Quel modèle de société pour la France ?
Autrefois, les dirigeants savaient gagner le cœur des peuples en leur garantissant que leurs enfants seraient plus heureux qu’eux. Aujourd’hui, le projet de notre gouvernement consiste - au nom d’un certain réalisme contestable - à rendre nos enfants plus malheureux que nous ne l’avons été ! Cette résignation est une véritable insulte pour les générations futures. Le gouvernement actuel ne propose que l’esclavage pour la majorité et l’opulence pour les héritiers. La seule audace de ce gouvernement est régressive : il s’agit de renoncer à tous les progrès sociaux. C’est inacceptable : les gouvernants doivent être des visionnaires.
Le gouvernement actuel fait le pari d’un modèle de société inégalitaire, avec des locomotives très riches et des wagons, plutôt pauvres. Les locomotives sont choyées et c’est normal car elles sont au cœur de la société qui nous est imposée. Les wagons, par contre, sont priés de s’adapter et de suivre. Mais la France reste une vieille démocratie et les wagons, plus très neufs, ont une fâcheuse tendance à dérailler ou à se détacher des locomotives. Et c’est heureux car le modèle qui nous est proposé est pire qu’un renoncement, une régression et une trahison à la mémoire de ceux qui ont fondé la France. Certes, ce modèle fait le bonheur de nos "amis" libéraux qu’ils soient d’outre-Atlantique ou d’outre-Manche, mais ces "amis" ne nous ont pas toujours voulu que du bien, loin s’en faut. L’Histoire nous montre que l’existence d’une France fière et autonome dans sa capacité de décision a toujours contrarié l’establishment qui ne déteste rien moins qu’un gouvernement qui ne répond pas au doigt et à l’œil à ses injonctions. Conduite par une élite intellectuelle issue de la vieille bourgeoisie européenne, la France imprévisible faisait figure de mouton noir du club occidental, trop prompte à damner le pion à Washington, comme l’a fait Dominique de Villepin à l’ONU avant l’ouverture des hostilités en Irak. Il est d’ailleurs permis de s’interroger sur le lien entre cette intervention et l’acharnement judiciaire dont fait l’objet l’ancien Premier ministre de la part d’une société au nom à forte connotation anglo-saxonne.
Mais si la critique est facile, aucune alternative ne se détache. Les propositions concurrentielles à celles de l’équipe en place ne sont tout simplement pas réalistes. Aucun chef politique ne propose un modèle de société enthousiasmant, un modèle de société qui donne envie de se lever le matin pour préparer l’avenir de nos enfants. L’horizon qui nous est proposé est tout simplement gris, noir par endroit : la régression sociale, les efforts sans limites, un avenir incertain, avec l’esclavage sans aucun choix comme ligne d’arrivée. Est-ce là l’avenir de la France ? Est-ce là le message que nous devons accepter de la part de notre représentation politique ? Certes, il y a eu des erreurs de commises, certes, le clivage droite gauche a étouffé et confisqué le débat politique depuis trop longtemps, mais, pour autant, l’avenir n’est pas aussi noir qu’on nous le dépeint. La crainte suscitée par cette conjoncture n’a d’autre objectif que de vaincre les capacités de défense de nos concitoyens face à la casse sociale qui les isole et les appauvris de plus en plus.
Mais alors, quel autre modèle de société pouvons-nous choisir ? Comment la France peut-elle franchir le XXIe siècle sans se soumettre à l’empire ? Tout simplement par la qualité de sa population. La France dispose d’une vraie tradition d’école républicaine capable de lui apporter les esprits dont elle a besoin pour devenir la locomotive du monde riche. Nos écoles, nos chercheurs constituent notre seule richesse. L’objectif ne doit pas être 80 % d’une classe d’âge au bac, mais 80 % d’une classe d’âge à bac + 5. Tous les efforts doivent aller dans ce sens. Nos universités doivent devenir des incubateurs des technologies de demain. Nous devons capitaliser sur la tradition universitaire de la France, restaurer le système éducatif pour permettre à tous d’accéder à l’éducation de haut niveau et pas seulement aux enfants de riches. Le système éducatif actuel permet surtout aux fils de polytechniciens de devenir polytechnicien. Mais que penserions-nous d’une équipe de France de football qui ne compterait parmi ses titulaires que les fils de Platini, Rocheteau, Pirez ? C’est une aberration. Il est temps d’en sortir, il est temps de relever la tête. Non, le peuple français n’est pas condamné à la servitude au profit des riches sans frontières ; oui, la France croit à l’égalité des chances et à la valorisation par le travail personnel. Nous n’avons d’autre choix que de donner à nos enfants les moyens de devenir l’élite intellectuelle du monde. C’est possible à condition d’avoir le courage de tourner le dos aux cassandres qui nous annoncent la fin du monde et à celles qui nous annonce le retour sans effort de l’opulence ; c’est possible à condition de sortir du clivage gauche droite : ce clivage est un non-sens qui assèche les réflexions ; c’est possible à condition d’avoir le courage de faire la différence entre ce qui est doré et ce qui est en or ; c’est possible à condition de croire dans la valeur de nos enfants et de leur donner tout ce dont ils ont besoin pour s’épanouir et de les priver de tout ce qui les abêtis ; c’est possible à condition d’élire un président qui ne fait le lit de l’empire au détriment de la France !
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