Quelle querelle entre les générations ?
Enfin une étude qui relance le débat ! Une enquête récente de Senior Stratégic prétend révéler un conflit entre la génération des 18-30 ans et celle des 50-60 ans, également surnommée la génération des « baby-boomeurs ». L’occasion de faire le point sur les relations entre les générations et de révéler une autre fracture, entre les 18-30 ans et les 30-50 ans...
Enfin une étude qui relance le débat ! Une enquête récente de Senior Stratégic (voir le lien vers le site) prétend révéler un conflit entre la génération des 18-30 ans et celle des 50-60 ans, également surnommée la génération des « baby-boomeurs », et que l’on pourrait d’ailleurs élargir à 70 ans. Pour cette étude, les jeunes seraient 91 % à penser qu’il leur est plus difficile de trouver un travail motivant, d’avoir confiance dans l’avenir et de fonder une famille, 55 % à penser que les baby-boomers laissent une société en pire état que celle qu’ils ont trouvés.
Loin de remettre en cause l’intérêt de cette étude de Senior Stratégic un cabinet connu spécialiste du marché des seniors, il est nécessaire de rappeler brièvement l’état des relations entre les générations en France. Nous aimerions à cette occasion émettre aussi une hypothèse sur la vraie querelle entre les générations, qui serait plutôt entre les 18/30 ans et les 30/50 ans qu’entre les 18/30 et les 50/70…
Ce fait, constaté depuis dans toutes les enquêtes, avait été révélé, il y a quinze ans déjà, par une étude de la Cnav (1992). Dans cette enquête, la génération « pivot », les baby-boomers, déclaraient à 64 % aider leurs enfants, et leurs parents, les grands-parents étaient 33 % à le dire. Une enquête de l’Insee (Économie et Statistique, 1996) confirmait ce fait et soulignait que 42 % des ménages avaient déjà aidé leurs enfants par le biais d’aides au logement, de versement ou de prêt régulier d’argent, et ce, quel que soit le milieu social. Combien de jeunes ont pu se loger grâce à la caution de leurs parents ? Combien ont pu acheter une voiture grâce à leur aide ? Les parents et les grands-parents contribuent aussi aux frais d’une naissance, et les liens entre les générations n’ont jamais été aussi proches et si forts au quotidien. On le sait, la crise renforce ces solidarités, et pas seulement sur le plan financier. Par exemple, les grands-parents sont près de 85 % à garder occasionnellement leurs petits-enfants, et les solidarités mères-filles soutiennent les femmes qui élèvent seules leurs enfants.
Alors qu’elle était, dans les années 60, le symbole de l’incompréhension entre les générations, la famille est devenue la valeur préférée des Français. Ce nouvel esprit de famille permet à chacun d’être lui-même tout en étant avec ses proches. La famille contemporaine, qui voit plus d’un enfant sur deux naître hors mariage, plus d’un mariage sur deux déboucher sur un divorce ou les familles recomposées nombreuses apparaître, est plébiscitée. Même si les nouvelles générations retrouvent le sens des traditions sans les contraintes, même si le regard sur la maternité a changé en trente ans, ce sont bien les baby-boomers et les baby-boomeuses qui ont permis cette métamorphose de la famille, de la norme au lien.
Alors, oui, l’échec de cette génération de Mai-68 aura sans doute été de ne pas créer une société qui insère mieux les jeunes. L’amour et la solidarité entre les générations ne suffit pas, en effet, à résoudre le malaise sourd et profond d’une grande partie de la jeunesse à qui on refuse la stabilité de leur foyer, à l’approche de la trentaine. Il faudrait parler aussi de la génération entre deux âges, celle des 30/50 ans, qui, tout en ayant été très choyée par ses parents, a su bénéficier de meilleures conditions d’entrée dans la vie active, et attend sagement que les baby-boomers partent en retraite pour occuper le pouvoir. Cette génération, qui se caractérise aussi par un retour à la norme notamment dans les styles d’éducation sévère de leurs enfants, est souvent critique par rapport au modèle plus tolérant de leurs parents. Mais ce sont aussi eux qui ne font pas la courte échelle aux plus jeunes, alors que les baby-boomers les aident au maximum. Plutôt que de parler du vieux schéma de la rivalité entre les jeunes et les baby-boomer, largement infondé, nous serions bien inspirés d’étudier l’opposition réelle entre les 18/30 ans et les 30/50 ans. Car aujourd’hui, ce sont bien les plus jeunes qui leur contestent le pouvoir dans l’entreprise.
Alors, contre la pollution de la planète, pour l’ouverture d’esprit et un meilleur niveau de vie, les jeunes savent qu’ils peuvent davantage compter sur les baby-boomers que sur la génération des quadra. Cette génération d’entre deux âges semble bien sur la sellette, y compris chez les baby-boomer, qui, devenus grands-parents, hésitent de moins en moins à cultiver leurs différences avec l’éducation trop stricte de certains de leurs enfants-parents, par ailleurs encouragés dans cette voie par des ouvrages à succès…
Eric DONFU
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