• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Actualités > Société > Quel avenir pour l’Education Populaire ?

Quel avenir pour l’Education Populaire ?

Education Populaire ? Une notion bien peu connue, un domaine d’activités peu médiatisé. Et cest bien ceci qui me pousse à vous en parler aujourd’hui. D’autant plus qu’elle est aujourd’hui face à une actualité difficile...
Education Populaire, qui est-elle ? Que fait -elle et où en est-elle ? Voici trois questions auxquelles je vais essayer de répondre afin d’atteindre un objectif primordial : Informer de ce sujet si présent et absent à la fois...

Commençons par l’actualité. Ce sera sans doute le plus simple pour aborder le sujet. Le 6 octobre dernier, le Ministre de l’Education Nationale, Xavier Darcos, annonçait la suppression partielle des subventions allouées aux associations complémentaires de l’enseignement public. Des associations pour l’ensemble, mouvements de l’Education Populaire. Ajouté à cette annonce, la décision unilatérale de supprimer l’ensemble des postes d’enseignants mis à disposition de ces associations.

Vient donc le temps de vous expliquer qui sont ces associations. Pour quelques parents, ces mouvements sont très connus pour leur activité dans le domaine des séjours de vacances pour mineurs. Pour de jeunes étudiants, ces mouvements sont connus pour leurs formations aux fonctions d’animateur. Pour une fraction de la population, ces mouvements sont donc connus pour leurs activités destinées aux enfants et jeunes autour de l’école, sur les temps de loisirs ou sur les congés professionnels.

Ces même associations sont connues par un nombre important d’enseignant pour leurs actions menées conjointement avec eux que ce soit dans le cadre de l’école ou à côté, centre de loisirs, classes découvertes, soutien scolaire, activités culturelles, sportives, etc... L’Education Populaire résume cet ensemble d’activités et de projets. C’est tout ce qui regroupe l’action éducative qui se passe sur les temps hors-école. Dans d’autres pays, ce terme est plus connu sous le nom d’Education Permanente.

L’Education Populaire à la Française pourrait être presque une spécifité nationale tant son histoire est riche et que son secteur d’activité est important. Tout est arrivé un jour d’avril 1792, alors que Condorcet remet un rapport intitulé « Rapport et projet de décret sur l’organisation générale de l’instruction publique ». Un rapport qui pose pour la première fois l’idée d’une école primaire publique. L’école qu’on connaît aujourd’hui s’en inspire en partie, mais ceci est un autre vaste sujet qui serait laborieux de traiter ici.

Dans ce Rapport Condorcet, on y parle d’école mais aussi et surtout d’"éducation tout au long de la vie". C’est cette idée particulière qui différencie ce rapport de tous ses ascendants. La reconnaissance politique de la nécessité de l’éducation de l’individu tout au long de sa vie est née et avec lui toute une histoire bien riche en rebondissements. On y retrouvera les Universités Populaires, l’essor des colonies de vacances à la française, la naissance du Ministère de la Jeunesse avec Léo Lagrange en 1936, la création de La Ligue de l’Enseignement par Jean Macé l’institutionnalisation de l’éducation populaire à travers le Ministère de la Culture et promue par des structures toutes dédiées, en premier lieu l’INJEP.

Depuis, les structures oeuvrant dans le domaine de l’éducation populaire se sont multipliées et se sont diversifiées. Des acteurs importants apparaissent sous le statut d’associations : CEMEA, Francas, Les Eclaireurs et Eclaireuses de France (mouvement scout laïque) et beaucoup d’autres. Tant ils sont nombreux, il serait fastidieux de tous les nommer ici et d’expliquer leurs spécifités. Reconnues une à une d’utilité publique, elles s’imposent comme partenaires indispensables de l’Etat dans le champ de l’éducation et reçoivent des agréments pour la formation de personnels éducatifs dans le secteur de l’animation.

La nation française reconnaît alors à ces associations leur caractère utile à la politique de l’éducation des individus et en premier lieu les enfants. Et ceci encore dernièrement par la voix du Président de la République, Nicolas Sarkozy, lors du discours de Batz-sur-Mer. Ceci s’était déroulé le 24 juillet dernier et trois mois plus tard toutes les promesses semblent bien lointaines. Nous revenons ainsi à l’actualité, le désengagement de l’Etat au soutien de ces assocations. Que s’est-il donc passé ? Pour l’instant, nous observons et nous râlons et nous informons. Un article qui ouvre une porte à toutes vos interrogations auxquelles je suis prêt en qualité d’acteur de cette Education Populaire à répondre.


Moyenne des avis sur cet article :  4.38/5   (13 votes)




Réagissez à l'article

12 réactions à cet article    


  • Matéo34 Matéo34 3 décembre 2008 11:30

    @ l’auteur.

    Bonjour,

    J’ai bien peur que l’éducation populaire, celle qui permet de se former tout le long de sa vie... sente le sapin.

    D’une part parce que nous sommes sous le règne du "1 euro dépensé doit etre un euro utile", entendons par là, à court terme. Ce principe qui se croise avec le mythe de la dette zéro... les subventiosn vont fondre comme neige au soleil.

    D’autre part, l’éducation populaire peut se trouver sur certains aspects en butte contre les services à la personne... Et c’est pas ces Olibrius qui militent pour l’éducation qui vont saccager les joies du marché juteux. En cela, le président a fait un choix clair et net !

    Bonne journée.

    Matéo 34


    • Bourricot Bourricot 3 décembre 2008 20:36

      L’adage "1 euro dépensé doit être 1 euro utile" est bien subjectif... Qui est légitime pour savoir ce qui est utile ou non ? Ca pose juste les questions des priorités de l’Etat parce que dans l’absolu, toute dépense peut s’avérer utile...

      Concernant la libéralisation de l’économie, les associations de l’éducation populaire sont déjà en concurrence avec les acteurs privés des formations, des soutiens scolaires, des DSP et des séjours de vacances et de losisirs. Jusqu’à présent elles se sont toujours bien maintenues parce que servies par un projet solides et un réseau de militants conséquents.


    • Bourricot Bourricot 3 décembre 2008 20:19

      Philippe,

      Tout est une question de choix de société en effet. A mon avis, le choix de faire des économies de l’éducation est un non sens car l’éducation apporte beaucoup plus qu’elle ne prend. Mais de nombreux facteurs font qu’aujourd’hui l’action politique est menée, réfléchie sur du très court terme... Du coup, tout ce qui ne fait pas de résultats "rapides" ne serait pas utiles. D’ailleurs on le voit dans les mesures prises, la plupart sont de nature immédiates, quantifiables et d’une durée limitée. C’est la société de l’immédiateté.

      Populaire, un gros mot ? Je ne crois pas. L’éducation populaire a un fondement politique mais non politicien. Il n’y a pas de démagogie dans ce mot. Elle vise bien à faire accéder au plus grand nombre, la connaissance, les savoirs et la culture. Vaste programme ! Les plus éloignés de cette "éducation" sont les gens les plus fragiles, les couches populaires. Elle avait ce sens aussi pour signifier "l’éducation du peuple par le peuple". Dans le rapport de Condorcet est écrit : « tant qu’il y aura des hommes qui n’obéiront pas à leur raison seule, qui recevront leurs opinions d’une opinion étrangère, en vain, toutes les chaînes auraient été brisées en vain, ces opinions de commandes seraient d’utiles vérités ; le genre humain n’en resterait pas moins partagé entre deux classes : celle des hommes qui raisonnent, et celle des hommes qui croient. Celle des maîtres et celle des esclaves ».

      Enfin, et ce serait à faire avant tout, merci pour l’attention portée à l’article et votre commentaire,

      Bourricot un âne...parmi d’autres.


    • Yohan Yohan 3 décembre 2008 13:10

      L’éducation populaire s’est un peu perdue au fil du temps et il y avait sûrement quelques rentes de situation à corriger, car les subventions tombaient pour des missions dont on avait fini par oublier la fonction originelle. Beaucoup des associations d’éducation populaire historiques se transformées en agence d’insertion plus ou moins efficaces. Le problème c’est que souvent dans ces cas là, on jette le bébé avec l’eau du bain sans discernement.


      • Yohan Yohan 3 décembre 2008 19:33

        J’ajoute que l’Etat fait fausse route en pensant qu’il pourra combler les besoins en marchandisant les services au privé.


      • Bourricot Bourricot 3 décembre 2008 20:26

        Yohan,

        Je crois que vous avez été mal informé. Les associations d’éducation populaire ne se sont pas transformées en agence d’insertion... Aujourd’hui, elles font concrètement ceci (en gardant à l’esprit que chaque association possède des activités propres) :

        formation d’animateurs occasionenels et professionnels
        organisation de séjour de vacances pour mineurs
        gestion de centre d’animation, d’espace jeunes, de centre de loisirs dans le cadre de délégation de service public
        auxiliaires de l’éducation nationale dans le cadre d’activités réalisées au sein des écoles publique.
        soutien éducatif

        Aujourd’hui, ces assos ont surtout peur pour leur indépendance. On leur demande de plus en plus de se justifier, de rendre des comptes régulièrement. Devenir ainsi plus des partenaires mais des exécutants avec des missions qui varieraient d’un gouvernement à l’autre. Et ces assos ne veulent pas de ça.

        L’Etat a accompagné ces associations pendant longtemps parce qu’il reconnaissait qu’elles remplissaient des missions que lui ne pouvait assurer tout comme plein d’autres assos dans l’humanitaire, l’assistance sociale, etc... Et le plus souvent, pour des publics en pleine dérive. Ces assos sont donc très présentes en ZEP.



      • grosha 3 décembre 2008 18:34

        bonsoir

        votre article soulève l’éternel problème des caisses vides de l’état : culture, recherche, éducation, environnement, assurent le « tampon » quand les caisses sont vides et les dépenses en cours... De nombreuses années dans la recherche et l’associatif environnemental me l’ont démontré.

        C’est d’autant plus rageant quand des dépenses pharaoniques continuent à suivre leur cours sans soubresauts.

        bon courage à tous ! grosha


        • Bourricot Bourricot 3 décembre 2008 20:32

          Grosha,

          C’est ce qu’on voudrait nous faire croire. Or, le pays a toujours connu une croissance positive, s’est enrichi indéfiniment. Effectivement, on peut se demander mais que FONT-ILS de l’argent ?

          Avant la guerre et à La Libération, les caisses étaient bien plus vides et c’est pourtant à ces époques que d’énormes progrès sociaux ont été adoptés, en premier lieu la Sécurité Sociale en 1945 qui pompe énormément d’argent...

          Je suis persuadé personnellement qu’on ne nous dit pas tout à ce sujet. Concernant les assos, elles ne remettent pas en cause le fait de participer à "l’effort national" en raison des difficultés financières mais l’effort présentemment demandé est largement pharaonique, démesuré et surtout brutal et mesquin. Mesquin, parce que la suppression des subventions prend date au 1er janvier 2008 donc avec un effet rétroactif. L’année touche à sa fin et les assos ont donc finalement dépensé plus. Pour certaines, c’est la catastrophe, la clé sous la porte.


        • Frabri 7 décembre 2008 14:31

          L’éducation populaire aura un avenir lorsque les couches populaires seront a nouveau représentées sur le terrain politique. Au début du siècle dernier elles étaient représentées par le PC et le PS ces partis étaient présents dans les quartiers populaires et avaient leurs associations qui faisaient de la formation de l’éducation populaire, créaient du lien social et une conscience politique.


          • Axel de Saint Mauxe Nico 7 décembre 2008 16:53

            Article très interessant... beaucoup de commentaires posent le problème du financement.

            Mais il faudrait également se poser la question de l’aspiration de chacun à se former.

            Laissons de côté le cas des élites instruites qui lisent Agoravox (par exemple smiley ), et qui savent où rechercher l’information et la comprendre.

            Quid des moins instruits d’entre nous ? Combien souhaitent réellement poursuivre leur instruction tout au long de la vie ? Un pourcentage relativement faible sans doute...

            C’est bien là la problème, car une majorité refusera te toutes façons de sacrifier une soirée devant TF1 au profit par exemple d’un cours d’économie (les français en auraient pourtant bien besoin).


            • Bof 7 décembre 2008 20:31

              @nico : """d’un cours d’économie"""...mais je mets une antenne, je paie ma taxe et j’écoute ! ...mais plus jamais de conneries du type, il faut dépenser pour être heureux ! On est d’accord ?

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès