Quelques leçons du COVID19
Ces derniers mois, le COVID-19 nous a donné un bon nombre de leçons. Allons-nous en tenir compte ? Ce n'est pas gagné !
Le podium du COVID19
Quels ont été les dirigeants les plus incompétents et les plus ignorants ?
Au 14 juin 2020, le site de l'université Johns Hopkins nous donne la réponse :
- Donald Trump (115 436 morts du coronavirus aux USA)
- Jair Bolsonaro (42 720 morts du coronavirus au Brésil)
- Boris Johnson (41 747 morts du coronavirus au RU)
Par leurs alternoiements, leurs négations ou leurs idées absurdes, ces dirigeants ont tardé à mettre en place des mesures efficaces pour lutter contre le COVID19.
Pire encore : ces pays ont été touchés assez tarvivement par l'épidémie. Ils pouvaient donc observer ce qui se passait ailleurs et anticiper. Il n'en a rien été !
Les habitants des pays concernés en payent le prix. Tous ne sont pas à plaindre cependant. En effet, les britanniques et les brésiliens ont élu Johnson et Bolsonaro sur la base de théories complotistes ou d'idées de droite extrême. Ces électeurs récoltent les fruits de ce qu'ils ont voté.
Je n'en dirais pas autant des électeurs américains, qui après avoir élu Clinton avec 2,86 millions de voix d'avance, se sont réveillés avec Trump à la Maison Blanche.
Le classement donné plus haut mérite cependant d'être relativisé. En effet, on sait que Bolsonaro essaie de cacher les chiffres du coronavirus. En réalité, il pourrait bien être le premier. Du reste, n'avez-vous pas remarqué ? Quand on entend parler Trump, on se dit qu'on ne peut pas faire pire, puis on entend Bolsonaro...
La premier enseignement du COVID19 est donc le suivant : les trois dirigeants de droite nationaliste les plus en vue du monde se sont révélés être des incapables.
Le complotisme encore et toujours
Avec l'épidémie, de nouveaux complots ont fait leur apparition. Les complotistes ont commencé par nier l'épidémie, inventée par des politiques pour affirmer leur pouvoir, puis ils ont trouvé des laboratoires qui auraient fabriqué le virus. Mais que fait James Bond ?
En quelques semaines, tous les négateurs du réchauffement climatique se sont rués sur l'hydroxychloroquine comme la vérole sur le bas clergé. Ce qui est frappant, c'est de voir comme leurs délires sont substituables. Rapidement, "Big Pharma" a remplacé le "GIEC". On nous ment sur le réchauffement pour pouvoir nous taxer, on nous ment sur la chloroquine pour pouvoir nous vendre des médicaments hors de prix. Les scientifiques du monde entier qui étudient le réchauffement sont des menteurs et des faussaires, ceux qui ne trouvent aucune efficacité au médicament miracle sont des tricheurs corrompus. L'internet, hier peuplé de climatologues confirmés, s'est soudainement rempli d'experts en épidémiologie et en pharmacologie.
S'ils avaient vécu dans les années 30, tous ces complotistes auraient accusé les juifs. S'ils étaient nés au moyen âge, ils auraient brûlé des "sorcières". Face à un tel déchaînement de bêtise, on ne sait plus que dire.
Voici le second enseignement : le complotisme est un danger majeur, un poison pour la démocratie.
Délocalisations absurdes
Pendant des années, nous avons été nombreux à pester contre toutes les délocalisations d'entreprises. Chaque fois, c'est de l'emploi qui part, du savoir faire qui disparaît et une économie qui ne cesse de se tertiariser. Aujourd'hui, une des professions les plus recherchées par les jeunes est celle... d'agent immobilier. Pouvons-nous croire sérieusement que la France puisse fonctionner avec des gens qui se vendent des appartements les uns aux autres ?
L'épidémie a révélé brutalement la situation dramatique de l'économie française. Pas de masques. Pas de tests. Le confinement généralisé devenait l'unique façon d'éviter une catastrophe sanitaire.
À la fin du confinement, je me suis posé la question de la "relance citoyenne". Comme tout le monde, je planifie certains achats et je provisionne de l'argent en conséquence. J'ai alors décidé de casser la tirelire et d'anticiper certaines acquisitions, en faisant bien attention d'acheter français. Le problème, c'est qu'on ne produit plus grand chose en France. On trouve encore, mais il faut bien chercher !
En période confinée, les gens ont réfléchi. Tout le monde a pris conscience de la nécessité de "relocaliser" les industries, mais il est bien peu probable qu'une telle évolution se produise spontanément. Par exemple, en plein confinement Renault a planifié l'abandon des quelques modèles produits en France. De plus, le développement du télétravail porte en lui la menace de délocalisation de nouvelles sortes d'emplois dans les pays à bas coût de main d'œuvre.
Relocaliser, mais sans faire comme avant. Fabriquons des produits pour une économie décarbonnée. Pas des SUV !
On peut en dire autant de l'agriculture. Nous avons été bien contents que les agriculteurs français nous approvisionnent pendant le confinement. Mais que faisons-nous pour les soutenir ? Faut-il rappeler les statistiques effrayantes des suicides d'agriculteurs ?
Il est urgent de réagir avant de devenir un pays du tiers-monde, mais cela ne pourra se faire dans remettre en question le dogme du libre échange.
Voici le troisième enseignement : notre pays a besoin d'une nouvelle politique industrielle et agricole.
Une médecine en souffrance
Le coronavirus a révélé certaines difficultés de nos systèmes de santé. Nous avons tous applaudi les soignants pendant le confinement. Je parle des hospitaliers et des médecins de ville. Mais au fait, et les cliniques privées ? Pour encaisser les dépassement d'honoraires et les opérations rentables, elles sont pourtant toujours là, non ? Qu'ont-elles fait contre le COVID19 ?
Comme d'habitude, quand il y a de la difficulté, c'est l'hôpital public qui s'y colle !
Le COVID19 nous a montré la situation délicate des hôpitaux publics, qu'on déshabille progressivement au profit des cliniques privées. Aux premiers les cas difficiles et coûteux, aux secondes les opérations rentables et les dépassements d'honoraires.
Cette situation ne s'est pas faite en un jour. Il a fallu plusieurs décennies de numerus clausus dans les facultés de médecine pour aboutir à une véritable pénurie de médecins, qui ouvre la porte à ces politiques ... et oblige aussi à recruter des médecins étrangers.
Le sélection impitoyable des futurs médecins, sur leurs capacités à apprendre par cœur de grandes masses de connaissances en un temps réduit, est aussi à l'origine d'un gâchis humain impressionnant. Chacun connaît des jeunes qui auraient sûrement pu être de bons médecins, mais qui ont été broyés par ce système et qui ont mis des années à s'en remettre.
Et que dire de la première année de médecine, confiée aux "boîtes à colles" ? Est-ce comme cela qu'on forme des scientifiques ?
On pourrait croire que ceux qui arrivent au bout de telles études sont forcément très compétents. Cependant, quand on voit que que 115 médicaments ont été utilisés contre le coronavirus, pour la plupart en dehors de tout cadre scientifique, on peut se poser de sérieuses questions sur les pratiques médicales actuelles !
Le quatrième enseignement du coronavirus est qu'il faut réhabiliter l'hôpital public et revoir l'organisation des études médicales.
Des villes sans voitures
Durant le confinement, tous les citadins ont découvert le silence. Presque plus de voitures dans les rues, moins de pollution. Malade du COVID19, je me mettais à la fenêtre et je voyais passer de gens à vélo. Quand il n'y a plus de voiture, on peut rouler en vélo sans risque. La découverte de cette qualité de vie a marqué les esprits. On peut remplacer la voiture par le vélo. À Copenhague, la part du vélo dans les transports urbains est de 30%. Dans les villes françaises, c'est presque zéro. Qu'attendons nous pour faire comme les Danois ?
Pardoxalement, le coronavirus nous a fait entrevoir ce que sera l'avenir de l'humanité si nous ne réagissons pas, mais il nous a aussi soufflé quelques solutions.
Cinquième enseignement : aux municipales, votons pour le vélo !

Conclusion
Le coronavirus nous a montré qu'on ne peut pas continuer comme avant. Nous avons besoin d'une nouvelle politique industrielle et agricole, d'un fort développement de solutions écologiques et d'une nouvelle médecine. Mais ne croyons pas que le changement se fera tout seul. La droite extrême, qui a étalé sa bêtise pendant la crise, est toujours là, et elle utilise le complotisme pour avancer. Un gros travail politique est désormais nécessaire : son enjeu est tout simplement la survie de l'humanité.
Crédit photographique
Image animalère par JacLou DL de Pixabay
Remarque : Cette belle photographie est ici pour nous rappeler que nous avons besoin d'un développement harmonieux, plus proche de la nature. J'ai le plus grand respect pour les ânes et les mulets, qui sont de animaux sympatiques et intelligents, contrairement aux complotistes de tout poil.
Image vélo par Danfador de Pixabay.
Remarque : ce vieux vélo, qui fonctionne sûrement encore, nous rappelle ce que le mot "durable" veut dire. Pour ceux qui préfèrent un vélo plus moderne, de nombreuses collectivités soutiennent actuellement l'achat de vélos électriques.
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