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Standard and Poor’s et l’identité française

Pour les lettrés, la France, c’était, jadis, les Lumières, la Révolution, la séparation des pouvoirs… la laïcité. L’agence de notation, Standard and Poor’s, revitalise l’identité française. Donne un souffle nouveau à la nation. Une façon élégante de mettre la baguette, le saucisson et le pastis sous le boisseau. On réserve toujours le folklore aux touristes. Aux nostalgiques du franc. Dans les années 70, la réclame filtrait le surmoi de l’Etat-Providence. C’était le fameux slogan post-gaulliste qui galvanisait les consommateurs : « En France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées. » Il fallait étouffer le complexe de Peter Pan. Montrer aux Yankees, aux Russes, qu’à défaut de posséder l’or noir -la beauté du diable-, on avait du « génie », de la « science »… du panache. La Marseillaise revisitée par les nouveaux nationalistes, propulsés prophètes sous l’ère Giscard : les publicitaires. Peu à peu, Chateaubriand, Balzac, se sont volatilisés sur l’autel de Wall Street, dans les dîners mondains, attendant le baiser du trader, le miracle économétrique, rue d’Ulm…. Nouvelle manne des « indignés ». Une variante de La belle aux bois dormant. La profondeur de l’âme française, au fil de la mondialisation, s’est convertie à la religion de la Finance, au dogme du marché. Au point d’oublier la Résistance, la Commune, les luttes. Mais ne diabolisons pas « la bête », magnifiée, autrefois, par ceux là mêmes qui la conspuent, aujourd’hui, pour les besoins de la dramaturgie. Rendons-lui grâce de ce recadrage. De cette claque épistémologique. Être français en 2011 ou vouloir l’être, ce n’est plus se fondre dans un corps. Encore moins partager une histoire, des valeurs communes, un vivre-ensemble, une communauté de destin. C’est d’abord et surtout, le triple A. « Les triples rien » que nous sommes apprécieront le saut de l’ange de l’identité (de langage). Contorsion linguistique pour les uns, Métamorphose historique pour les autres…ou trahison des élus.

Pour « l’impétrant » à la naturalisation française qui prépare le grand oral (le QCM qui valide le regroupement familial), la citoyenneté française, c’est une usine à gaz. Un concept soumis aux spéculations boursières. La botte secrète des dissidents « bourgeois » de 1789 pour lesquels le désordre signifiait avant tout le commerce, les bonnes affaires, le pouvoir, les honneurs. Adieu les rêveries égalitaires, patriotiques ! L’histoire est un éternel recommencement ! L’économique nous rappelle cette noble vérité par ces juges dont la froideur glace les «  idéologues » de l’exception française, autre mythe en berne. Les mots, les idées ne garantissent ni la croissance, ni le PIB. « La gestion mania » précède donc l’essence. Sartre a été renvoyé dans les cordes. Les rhéteurs ont jeté l’éponge. L’avoir (le capital) détermine l’être, l’horizon des valeurs, le bien commun (les lois de la cité). Et notre souveraineté doit revoir sa copie, sa Constitution.

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5 réactions à cet article    


  • Robert GIL ROBERT GIL 5 janvier 2012 16:33

    ces agences qui n’ont pas vu venir la crise des subprimes, ces agences qui donnaient de bonnes notes à des entreprises super-endettées, ces agences de notations qui ont le pouvoir par un simple communiqué de presse d’accroitre les dettes d’un Etat juste en dégradant sa note, ces agences à qui appartiennent-elles ? A quels contrôles sont-elles soumises ? A qui rendent-elles des comptes ?
    Et quelles est leur légitimité pour 
    menacert les Etats avec leur triple A...
    http://2ccr.unblog.fr/2011/11/20/la-finance-dicte-sa-loi/


    • Jason Jason 5 janvier 2012 18:05

      Article intéressant. Et qui souligne que la finance ne connaît que sa propre nouvelle loi d’airain amplifiée par le nomadisme mondial. L’éthique, les valeurs anciennes, les racines de la richesse ? Tout cela mélangé dans un tourbillon insaisissable.

      Les Etats ont perdu la main. Retour à Turgot pour qui, déjà, le commerce ne connaîssait que les lois de son propre intérêt. Et tout est commerce. Pas de porte de sortie face aux Etats émergents et à l’ingénierie financière créée par l’Occident.

      Le réveil, si réveil il y a, va être créateur d’immenses turbulences. La vieille Europe ne pourra que bichonner ses souvenirs, dépoussiérer ses châteaux, attirer les touristes, et regarder le train passer.

      Ah, j’oubliais. Les idées, ça ne se vend pas. Auront-elles le pouvoir de changer le monde ?


      • paul 5 janvier 2012 21:05

        Les agences de notation, il ne faut surtout pas les prendre au pied de la lettre ....

         Triple A 



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