Rédemption zéro...
Hier matin, Stanley « Tookie » Williams, fondateur et ancien chef du gang des Crips, a été exécuté par injection, et cela malgré les recours lancés auprès du gouverneur Arnold Schwarzenegger.
9h35, heure de Paris, minuit et 35 minutes sur la côte ouest des États-Unis. Le décès de Stanley "Tookie" Williams est constaté par les autorités fédérales. Quatre aiguilles viennent de mettre fin à l’existence du plus célèbre chef de gang américain, condamné il y a près de 25 ans, après avoir été accusé d’avoir commis quatre meurtres.
Cette exécution, la 1002e depuis 1975 aux États-Unis, a provoqué une immense vague d’émotion à travers le pays. En effet, le "pape" de la violence, était devenu, pendant son séjour en prison, l’"apôtre" de la non-violence.
De recours en recours, et son exécution étant repoussée à chaque fois qu’une action visant à surseoir son exécution était menée, "Tookie" clamait encore et toujours son innocence, et tirait parti de son expérience pour mettre en garde la jeunesse américaine contre les méfaits des gangs, et de la violence en général.
Dans une nation forgée par la violence, et où les armes à feu sont monnaie courante, l’action de "Tookie" ne pouvait qu’être accueillie avec bienveillance par l’ensemble des militants anti-armes à feu, et anti-violence.
Mais au-delà des débats de fond qui secouent la société américaine depuis des décennies, un véritable mouvement de soutien et de sympathie s’est créé autour du personnage de Stanley Williams.
Dans une société qui ne croit ni à la confiance ni à la sincérité, un homme condamné à la peine capitale et qui voit un à un ses recours tomber à l’eau, ne peut que s’attirer la sympathie de parents, inquiets et désireux de protéger leurs enfants, et de personnalités emblématiques, auxquels cet élan sert de tribune pour dénoncer les traits malsains d’une société qu’ils ne supportent plus.
En principe, la prison est destinée à reformer le caractère, à faire réfléchir l’individu sur son crime pour que, à sa sortie, il soit devenu meilleur. Là est la théorie, et il n’est pas question ici d’aborder la pratique. Mais dans cette affaire, les administrations, pénitentiaire et judiciaire, ont catégoriquement refusé à "Tookie" le droit à la rédemption. Persister dans la voie qui menait inéluctablement à cette exécution, c’est simplement nier le droit et la possibilité qu’ont les prisonniers de changer et de se repentir.
Ce que l’on retiendra de cette triste histoire, c’est que le gouverneur de Californie a refusé de gracier un condamné à mort, cinq fois nommé pour le prix Nobel de la paix, pour les livres qu’il a écrits en prison à destination des enfants...
Rédemption : l’histoire de Stan Tookie Williams, voilà le titre du film consacré au prisonnier de San Quentin, dont le rôle est joué par Jamie Foxx. On peut ne pas croire à la rédemption des criminels, mais en niant le droit à celle-ci, ne réduit-on pas considérablement les possibilités de l’espèce humaine ?
photo : http://www.tookie.com/
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