à ce genre de jugement. Mais elle est le résultat du cumul d’évolutions depuis de nombreux siècles, de mélanges, et d’erreurs.
                  Ne croyez surtout pas que je défende sa forme actuelle, au prétexte de m’accrocher à je ne sais quel snobisme ou conservatisme qui sont loin, très loin de mes préoccupations (malgré mes origines, pour ceux qui me connaissent).

                  Le problème réside dans le fait qu’elle EXISTE, et que, toute contestable et rebutante qu’elle soit, elle joue un rôle primordial dans la communication et l’expression écrites, où, en l’absence des signes accompagnant l’expression orale (gestes, intonations, mimiques..), les seuls objets permettant le décryptage de la pensée de l’auteur sont les mots lus et leur assemblage.

                  Il s’agit d’un outil, perfectible et réformable s’il en est, mais dont la mauvaise utilisation en l’état peut conduire à de graves ambigüités (rien que pour ce mot, deux formes sont admises:ambiguïté ou ambigüité !), parce que c’est comme ça et nous n’y pouvons rien ou si peu.
                  Et différentes tentatives de réforme n’ont fait qu’aggraver la situation..

                  Viendrait-il à l’idée d’un programmeur de laisser par négligence ne serait-ce qu’une virgule au lieu d’un point par exemple, dans n’importe quelle ligne de programme écrite dans un langage informatique quelconque utilisant ces deux éléments de syntaxe ? Il serait assuré de la catastrophe..
                  On m’objectera que ce dernier langage n’obéit qu’à des règles logiques : certes, (c’est d’ailleurs à voir..) mais il est tellement pauvre comparé à notre langue, qui du fait de sa richesse a perdu, pour une part, ces aspects-là.

                  J’essaie d’inculquer à mes élèves ces quelques principes parmi d’autres :

                  -une première précaution consiste à RELIRE et relire encore systématiquement ce qu’on a écrit pour aboutir, avant d’envoyer, à se poser simplement la question : « que va comprendre le lecteur de mon texte » ?

                  -un dictionnaire à portée de main peut être un bon outil -si l’on s’en sert ! (je hais les « correcteurs orthographiques » logiciels, qui ne donnent que l’illusion de la sécurité.. Est-ce donc si difficile de mettre deux ou trois neurones supplémentaires en service ?)

                  -écrire correctement (certes dans la mesure du possible et des compétences que chacun possède même s’il croit le contraire- mais au moins avec vigilance) est avant tout une forme de respect envers ses correspondants.
                  Essayez donc d’adresser à un employeur potentiel un CV bourré de fautes : résultat garanti !

                  Je ne prétends convaincre personne, et je n’en veux aucunement à celui ou celle qui commet des fautes par ignorance ! C’est la négligence que je conteste.>>


                • Abou Antoun Abou Antoun 18 avril 2012 22:08

                  L’orthographe est sans doute, dans le déroulement normal de la scolarité, la première discipline qui se présente à l’élève comme un ensemble de règles.
                  Ces règles sont parfois complexes, parfois discutables, mais elles obéissent quand même à une certaine logique. On fera toujours des fautes dans la dictée de Pivot et autres exercices de virtuosité portant sur l’écriture des mots rares, mais cela n’est pas grave. En fait c’est mieux de connaître les redoublements de consonnes, les pluriels des noms composés, les accents graves indispensables, etc.. mais si on fait des fautes de cette nature, les correcteurs sont là pour nous aider et nous rafraîchir la mémoire.
                  L’orthographe peut être enseignée de manière parfaitement logique économisant ainsi la mémoire, mais cela n’est plus jamais fait, faute de programmes officiels clairs et peut-être aussi maintenant de compétences des enseignants.
                  Le plus grave c’est l’abandon des enseignements structurés et structurants. On grapille, on survole, l’orthographe comme l’histoire, partout le lien logique manque. On ne peut que regretter les sections classiques et l’enseignement des langues anciennes qui était doublement formateur, tant au niveau de la logique que de la maîtrise de notre propre langue. L’argument d’étymologie développé dans cette discussion n’a plus lieu d’être en un temps ou personne ne connait le latin.
                  Ces enseignements ont disparu et n’ont été remplacés par RIEN.
                  En fait on pourra trouver cette intervention et d’autres passéiste, nostalgique, mais on a fichu en l’air un système séculaire pour ne rien proposer de valable à la place de sorte qu’en l’état actuel des choses tout retour en arrière ne peut être considéré que comme un progrès.


                • gordon71 gordon71 18 avril 2012 14:00

                  pour la galerie
                  Le ministère de l’éducation nationale s’alarme aujourd’hui de l’effondrement de l’orthographe.

                  mais va continuer son oeuvre de déculturation des humbles
                  l’industrie n’a pas besoin de têtes sachant réfléchir

                  http://www.lecture.org/revues_livres/actes_lectures/AL/AL65/AL65P20.html


                  • Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque (Courouve) 18 avril 2012 14:16

                    L’orthographe du français s’explique en grande partie par la phonétique de cette langue, et aussi bien sûr par l’étymologie.


                    Un exemple : pourquoi « charcutier » et pas « charkutier » ?

                    Parce que « charcutier » vient de « chaircuitier », vendeur de chair (viande) cuite.

                    • Abou Antoun Abou Antoun 18 avril 2012 14:25

                      Et aussi parce que k n’est pas une lettre latine comme les autres.
                      extrait du wiki :
                      La lettre K, redondante avec C, n’a été conservée en latin que devant /a/ et dans très peu de mots (KALENDAE, « calendes »).
                      Pratiquement en français aucun mot d’origine latine (et ils le sont presque tous) ne comporte la lettre K.


                    • gordon71 gordon71 18 avril 2012 21:29

                      « L’OCDE, dont le souci n’est que de comptabiliser la main d’œuvre disponible en définissant des » compétences de base « ne cherchait qu’A mesurer un niveau minimum pour » l’employabilité « . C’est dire que n’ont pas été prises en compte des capacités de lecture pourtant indispensables A qui veut utiliser l’écrit avec profit : compétences » approfondies « touchant A l’organisation du texte, des phrases, au choix des mots... et surtout compétences dites » remarquables « , qui ne le sont que par leur rareté, hélas, et qui permettent de saisir par exemple l’implicite d’un texte, c’est A dire ce que l’auteur nous fait comprendre sans l’écrire noir sur blanc ».

                      tiré du même texte de Badiou : un document de référence pour moi : 
                      l’écrit un enjeu de pouvoir


                      • gordon71 gordon71 18 avril 2012 21:30

                        un texte que devrait avoir affiché tous les maîtres de CP de France en face de leur bureau 


                        • gordon71 gordon71 18 avril 2012 22:33

                          devraient 


                          au coin

                          • rhea 1481971 19 avril 2012 08:36

                            Ce mois ci un mensuel grand public titre « l’intelligence humaine en panne ». Nous n’aurions plus les moyens intellectuels pour faire progresser ou entretenir des technologies mises au point au vingtième siècle. Une crise financière a pour origine un déficit d’intelligence d’une majorité de la population.


                            • Francis, agnotologue JL1 19 avril 2012 08:41

                              rhea,

                              vous dites : « Une crise financière a pour origine un déficit d’intelligence d’une majorité de la population. »

                              Ah bon ? Par quelle diablerie cela serait-il possible ?

                              Je dirai plutôt : un déficit d’intelligence d’une majorité de la population a pour origine la prépondérance dictatoriale de la finance sur les autres valeurs.

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