Propos iconoclastes sur la démographie
On a pu lire, dernièrement, la "bonne nouvelle" saluée par tous les commentateurs unanimes : la France est en tête des grandes nations européennes pour la fécondité ! Réjouissez-vous, bonnes gens, on fait des bébés plus qu’ailleurs, signe de vitalité de la nation, signe de confiance dans l’avenir, enfin nos retraites seront assurées, notre pays sera "plus fort", sous entendu il comptera plus dans le concert des nations, et bla bla bla...
Or, excusez-moi, mais cette nouvelle m’attriste et surtout m’inquiète énormément.
Ces poncifs, que l’on traîne depuis des siècles, sont devenus obsolètes et même trés dangereux pour la survie de la planète. Des idées qui ont pu être "vraies" dans le passé (mais pour de mauvaises raisons), sont devenues fausses aujourd’hui car le monde a changé. Explications.
Sur le plan civilisationnel :
Jusqu’au XXème siècle inclus, les nations se sont construites sur l’idéologie de la force et de la peur, en concurrence avec les voisins dont il fallait se défendre et, au besoin, les annexer pour avoir, comme disait Hitler, "de l’espace vital".
Pour cela, il fallait du monde, beaucoup de monde, d’où les politiques natalistes encouragées par les Etats et... les Eglises. Du monde pour se battre et se sacrifier, du monde pour occuper les contrées conquises.
Or, diable merci, sur ce plan désastreux de la formation des nations, il est permis de croire et d’espérer que les frontières se sont stabilisées, même s’il existe encore quelques foyers de tension. La tendance va vers la fédération d’ensembles de plus en plus grands et envisager une guerre entre ces ensembles serait suicidaire (chacun sait qu’il n’y aurait pas de vainqueur dans cette hypothèse).
D’ailleurs, un petit pays possédant l’arme nucléaire ferait plus de mal à un grand pays que s’il avait une armée de millions d’hommes... Autrement dit, la guerre d’aujourd’hui n’est plus une question de nombre, c’est une question de technique.
Malheureusement, dans l’inconscient de nos dirigeants et dans toutes les classes sociales, ce fantasme du "nombre salvateur" est toujours présent comme l’héritage d’un lourd passé qu’on a bien du mal à évacuer.
Sur le plan économique :
Envisager la croissance démographique comme une solution à nos problèmes économiques est également une idée fausse et dangereuse.
Notre société post-industrielle est schizophrène : elle fait tout ce qu’il faut pour éliminer des emplois, grâce (?) au machinisme, à la robotique, à la cybernétique, à l’informatique. Toutes ces belles inventions avaient pour but l’intention louable de libérer l’homme des tâches pénibles. Ce qui a été fait en partie. Puis les notions de concurrence, de rentabilité, de compétitivité, sont venues s’imposer au détriment des emplois. Cerise sur le gâteau, l’économie parallèle financière et virtuelle, faite de spéculations, est venue plomber un peu plus le système.
Libérer l’homme des tâches difficiles au point qu’il y ait de moins en moins de tâches et sans avoir imaginé une nouvelle société basée sur une autre répartition des richesses, voilà le drame que nous subissons et qui attend les générations futures.
L’économie actuelle n’est pas viable, la preuve, on est obligé de la soutenir et de l’aider par toutes sortes de moyens. C’est une malade en soins intensifs.
Ce n’est pas être pessimiste de prévoir qu’il y aura de plus en plus de chômage, donc de pauvreté dans nos pays "riches", c’est du réalisme.
Alors, faut-il se réjouir de la démographie dans ce contexte ? C’est irresponsable.
La démographie mondiale : sujet tabou
C’est surtout au plan mondial, donc écologique ( au sens large du terme ) qu’il faut s’inquiéter de la démographie, et non regarder le problème par le petit bout de la lorgnette nationale. La population globale ne cesse d’augmenter de manière exponentielle et c’est là le principal danger qui menace notre survie, bien avant les armes nucléaires.
Apparemment, personne ou presque ne s’en inquiète, notamment parmi les décideurs qui ne sont pas capables de penser à long terme. A croire qu’ils suivent toujours l’injonction de la Bible "croissez et multipliez", sans en voir les limites et les conséquences...
Dans la nature, on le constate facilement, il s’établit une sorte d’équilibre entre les espèces aussi bien animales que végétales. Quand une espèce croît démesurément, le résultat est souvent catastrophique.
Imaginons qu’une espèce, disons les criquets, se multiplie indéfiniment et échappe à tout prédateur... Il n’y aurait bientôt plus aucune nourriture sur terre et, pour finir, la race elle-même des criquets disparaîtrait, sauf à se manger les unes les autres.
L’espèce humaine court le même danger, d’autant plus que l’homme n’a d’autre prédateur que lui-même... Il use bien de cette terrible facilité, mais ça ne suffit pas, globalement, pour inverser la courbe démographique.
Ce faisant, nous allons à grands pas vers notre fin inéluctable, en dépit des optimistes invétérés qui clament haut et fort "oui, la terre peut supporter 12 MDS d’habitants"... Oui ? alors supposons, mais dans quelles conditions épouvantables ? Et aprés, qui sera capable d’arrêter l’expansion si nous n’en sommes pas capables aujourd’hui ?
Déjà, avec 6 MDS, prés d’un milliard crève la faim, et deux autres milliards en sont au seuil de pauvreté extrème. Compter sur la sagesse des hommes pour partager les richesses ? Non merci, là est la vraie utopie.
Une chose est sûre : si la population mondiale pouvait décroître drastiquement et se stabiliser autour de 3 MDS, il y aurait, certes, une période difficile à passer, surtout dans les pays développés comme le nôtre, mais il existe des solutions économiques pour passer ce cap.
Ensuite, l’homme aurait une chance de trouver ce qu’il cherche depuis des siècles : l’harmonie et la paix dans un monde enfin vivable.
Enfin... à condition qu’il devienne aussi un peu plus intelligent !
32 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON