Québec : calmons le jeu, cela urge
Les violentes réactions des musulmans dans certains pays commenceraient-elles à produire un effet boomerang ? Des actes de vandalisme ont été commis, plus tôt cette semaine, contre deux mosquées de Laval, une ville située au nord de Montréal. Des pierres ont été lancées sur les vitrines de ces mosquées par des inconnus.
Jusqu’à présent, le contraste est frappant entre le peu de gestes violents commis envers les musulmans vivant dans les pays non musulmans, ou contre des symboles de leur foi, et des gestes de colère destructrice de groupes de musulmans auxquels nous avons assisté.
Rahim Jaffer, un député de foi musulmane, de surplus président du caucus conservateur, le parti qui forme le nouveau gouvernement du Canada, est pour sa part convaincu que les groupes radicaux récupèrent l’incident des caricatures dans le seul but de créer des désordres.
Jaffer vient de lancer un appel au calme samedi, lors de la manifestation prévue devant le consulat du Danemark, à Montréal. La communauté musulmane du Québec est très divisée face à cette manifestation. Plusieurs leaders musulmans en demandent l’annulation pure et simple.
Dans la majorité des mosquées de Montréal, la consigne est claire : n’allez pas à cette manifestation. Les leaders musulmans craignent un dérapage. Amar Baouche, membre du conseil d’administration du Centre culturel islamique vandalisé de Laval, appelle ses coreligionnaires à ne pas céder à la violence. « On peut réagir autrement, il y a des lois, des tribunaux », a-t-il déclaré.
Le Conseil musulman de Montréal affirme pour sa part comprendre et respecter la liberté d’expression, tout en ajoutant qu’il faut tout de même faire preuve de discernement. Le Conseil musulman se réjouit de la décision des médias du Québec et du Canada de ne pas diffuser les caricatures.
Certaines tentatives de passer outre cette auto-censure qui semble s’être généralisée font long feu. En Nouvelle-Écosse, par exemple, un professeur a dû enlever les caricatures qu’il avait affichées sur sa porte. Les autorités universitaires lui ont fait comprendre que sa liberté académique avait des limites. Au moment où il discutait avec ses étudiants des caricatures, qu’il pouvait tout de même montrer dans sa classe, une manifestation avait lieu sur le campus universitaire.
Le journal étudiant de l’Université de l’Île-du-Prince-Edouard, à Charlottetown, a lui aussi subi les foudres de l’Université, après avoir publié les caricatures controversées. Le recteur a ordonné le retrait immédiat de tous les exemplaires du journal.
De nombreuses voix s’élèvent à travers le monde en faveur d’un franc dialogue, en lieu et place de la violence. À Montréal, par exemple, les leaders religieux musulmans vont tenir prochainement des journées portes ouvertes à l’intention des non musulmans.
La Fédération professionnelle des journalistes du Québec fait de son côté la promotion sur son site d’une table ronde sur la controverse entourant les caricatures de Mahomet (La presse a-t-elle le droit de blasphémer ?).
Vivement que le jeu se calme, afin de passer du stade de l’émotion à celui de la réflexion.
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