Souffrance paysanne : une étude statistique et sociologique en cours
Des paysans sans terre... et sans toit
Le Laboratoire population-environnement-développement (LPED) rattaché à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), université de Provence, va mener une étude sur la souffrance des familles paysannes. Ce travail sera effectué conjointement par des chercheurs en sociologie et des équipes de statisticiens (mathématiques appliquées aux sciences humaines et sociales).
Cette recherche permettra prochainement de connaître avec précision le nombre de familles qui sont, ou qui ont été, en réelle situation de périls psychologiques depuis la mise en place des politiques incitatives au milieu des années 60 et de rattraper un retard en ce domaine : il y a des cartes de régions entières de suicide en Inde, mais rien en France !
Mais cette étude ne se limite pas à la France, loin de là, puisque les facteurs de modernisation brutale ont entraîné partout en Europe les mêmes conséquences désastreuses pour les paysans. En témoignent les différentes associations d’entraide aux paysans en difficulté équivalente à SOS paysans : en Allemagne, Suisse, Belgique, Irlande, écosse et Angleterre…
Nous espérons que cette recherche permettra de dévoiler la face cachée des politiques de normalisation dans le domaine agricole. Le pouvoir utilise très souvent les chiffres comme le PNB, PIB et autres indicateurs de la croissance, on a même été jusqu’à écrire que le faible taux de paysans était la marque d’un pays « développé » !
Nous souhaiterions que les résultats de cette recherche permettent de fournir d’autres chiffres : ceux des différentes pathologies apparues dans les familles, dépressions, suicides, alcoolisme avec d‘autres addictions, accidents du travail, violences conjugales, nombre de familles spoliées de leurs biens (maisons, terres) par les créanciers au mépris des droits fondamentaux*, etc.) afin que les générations futures soient informées objectivement de la réalité de ce qui s’est passé.
On ne peut que se réjouir de cette étude qui vient combler un vide et qui sera sans doute un élément à charge important lors du procès que nous engageons contre l’Etat…
Notes :
*Nous rappelons que le droit de propriété fait partie des droits fondamentaux (au même titre que la liberté d’échanger ses produits…). Alors même que les PDG des grandes entreprises perçoivent des indemnités (parachutes dorés) lors de la faillite de leur entreprise et ne sont nullement inquiétés sur leur patrimoine, la très grande majorité des familles de paysans, elles, sont littéralement spoliées de leurs biens (maisons, terres) par les créanciers (Crédit agricole, entre autres).
Comble de l’absurde, elles sont parfois amenées lors d’un ultime arrangement à « l’amiable » à payer un loyer aux créanciers pour pouvoir rester dans leur propre maison ! (voir l’association « une famille, un toit »).
Pour finir avec les droits fondamentaux, il n’est pas inutile de rappeler que même Locke, philosophe des lumières anglaises (dont s‘est largement inspiré Montesquieu), à l’origine de la pensée libérale, écrivait :
« MAIS… il y a une limite à ce droit d’inviolabilité de la propriété individuelle. Un propriétaire, même s’il est dans son droit, a le devoir de céder les biens inutiles à sa subsistance, dans la mesure où ces biens peuvent venir en aide à des individus démunis. L’appropriation privée des biens de la terre n’a en fin de compte sa véritable légitimité que si elle est au bénéfice de tous, car la terre est commune, et tout homme y a droit ! »
Il serait donc bon que les dirigeants qui se réclament de ce courant de pensée méditent là-dessus et se comportent en bons apôtres… Pourquoi pas, en attendant le procès, distribuer quelques-uns de leurs biens aux paysans sans terre et sans toits ?
Association pour la reconnaissance de la souffrance des familles paysannes http://arsfp.blogspot.com/
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