Qu’est-ce que la psychologie ?
Le mot psychologie est dérivé de la mise en relation des termes grecs : ψυχή-, (psukhé-) et -λογία, (-logía). Le premier signifiant esprit, et occidentalement traduit par « âme » ou « soul », et le second « paroles en l’air » ou « paroles », et transformé en « science » ou « connaissance ». Le terme psychologie, comme tout mot, est chargé d’un long et lourd conditionnement historique, et en tant qu’issu de la pensée ancienne grecque, repose intégralement sur l’idée de mesure, prédominante à cette époque. Ainsi, au sens traditionnel et comme elle s’est développée à partir de cette pensée, la psychologie s’intéresse à la mesure de l’esprit, ce qui nécessite non seulement des points de référence, des catégorisations, des concepts, mais également des outils associés, eux aussi façonnés par la pensée.
Aussi, il n’existe pas de cultures modèles, ou supérieures aux autres cultures, les cultures les plus développées étant tout autant voire plus guerrières que les moins développées. Le modèle de développement occidental s’est imposé par l’efficience technique et par un développement marchand pragmatique et matérialiste. L’accumulation matérielle s’est également développée dans le domaine de la connaissance, et les idées, concepts et théories sont ainsi également devenus des objets d’accumulation, d’appropriation.
Cette préconception cognitive a largement influencé tous les modèles éducatifs dont la principale caractéristique est devenue la mémorisation et l’accumulation de faits ou d’événements, de définitions ou de méthodes. L’acquisition de capacités techniques nécessitant l’intégration de modèles, l’assimilation de savoirs-faire et la mémorisation d’un certain nombre de connaissances, l’éducation a majoritairement été réduite à cet aspect accumulatif, et entièrement basée sur le savoir, sujet aux examinations.
La psychologie est ainsi définie de manière moderne, comme l’étude scientifique de la psyché, c’est-à-dire, comme un processus de connaissance de l’esprit humain, intégré dans un certain champ culturel ou non. Comprise dans un sens plus large, l’intérêt de la psychologie réside dans la "connaissance de soi", dont la formulation existe à la fois dans la pensée occidentale (cf la maxime attribuée à Socrate : "Connais-toi, toi-même, et tu connaîtras l’univers et les dieux.") et la pensée orientale dans ses diverses philosophies, religions et approches de la "méditation".
Si pour la pensée occidentale, la connaissance de soi est basée sur l’accumulation de concepts, théories et représentations fragmentaires de l’esprit humain, et également tournée vers la matière et l’étude du cerveau, la pensée orientale tend à une vision plus unificatrice de cette approche, notamment dans ses conceptions non-dualistes, mais beaucoup plus axée sur la contemplation, et l’intériorité. Les démarches introspectives n’en demeurent pas moins présentes dans le champ de la recherche scientifique occidentale, bien que pendant un certain temps écartées suite à de nombreuses controverses méthodologiques.
Les pensées occidentales et orientales partagent cependant dans leur approche de la connaissance de soi l’idée que la pensée elle-même est l’outil le plus approprié à cette fin, ce qui invite à nous questionner sur les motifs de la connaissance de soi, tant dans la perspective occidentale que dans celle orientale. En Orient, la connaissance de soi est principalement à visée libératrice et religieuse. En Occident, la connaissance de soi est principalement à visée adaptative et médicale. Entre ces deux pôles, existent bien évidemment tout un panel de nuances dans les approches, dépendant aussi bien des parcours personnels et des intérêts des psychologues-thérapeutes, que de celles des philosophes ou pratiquants orientaux de formes de méditations exotiques et diverses, exerçant le plus souvent dans le cadre d’organisations sectaires.
L’institutionnalisation de la connaissance de soi débouchant soit dans le cas de l’Orient dans les religions organisées ou dans le cas de l’Occident dans les institutions ou corpus professionnels médicaux acceptent en leur sein de nombreux dogmes et uniformisations de pensée, établissant des règles et modèles stricts pouvant fortement limiter la portée et les résultats de la pratique d’aide ou de support psychologique conventionnellement attribués à ces institutions. En effet, la mise en place d’autorités au niveau psychologique et l’uniformisation catégorielle des approches font que la plupart des psychologues sont orientés à n’envisager la connaissance de soi que par le biais d’abstractions, d’idéations, de courants de pensées, et au travers de filtres intellectuels extérieurs, mais presque jamais dans l’actualité, personnelle et individuelle.
Enfin, les pensées occidentales et orientales partagent l’idée, déjà évoquée plus haut, que la pensée est le seul outil envisageable dans l’approche de la connaissance de soi. C’est-à-dire que ces deux formes de pensée, culturellement conditionnées, limitées, partagent l’idée que le temps psychologique est inéluctable dans cette approche. En Occident, se libérer de ses blocages ou obstacles psychologiques, prend du temps, et est principalement à visée adaptative, tandis qu’en Orient, le temps, au niveau psychologique, est également perçu comme nécessaire pour atteindre l’"éveil", ou la "libération intérieure". Cette idée commune repose sur celle d’évolution graduelle au niveau psychologique -donc d’efforts conscients en vue de se changer soi-même-, qui peut très bien être non fondée (l’évolution biologique étant quant à elle certaine et évidente).
En mélangeant les sphères matérielle (biologique, externe et objectivante) et psychologique (intériorité du vécu, représentations, etc...), la psychologie occidentale opère également une réduction ne permettant pas d’appréhender de manière globale et holistique la connaissance de soi, qui demeure ainsi limitée à ses aspects superficiels voire symptômatiques, dans son approche médicale. La spécialisation et la fragmentation des champs de connaissance en psychologie participent ainsi en Occident d’une pensée générale cloisonnée et morcelée, orientée vers l’individu, mais en en niant principalement l’individualité, elle aussi considérée comme basée sur le temps, et donc sujette au conformisme, à l’imitation, à l’effort, et à la comparaison.
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