Qu’est-ce que gagner de l’argent honnêtement ?
L’argent et son gain sont devenus dans nos sociétés l’un des problèmes majeurs des individus et des collectivités afin d’assurer leur propre subsistance. Malgré le vieil adage populaire « L’argent ne fait pas le bonheur », nos sociétés modernes doivent vraiment être génératrices de grands malheurs et de désespoir parmi les individus, pour que l’argent et son acquisition aient pu investir à un tel point la pensée politique, individuelle, et organisationnelle de la vie en société, devenue une société de l’argent, communément appelée « société de consommation ».
L’individu ordinaire se retrouve donc dans une situation de vie où la quête d’argent est devenue primordiale pour assurer sa survie. De l’argent gagné dépend non seulement son confort matériel, mais également sa survie relationnelle, sociale, mais également biologique. En effet, la société autorise la misère sociale des sans-domicile fixes, mourant de froid dans les rues de nos grandes villes, l’hiver. Une telle société, au par ailleurs élitiste, doit être foncièrement et intégralement corrompue et pourrie pour laisser des êtres humains mourir dans la solitude et les intempéries.
Vivant dans une société totalement corrompue et pourrie, que peut faire un être humain ordinaire, de sa vie ? Quelle activité peut-il engager ? Comment peut-il gagner de l’argent, de manière honnête ? Par gagner de l’argent de manière honnête, nous entendons : gagner de l’argent sans exploiter les autres, physiquement ou psychologiquement, sans exploiter abusivement la nature et ses ressources naturelles, sans contaminer ni polluer irréversiblement l’environnement, sans lutter continuellement dans une spirale destructrice des rapports humains qu’est la compétition et ses avatars nés de l’ambition et de la volonté de réussite sociale.
Lorsque l’on est ambitieux, soucieux de sa propre réussite personnelle, de sa propre respectabilité, de manière complètement égocentrique et auto-centrée, l’on ne peut foncièrement qu’être corrompu et malhonnête, à l’image de la société dans son ensemble. Que ce soit sa réussite personnelle, ou celle de son entreprise, de son groupe et de manière élargie, de sa communauté, de sa nation, un tel mouvement ne peut véritablement que générer de la corruption et de la malhonnêté. Les entreprises en concurrence les unes avec les autres, les travailleurs en concurrence les uns avec les autres, les chômeurs en concurrence les uns avec les autres, l’idée même de concurrence corrompt les esprits et les individus dans la société. De cette corruption morale et psychologique, tournée vers le gain individuel et la séparation des individus entre eux, des entreprises entre elles, naît inévitablement la malhonnêté.
Et il s’agit là de quelque chose de très factuel et actuel que chacun d’entre nous peut observer à l’oeuvre dans la société de tous les jours. Jamais les affaires de fraude, les abus dans le monde du travail, les passe-droits abusifs, les arnaques industrielles et économiques en tout genre, les manipulations publicitaires et politiques en faveur d’une société consommatoire, divisée et inégalitaire, n’ont été si florissantes que dans les sociétés basées sur la compétition individuelle et entrepreuneuriale. L’entrée de la Chine dans le capitalisme mondial nous l’indique encore récemment dans l’actualité avec cette affaire de faux diplômes universitaires. Alors que la mondialisation économique domine la conscience politique, les divisions, appartenances et sentiments nationaux sont encore valorisés dès le plus jeune âge, tandis que la « guerre économique » est enseignée dans l’enseignement supérieur. N’y a-t-il pas quelque chose qui cloche au royaume de la consommation ?
Les institutions et travailleurs oeuvrant pour la guerre, quelle qu’elle soit, oeuvrant pour le maintien des divisions entre les êtres humains, celui des groupes, des nations ou autres, ne peuvent être que foncièrement malhonnêtes. Les politiciens de nos pays vivent plutôt chichement de cet état de divisions nationales au niveau de la planète, mais également de divisions internes au niveau même de la population, et les utilisant à des fins idéologiques pour conforter leurs propres ambitions personnelles et leur propres activités et modes de vie.
Aussi que peut faire un individu ordinaire dans ce chaos sociétal ? Adhérer au mouvement général de travail/consommation, avec toute la malhonnêteté et la corruption associée, à la poursuite illimitée de ses petits plaisirs personnels, et mener une vie de cloisonnement psychologique quant à l’état de la société et du reste du monde ? Adhérer à des principes publicitaires de travail ou de commerce éthiques, ou de développement durable, façades séductrices et de bonne conscience, participant au même mouvement isolateur et l’encourageant parfois dans ses formes nationalisées et compétitives ? Ou alors, n’est-ce pas l’accumulation perpétuelle d’argent, la démesure d’une société de l’argent et de la consommation, qui corrompt l’essence même et l’esprit du travail ? Car de nos jours, le travail a perdu tout son sens. Travailler, au sens où la politique et les médias l’entendent, est quelque chose de véritablement horrible quand on veut bien se donner la peine d’y penser. Et plutôt que de se passer du travail, l’activité humaine étant nécessaire, ne faudrait-il pas tout d’abord se débarasser des politiques et de leurs idéologies sur la société, l’économie et le travail ?
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