Quelle crédibilité pour les déclarations des policiers ?
On constate à l’occasion de plusieurs affaires de contrôles policiers tragiquement terminées, qu’entre les témoignages initiaux des forces de police impliquées dans ces affaires et ceux finalement retenus après les enquêtes de l’Inspection générale des services, l’IGS, on a pu malheureusement constater des différences tout à fait considérables.
Pour l’affaire de la poursuite des trois adolescents de Clichy qui s’est terminée par deux morts dans le transformateur EDF et par des mois d’émeutes dans toutes les banlieues parisiennes, on nous a raconté dans un premier temps qu’il n’y avait pas eu de contrôle ni de poursuite de ces adolescents. En quelque sorte, ils rentraient tranquillement chez eux et, sans doute par jeu, avaient décidé brutalement de sauter dans ce transformateur. Avec les conséquences que l’on connaît.
Aujourdhui l’IGS, après enquête et reconstitution, nous dit qu’il y avait bien eu une poursuite à la suite du répérage des trois intéréssés dans un chantier de construction, et que cette poursiite s’est déroulée sur environ un kilomètre, avec la participation d’une quinzaine de policiers, en cinq équipes !
Même topo en ce qui concerne l’interpellation de Taoufik El-Amri à Nantes, dont les policiers ayant pratiqué l’intervention nous ont affirmé l’avoir fait dans les respect des règles et avoir remis l’interpellé en circulation normalement en ville à un endroit bien déterminé. Pas de chance, les témoins n’ont pas confirmé ces déclarations, et la personne interpellée a été retrouvée finalement morte par noyade. L’Inspection générale de la police doit donc faire la lumière sur la manière dont cette interpellation a été effectivement réalisée.
Même cas de figure pour l’intervention à Corbeil Essonnes du jeune Guillaume Perrot, également ivre, et que les gendarmes ont laissé finalement au bord de la Seine sans le ramener à l’hôpital ou en cellule de dégrisement. Il semble malheureusement qu’il se soit finalement noyé pour des raisons qu’on ignore.
Dans les trois cas, les policiers ou les gendarmes semblent ne pas avoir commis d’acte répréhensible (sous réserve de révélations futures) mais ils n’ont pas rapporté la totalité des évènements, ou en ont caché certains.Or ce sont des officiers de Police judiciaire dont le témoignage prime sur ceux de tout autre personne.
Peut-être faudrait-il qu’ils se rendent compte qu’en mentant ou en tronquant la vérité dans leurs déclarations, ils ne font qu’ajouter à la suspicion qui entoure les actes des forces de police, et que donc, c’est toute la crédibilité du comportement de la police et de la gendarmerie qui en est affecté.
Il me paraît essentiel que les fonctionnaires de police et de gendarmerie soient sensibilisés, à nouveau peut-être, sur le caractère exemplaire que doit avoir leur comportement lors de leurs interventions, bien sûr, mais aussi sur le fait qu’en cas de manquement, ils se doivent de le signaler à leur hiérarchie plutôt que de " raconter de histoires", comme cela semble être le cas dans les exemples évoqués.
La crédibilité et la réputation des forces de police, et au-delà, l’acceptation par les populations de leurs interventions, même dans les quartiers diffciles, passe par le maintien de relations de confiance envers les forces de police.
Je sais, vous me direz qu’il est facile de parler doctement, au détour d’un blog, des interventions des forces de police. J’en suis tout à fait conscient, tout comme je le suis que dans ce domaine comme dans d’autres, ce sont ceux qui ont un comportement irréprochable qui souffrent des quelques erreurs qui sont commises par certains. Mais justement, il appartient d’autant plus aux responsables de ces organisations d’éradiquer de tels comportements, s’ils veulent rétablir la confiance dans leur fonction...
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