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Accueil du site > Actualités > Société > Que signifient les idéologies dites « extrêmes » (selon) en notre temps ? (...)

Que signifient les idéologies dites « extrêmes » (selon) en notre temps ? Bilan

Même quand on n'est pas d'accord avec les idéologies dites (selon) "extrêmes" en notre temps - celles, en vrac, de Renaud Camus, Elisabeth Badinter, Alain Finkielkraut, Dieudonné M'Bala M'Bala, Michel Onfray, Natacha Polony, Alain Soral, Eric Zemmour, etc. - ... même quand on n'est pas d'accord avec ces idéologies, disions-nous, ces idéologies signifient quelque chose, quant au Devenir contemporain. Tendons l'oreille.

 

 

Renaud Camus et « le Grand Remplacement »

 

L'idée, au fond, est très simple : devant la reconnaissance progressive des minorités, et même leur reconnaissance active (en certains sommets, désireux d'en profiter économiquement transnational, comme à certaines bases, désireuses de militer socialement transfrontière) ... il appert que spontanément, le « monde blanc » disparaît, et est remplacé par « d'autres mondes » qui ne ressortent pas de son Histoire. Ce remplacement est dit « grand », parce qu'à l'échelle inter-continentale euro-américaine. Et c'est donc un « remplacement », parce que la conséquence en serait la disparition de l'Histoire blanche. D'aucuns disaient crûment, dès les années '80 : « Tu verras, dans vingt ans, on sera tous des Arabes. » Pour Renaud Camus, le phénomène est historique, sans être politiquement comploté.

Le fait est que l'élite mondialisée, même si elle collabore avec des « élites de couleur » diversement (notamment, quand elles ressortent des BRICS « pour les besoins de la cause économique ») ... le fait est que l'élite mondialisée est essentiellement blanche, voire WASP. C'est-à-dire que les populations blanches (avec en sus la montée des extrêmes-droites en Autriche - et pas qu'en Autriche, - sans parler des frontières internationales relativement clauses : la France ne respecte toujours pas la convention de Genève) ... les populations blanches, détentrices historiques de la puissance internationale, ne sont pas exactement à plaindre sur ce plan, et se défendent.

Certes, et comme l'estime Christophe Guilluy manifestement, la fréquentation de milieux multi-ethniques est socialement liée aux classes populaires. Les classes bourgeoises, elles, ne sont pas ou peu exposées (en dehors des politiques de quotas, qui les fait introniser « les couleurs » dans la visibilité médiatique). Quant aux classes intermédiaires - pour ce qu'il en reste - elles tendent à imiter les classes bourgeoises. A partir de là, donc, l'idée simple du « Grand Remplacement » n'est pas persuasive de la même façon selon les milieux, c'est l'évidence.

Mais enfin, que signifie-t-elle, cette idée d'un « Grand Remplacement » ? ... L'idée d'un « Grand Remplacement » historique, manifeste essentiellement les défiances, les prudences, voire les craintes, devant « la Mondialisation ». Elle manifeste un besoin d'enracinement, pas nécessairement d'entre-soi xénophobe, mais certainement de gestion à rythme humain, des mouvements de populations sur la Terre. Car « la Mondialisation » est elle-aussi un grand mot, qui ne se vérifie concrètement que via la géostratégie militaro-indutrielle et la technologie (éminemment « de source blanche »), et pas partout non plus. C'est-à-dire que « la Mondialisation » a sa géographie, aussi, largement dépendante des bourses et autres réseaux télécommunicationnels. Quand elle est militaro-industrielle, elle provoque évidemment les migrations nécessitant des réfugiers, sans parler des réfugiers climatiques. Finalement, donc, l'idée d'un « Grand Remplacement » historique, témoigne d'un effroi devant les conséquences des exactions contemporaines pour la puissance planétaire.

 

Elisabeth Badinter et « le féminisme anti-hijab, et a fortiori anti-burqa »

« Le féminisme », disent régulièrement les féministes, « ça n'existe pas ». Mais « ce qui existe, ce sont les féminismes ». Aussi bien, Elisabeth Badinter représenterait-elle un féminisme spécifique, parfois taxé de bourgeoisisme voire d'aristocratisme. En tout cas, il s'agit certainement d'un féminisme d'héritage républicain français : la nuance est importante, car c'est ainsi que « d'autres féminismes » condamnent Elisabeth Badinter comme réactionnaire.

Ce qui est extraordinairement paradoxal, puisqu'Elisabeth Badinter lutte elle aussi pour la libération de la femme, en l'occurrence du voile (court, le hijab ; long, la burqa). Aussi y a-t-il « un féminisme islamisant », laissant la parole à des femmes témoignant sans doute possible, être à l'aise avec leur port du voile. Nous voici dans un vieux débat français, qui débuta fin des années '80, avec la question du port du voile à l'école. Il y a des habitus français ici gênés, par l'introduction d'un vêtement essentiellement moyen-oriental. Or, pourquoi les femmes moyen-orientale portèrent-elles le voile, pour commencer ? ... C'est, entre autres, une affaire de prostitution, qui n'a rien à voir avec le Coran, mais des traditions postérieures.

Bref, que signifie « ce féminisme anti-hijab, et a fortiori anti-burqa » ? ... Certainement pas qu'Elisabeth Badinter serait « islamophobe », d'autant plus que la notion d'islamophobie laisse à désirer. Par contre, il signifie tout bêtement que la France ne s'est toujours pas dépêtrée de la question du port du voile, depuis les années '80. Et surtout que cette même France, éprouve des difficultés à se reconnaître dans son héritage républicain, d'une part (lui préférant parfois un devenir multi-ethnique, comme autour de Renaud Camus), héritage qu'elle ne sait plus bien défendre. D'autre part, cela signifie plus généralement que cet héritage-même, est ambigu : quid de la liberté ? Comment la comprendre ? Jusqu'à quel point ? Et pourquoi ? ... Car, de toute évidence, l'influence islamique n'était pas prégnante, dans les années où les Français adoptèrent leur devise Liberté, Egalité, Fraternité (tout comme l'influence inclusive n'était pas prégnante). Enfin, quelle est la nature du « vivre-ensemble » ? Un multi-ethnisme potentiellement communautariste et confustionniste (comme le communautarisme est une réalité déjà), ou un culturalisme potentiellement nationaliste et raciste (comme le racisme est aussi une réalité) ? ... A vrai dire, les discours ambiants passent de Charybde en Scylla. Mais c'est drôle alors, comme les uns et les autres exagèrent toujours.

 

Alain Finkielkraut et « le sionisme atlantiste »

De même qu'Elisabeth Badinter, Alain Finkielkraut est taxé d'« islamophobe ». On attend toujours les procès judiciaires qui entérineront ces allégations de racisme : ces personnalités sont assez exposées médiatiquement pour qu'on puisse les prendre à faux. Et pourtant. Ni l'une ni l'autre n'ont commis les « dérapages » d'un Le Pen père, largement assumé dans la démarche, et justement condamné pour cela. D'ailleurs, le Front National lui-même n'est pas réputé pour apprécier les juifs : on voit mal comment un Alain Finkielkraut ressortirait « de l'extrême-droite », lui qui est déjà accusé de « sionisme atlantiste » souvent.

Le problème, c'est qu'il suffit d'écouter ses émissions de l'Esprit de l'escalier sur RCJ, pour l'entendre critiquer I'Etat d'Israël de nombreuses fois, sans parler des politiques euro-américaines. Et, quoiqu'il soit - tout comme Elisabeth Badinter - un républicain français convaincu (qui à ce titre, soutient plusieurs démarches jugées « monstrueusement mainstream » par les gauchistes et les complotistes tendanciels), Alain Finkielkraut s'inscrit simplement dans un culturalisme que ne renierait pas un Salvador, à chanter Douce France. Si cela peut sembler rétro, ça ne saurait être « d'extrême-droite » : comment un ressortissant de la communauté juive s'allierait-il avec l'extrême-droite française, tout en étant jugé « monstrueusement mainstream » ? ... Sa consécration académicienne, quand même controversée (précisément à cause des contradictions dites), en est une autre démonstration ; restons logiques.

En somme, que signifie « ce sionisme atlantiste » ? ... Il signifie moins pour Alain Finkilekraut lui-même - en fait défenseur réaliste-politique de la France, de son héritage et de ses alliances - que pour l'ensemble de ses opposants : le « sionisme atlantiste » imputé à Alain Finkielkraut, signifie essentiellement que l'époque dans laquelle nous vivons ne sait plus lire ni écouter, ou plutôt qu'elle s'y refuse, au nom de ses goûts et dégoûts idéo-affectifs. C'est-à-dire exactement ce que condamne Alain Finkielkraut, lucide sur ce point : que les réflexes d'interprétation priment sur les constatations. Et, pire, que les constats eux-mêmes ne sont plus capables d'influencer les réflexes d'interprétation : la grille d'analyse prime sur l'objet analysé, de telle sorte, en fait, qu'au nom même de « l'analyse », il se passe tout sauf des analyses véritables. C'est-à-dire qu'on est en droit de réprouver les déterminations d'Alain Finkielkraut, encore le faudrait-il avec la même honnêteté intellectuelle : il n'y a pas « une seule et unique » honnêteté intellectuelle, celle qui vous donne raison ! Mais il y a des honnêtetés intellectuelles, fatalement dépendantes de vos dispositions. Celles d'Alain Finkielkraut s'inscrivent dans la défense d'un héritage culturel.

A noter que le culturalisme, déjà évoqué pour Elisabeth Badinter, est une théorie anthropologique scientifique. Une recherche sur un moteur connu, vous démontre le sérieux de cette théorie. Néanmoins, Wikipédia vous apprend que : « En France récemment, le concept de “culturalisme” est souvent utilisé dans le débat public pour qualifier négativement des travaux ou des prises de position donnant une part trop importante aux explications culturelles de comportements conditionnés socialement. » Autant dire que le culturalisme, par commodité intellectuelle (réflexes idéo-affectifs), a subi une pénible, inutile et sotte reducto ad hitlerum. C'est ainsi que « l'extrême-droitisation » est un processus, non pas vécu par les personnes concernées, mais strictement appliqué par les personnes en face, par réflexe idéo-affectif sans réflexion. Hélas, avoir des réflexes ne signifie pas avoir de la réflexion, même si les mots se ressemblent, surtout quand les réflexes sont « intellectuels » : on ne peut pas tout idéologiser, ce n'est pas vrai.

 

Dieudonné M'Bala M'Bala et « l'antisionisme dérisoire »

Ce coquin manquant d'autodérision, quoique dans des dérisions par ailleurs totales, n'a pas compris la notion de hors scène. C'est-à-dire qu'il provoqua l'Etat comme s'il était en scène ; inversement, en scène, manquant d'autodérision, il se prit au sérieux. S'il mérita ses sanctions, c'est surtout pour avoir transgressé cette notion de hors scène à perdre son autodérision. Par ailleurs, d'autres humoristes avant lui furent truculents sur les religions (Desproges en tête, évidemment). C'est-à-dire que « monsieur Dieudonné M'Bala M'Bala » n'est pas le problème, mais que tout fut idéologisé autour de lui, pour commencer à cause de lui.

En fait, il eut (selon) le courage, l'audace, l'outrecuidance ou la folie, de « taquiner » le complexe de culpabilité occidental, autour de l'holocauste juif - et pas que juif - par les nazis. Dieudonné M'Bala M'Bala remarquait, au fond, le manque d'équité occidentale, devant la question de ses violences pour le pouvoir planétaire, entre autres parce que la traite négrière (pourtant rendue possible par des Noirs africains même) a fait sur son temps long, plus de morts que l'holocauste. Tout cela est vrai.

Tout cela est vrai, mais ignore la singularité de la mise d'un abattage industriel, bureaucratique et managérial, d'êtres humains (juifs - et pas que juifs). C'est-à-dire que l'industrialisme scientifique de nos mondes blancs, est parvenu à mettre en oeuvre la « solution finale », en vertu même de méthodes toujours employées par les Etats et les Firmes. C'est que ce sont les méthodes industrialistes scientifiques qui font, entre autres, de la croissance économique. Donc, même si ces méthodes ne servent plus directement à l'abattage d'humains (les questions autour des taux de suicide et du burn out, donne à voir une corrélation vers un abattage indirect, au nom du profit ... ), ces méthodes servent toujours au traitement administratif, étatico-entrepreneurial, des humains. Bref, Dieudonné M'Bala M'Bala, sans surprise, joua avec un baril de poudre.

Or, que signifie « cet antisionisme dérisoire » ? ... Il signifie qu'on ne joue pas avec un baril de poudre et, plus encore, qu'en face l'Occident n'a absolument pas réglé son complexe de culpabilité. Cela, pour deux raisons : la première, parce qu'il se délire massivement complice, ce qui est fallacieux quoique vrai aux niveaux politiques et économiques ; la seconde, parce qu'il continue d'exploiter lesdites mêmes méthodes dans ses traitements administratifs, étatico-entrepreneuriaux.

Reste enfin que les luttes idéologiques pour la dominance - et, à tout le moins, la sauvegarde - d'une religion, sont belles et bien d'actualité, entre évangélisme étasunien, néo-sionisme et islamisme. Notez donc bien que le sionisme comme tel, n'y est pour rien : sionisme n'est pas néo-sionisme. En tout cas, qu'on le veuille ou non, ce sont des Histoires « archaïques », millénaires, qui courent à travers l'humanité au moins depuis l'Hégire voilà 1200 ans ! Le pouvoir, apparemment, n'est pas qu'économique, et la laïcité est une exception française défendable sous les auspices d'Elisabeth Badinter ou Alain Finkielkraut - par exemple.

 

 

Michel Onfray et le « libertarisme réactionnaire »

Réactionnaire, le libertarisme de Michel Onfray l'est devenu, sous le même coup d'un processus d'« extrême-droitisation » qu'il ne doit pas à lui-même - comme on a compris, - mais aux réflexes idéo-affectifs largement et ridiculement médiatisés. Encore une fois, l'honnêteté intellectuelle manque profondément, que Michel Onfray n'a de cesse d'escompter nerveusement dans les médias qu'il conspue et auxquels il s'oppose avec sa chaîne en ligne, quoiqu'il n'hésite pas à se laisser inviter.

C'est-à-dire que, quoique la valeur intellectuelle de Michel Onfray laisse véritablement à désirer (1, 2, 3, etc.), son honnêteté, elle, est manifeste. Il s'échine à la répéter toujours et partout. Et l'on est en droit de lui laisser ceci, que d'avoir « extrême-droitisé » un libertaire tel que lui, est une opération redoutablement imbécile. Du moins, aussi imbécile que sa valeur intellectuelle ... Reste que Michel Onfray, politiquement - à défaut de valoir philosophiquement - s'attache à défendre des causes qu'il n'est pas nul de rappeler, au contraire : politiquement, Michel Onfray a cet probité de rappeler - par exemple, et comme nous développions dans cet article, au prétexte de Renaud Camus - que la démarche internationale de l'Occident n'est pas sans rapport avec les retours de bâton terroristes qu'elle subit. Ce qui n'est pas excuser le terrorisme, mais faire réfléchir sur ladite démarche internationale. Malheureusement, dans l'émoi des attentats, les réflexes idéo-affectifs firent leur oeuvre.

Que signifie « ce libertarisme réactionnaire », alors ? ... Il signifie tout simplement, à la suite de ce que nous disions plus haut sur Alain Finkielkraut, qu'on ne veut plus lire ni écouter, volontiers sujet·te à ses motions idéo-affectives. Mais au-delà, surtout, peut-être, que tout le monde n'est pas compétent ni légitime, pour se mêler du débat - serait-il démocratique - parce qu'on dénie sans vergogne les compétences et les légitimités. La défiance, la prudence, voire la crainte populaires ont leurs raisons, bien intuitives, que parfois la raison ignore ...

En fait, l'ironie du sort, c'est que l'anticomplotisme mainstream tant conspué par Michel Onfray, pas toujours à tort ... cet anticomplotisme, Michel Onfray devrait plutôt le défendre, car il subit lui-même le complotisme, en tant que les complotistes sont volontiers anti-intellectuels. Aussi Michel Onfray, au nom de sa volonté de Rendre la raison populaire, se tire-t-il lui-même une balle dans le pied : intellectuel, il favorise l'anti-intellectualisme ; parfois compétent et légitime (surtout politiquement), il favorise l'attaque des compétences et des légitimités. Bref : Michel Onfray est l'archétype de la naïveté par-devers toute intelligence et, finalement, c'est une victime objective de la situation - là où d'autres, même victimes, savent se positionner clairement.

 

Natacha Polony et « Big Brother »

Elle n'est pas la seule, Natacha Polony, a se méfier des big data que nous sommes pourtant tous plus ou moins portés à cultiver, serait-ce par notre usage des nouvelles technologies. De plus, elle a certes subi diverses déconvenues légitimant - au moins à son analyse - son analyse elle-même. Néanmoins, Natacha Polony retrouva une situation non négligeable : c'est que, comme ses comparses, elle est lue, écoutée, et qu'elle vend. L'argent n'a pas d'odeur. A partir de là évidemment, la notion de « Big Brother » semble éminemment contestable, et mieux audible celle de « little brother » par Raphaël Enthoven ... et pourtant, le big data existent.

Plus encore, existent les opposants au souverainisme de Natacha Polony qui, proche d'une éducation défendue par Alain Finkielkraut - et par Michel Onfray, en tant qu'il faut rendre la raison populaire ... -, se voit aussi bêtement que les autres « extrême-droitisés », à subir une bête reductio ad hitlerum ou loi de Godwin automatique. Evidemment, c'est totalement dommage pour la citoyenneté éclairée, qui permettrait de contrer les effets délétères du capitalisme, eux-mêmes causes de l'ignorance crasse régnante, par laquelle on conspue par réflexe idéo-affectif toutes les personnes citées dans cet article. Répétons que cela n'empêche pas de les critiquer, si seulement l'argumentation n'est pas de seule indignation. Friedriche Nietzsche disait : « Nul ne ment plus qu'un homme indigné. »

Alors, que signifie les émois autour de « ce Big Brother » ? ... Ils signifient tout simplement que le capitalisme, et spécialement le chaos management, (1, 2, 3, etc.) font leur oeuvre de sape réflexive, au détriment même de la productivité - c'est vous dire la débilité ... Or, cette oeuvre de sape, comme on le voit actuellement avec le zadisme, n'est pas seulement réflexive, mais territoriale. Et c'est logique alors, que le souverainisme traverse l'ensemble de ces mouvements, de l'altermondialisme au nationalisme, en passant par le patriotisme : tout ceci n'est absolument pas négatif, mais simplement cohérent dans la démarche - quand même il y a des dérives (qu'est-ce qui n'a pas de dérives ?). L'affairisme ne nous aidera pas plus.

 

Alain Soral et la « judéophobie »

C'est Alain Soral, islamo-gauchiste patenté, qui invente la notion de judéophobie : « Je ne suis pas antisémite, je suis judéophobe. » Cela ne veut rien dire qu'un pléonasme, or la langue française ne supporte pas les synonymes exacts. Naturellement, Alain Soral aussi, pour les commodités, a été « extrême-droitisé » : c'est le plus simple, comme on a compris.

Et qu'il se revendique de Karl Marx textuellement, n'a semble-t-il pas alerté - par exemple - l'article cité à l'instant. Marx écrivait dans la Question juive : « Le judaïsme atteint son apogée avec la perfection de la société bourgeoise ; mais la société bourgeoise n’atteint sa perfection que dans le monde chrétien. Ce n’est que sous le règne du christianisme, qui extériorise tous les rapports nationaux, naturels, moraux et théoriques de l’homme, que la société bourgeoise pouvait se séparer complètement de la voie de l’État, déchirer tous les liens génériques de l’homme et mettre à leur place l’égoïsme, le besoin égoïste, décomposer le monde des hommes en un monde d’individus atomistiques, hostiles les uns aux autres. Le christianisme est issu du judaïsme , et il a fini par se ramener au judaïsme. » Autre temps, autres moeurs.

Que signifie le succès « cette judéophobie » ? ... Elle signifie, précisément, autre temps autres moeurs. A savoir que la gauche contemporaine, sans surprise, n'est plus la gauche du XIXème siècle, puisqu'elle s'est largement métamorphosée (« sociale-démocratisée, libéralisée ») horrifée par l'Histoire du XXème siècle (les goulags, auxquels elle mit longtemps à croire couramment).

D'ailleurs, l'article cité initialement sur Soral lui-même, n'en revient toujours pas : il extrême-droitise Alain Soral de ce que Soral provoqua, trolla, à se revendiquer du nazisme, mais cette phrase : « Je ne suis pas d’extrême droite, dit-il, je suis national-socialiste. » a pourtant son fond de vérité : le national-socialisme est socialiste socioéconomiquement, et socialiste au sens planificateur. Aussi ce socialisme, aussi nationaliste soit-il, a un caractère gauchiste. (Les fascismes « de droite » ressortant plus de l'Italie mussolinienne et de l'Espagne franquiste.)

Notre époque a changé en quelques années : dès les années '80 notoirement, elle a donc « extrême-droitisée » tout ce qui ne lui convenait pas. Et pourtant, François Mitterand avait commencé chez les fascistes (on a tous droit à une seconde chance, néanmoins c'est parlant) ... Bref : Alain Soral ressort pourtant d'une « bonne » « vieille » gauche, refoulée par l'époque récente - l'époque truculemment décrite par Philippe Muray (même le quotidien de l'article dit, ne l'extrême-droitise pas : c'est vous dire).

En somme ? ... Nous avons l'esprit idéologiquement vrillé. Ce qui ne signifie pas que « le centre » et « la droite » de nos jours, soient bien meilleurs que « la gauche ». La polarisation se fait plus entre « urbanités » et « les vastes restes » désormais : finance et système D : en fait, cette polarisation contre-signe la partition fallacieuse gauche-centre-droite, à laquelle plus personne ne veut plus bien croire, surtout depuis le référendum sur la Constitution européenne français en 2005, sans parler de la taxation de l'argent public en 2008 pour perpétuer le même système fallacieux.

 

Eric Zemmour et « le populisme »

Eric Zemmour : voilà quelqu'un qui a fait un diagnostic de la vrille idéologique des esprits, justement en question ci-dessus. Encore une fois, nous ne disons pas que son analyse est la seule. Elle a pourtant le mérite d'être une analyse, réalisée par une personne compétente dans son domaine, subissant l'anti-intellectualisme régnant - comme si penser était un outrage aux bonnes moeurs, désormais, et qu'il fallait d'abord et avant tout s'indigner, et surtout s'indigner de ce dont le bon coeur s'indigne ... Philippe Muray disait que nous vivions à Cordicopolis, « la cité du coeur » ... or l'on voit où cette cité conduit, entre la France et les USA par exemple. Incuries magnifiques, free hugs « au plus haut des cieux », « love parade » et « gay pride » admirables.

Encore une fois, et comme avec Finkielkraut, on ne sait pas comme un ressortissant juif a pu être assimilé à l'extrême-droite française. Cela fait beaucoup trop de monde à l'extrême-droite, et bien trop contradictoirement. (L'extrême-gauche - qui, si vous avez suivi sur Soral, est vrillée comme les autres - pour ce qu'il en reste, n'est supportée que de ce qu'elle aussi, participe du coeur, mais on veut tancer les coeurs hargneux, n'est-ce pas, or défendre des causes socioéconomiques semble devenu « hargneux par définition », sous le coup de l'affairisme ambiant. Nous avons connu mieux, et nous attendons avec impatience « l'extrême-droitisation » définitive de l'extrême-gauche, actuellement en cours - véridique : la seule radicalité possible, désormais, c'est celle de se vouloir radicalement entrepreneur). Bon.

Eric Zemmour, donc, serait populiste, et c'est bien pour cela que ses ouvrages se vendent autant, c'est bien connu. Tout ce qui se vend est tellement populiste : la publicité est populiste, par exemple. Si, si. Et c'est d'ailleurs parce qu'il est populiste, que Zemmour doit s'expliquer dans des conférences, et que par ailleurs les réflexes idéo-affectifs en face ne peuvent rien faire d'autre qu'ânonner qu'il est populiste. Pardi.

Que signifie « ce populisme » ? ... Il signifie simplement « l'extrême-droitisation » des populations. « Par définition », et de manière générale, « le·a populo » et « le·a prolo » sont ceux·lles qui n'ont « décidément » « rien compris » « au (beau) monde » qui, lui, « beau monde », détient la vérité sur ce qui est « extrême-droitisable » ou pas. « C'est évident. » Comme il est évident que l'ost-racisme auquel s'adonne.ce « beau monde », est « la bonté-même ».

Normal, il brille comme de l'or, et les populations « d'extrême-droite » - qu'elles soient en fait historicistes, féministes, républicanistes, intellectualistes, ironistes, libertaristes, souverainistes, marxistes ou populistes - sont « évidemment nauséabondes ».

Un petit bisou ?

Mal' - LibertéPhilo

 


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