Quand la « racaille » met les voiles...
La mer se révèle souvent une excellente éducatrice pour les jeunes qualifiés de difficiles, non insérables. Une expérience vient d’être saluée pour avoir permis à des jeunes « dans la galère » de voguer en apprenant les règles de la vie sociale.
"Lorsque le vent soufflera, je repartiras. Dès que les vents tourneront nous nous en allerons..."
C’est un gendarme qui eut l’envie de devenir éducateur pour prévenir les risques de récidive des jeunes primo-délinquants. Le concept lancé en 2003 a porté ses fruits. Sur 47 adolescents qui ont appris à naviguer, seuls 3 ont récidivé. L’initiative vient d’être couronnée du prix Solidarité Reader’s Digest et France Bleu.
Gérard Bourdet est gendarme à Valognes et depuis 2003 éducateur et président de l’association "Voiles écarlates" qui travaille de concert avec le juge des enfants et le conseil général ainsi que d’autres partenaires institutionnels. Il se voit confier des mineurs placés sous protection de justice ainsi que des adolescents faisant l’objet de mesures de réparation pénales. Ces derniers se voient attribuer des tâches diverses : nettoyage de ports, protection du littoral, carénage des bateaux, etc.
"Ma profession de gendarme m’ayant permis de constater à maintes reprises que la mise en détention de mineurs n’est pas la meilleure solution pour la majorité d’entre eux, ces derniers récidivant, je suis de ceux qui pensent (ainsi que les bénévoles qui m’entourent) qu’il faut trouver une alternative à l’emprisonnement et laisser une chance au jeune de se racheter."
Voir le site de "Voiles écarlates".
Mais de telles initiatives ne sont pas forcément réservées à des jeunes difficiles. Elles peuvent aussi accompagner l’insertion sociale de majeurs.
La Boudeuse à la rencontre des "peuples de l’eau"
En juin 2004, La Boudeuse et son équipage se lancent dans un vaste tour du monde sous le haut patronage de l’UNESCO. Ils sont allés à la rencontre de peuples des îles mal connus ou difficiles d’accès : les indiens Yuhup, les Pascuans, les Rapa Nui, les peuples polynésiens d’atolls perdus...
La Boudeuse a accueilli à son bord des jeunes : des majeurs ici, âgés de 18 à 25 ans, qui ne sont pas des délinquants mais qui sont issus de collectivités locales associées au projet et intégrés au programme jeunesse de la mission.
Découvrir le programme jeunesse de La Boudeuse sur le site la-boudeuse.org.
Quand survient le drame
Le célèbre juge des enfants Jean-Pierre Rosenczveig a exprimé en 2003 des réserves et conseils de précaution à prendre pour les séjours de rupture en mer. Son article fait suite à un drame survenu cette année-là sur le bateau géré par une association :
Parti en Zambie le 24 février 2003 pour effectuer ce que les services sociaux appellent un "séjour de rupture", un garçon de 15 ans de la région brestoise, y est décédé le 17 mars. Il était devenu le souffre-douleur de son groupe qui comptait huit autres mineurs en difficulté et a subi des violences. L’encadrant du séjour, âgé de 39 ans, fut mis en examen pour "séquestration et violences aggravées sur personne vulnérable" et écroué le 9 avril à Brest. Selon les dires de garçons du groupe, il aurait encouragé et même participé à certains faits.
Jean-Pierre Rosenczveig avait alors réagi à l’événement et rappelé quelques principes dans un entretien avec Le Parisien du 19 avril 2003 :
A la question "Faut-il encourager les séjours de rupture ?", le magistrat répond qu’il faut examiner au cas par cas et adapter. Il déclare : "Je ne suis pas sûr, en l’occurrence, que Cyril devait être envoyé si loin", mettant en garde aussi sur la tentation d’encadrement et d’un suivi au rabais quand l’enfant est loin. L’éloignement ne suffit pas en soi. En revanche, il n’est pas surpris par le fait que « l’éducateur » sur place n’était pas diplômé. Dans le secteur de l’enfance en danger, il est parfois fait appel à des non-professionnels, souvent très compétents mais qui offrent toutes garanties sur la qualité du séjour. Le juge pointe le danger de l’essor d’un véritable marché de l’enfance en danger. "Financièrement, c’est un secteur qui pèse très lourd : au moins 35 milliards de francs (5,34 milliards d’euros). Il peut se révéler très lucratif pour les structures qui y interviennent, même s’il est rare que les intervenants en profitent individuellement."
Aujourd’hui, les leçons ont été tirées et le succès de la mission "Voiles écarlates" le prouve.
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