Suicides chez France Telecom : une Orange bien Amère
Quelque chose semble pourrie dans l’orange, la jolie
entreprise vantée par les magnifiques publicités. Si, il faut
reconnaître, qu’elles sont originales, spirituelles, recherchées. La
dernière en date : « un même mot peut recouvrir plusieurs réalités ».
Chacun de ses mots est ensuite illustré par deux images montrant deux
sens bien différents pour ensuite déboucher sur un internet « classique » et un internet « par Orange ». Une sorte de « think different » de la plus célèbre coopérative agricole, remise au goût du jour.
Et puis il faut avouer qu’il y a pire comme industrie, les fournisseurs
d’accès à internet et autres opérateurs télécoms. Ce n’est pas non plus
des fabricants d’armes ou une industrie extrêmement polluante comme
l’industrie pétrochimique. Le seul souci planait sur ces fameuses ondes
(wifi, gsm, edge…). Sortie de là, nada.
France Telecom : le service public ? « Tranquille comme boulot ». Un
réflexe devenu parole d’évangiles. Avec une telle réputation, les
nouveaux big boss s’en sont donnés à coeur joie dans leur méthode de
management. Pour le meilleur et surtout pour le pire !
![fause pub orange france telecom corde suicide fause pub orange france telecom corde suicide](http://www.cpolitic.com/cblog/wp-content/uploads/2009/09/orange_corde.jpg)
Derrière toujours le même problème d’un management à outrance : la politique du chiffre entraîne une pression permanente au bureau ou sur le terrain, et conséquence directe, les salariés sont pris pour des pions, de la véritable viande.
Quand on ne vit pas la situation, il est excessivement facile de relativiser, de faire preuve de recul et même d’en blaguer. C’est une toute autre paire de manche, quand on vit soit même une telle expérience.
Le matin, vous allez au bureau à reculons. La simple idée de parler « travail » devient hautement pénible entre collègues ou avec vos proches. Vos journées sont interminables même si vous finissez plus tôt, et paradoxalement, quand le soir vous arrivez chez vous, vous ne l’avez pas vu passer cette put… de journée. Vos nuits sont si courtes, alors que vous êtes couchées à 20h pour 8h, mais bien peu réparatrices. Vous dormez sans dormir, c’est aussi simple que cela.
Malgré les sacrifices sur vos temps de pause (y compris le midi) vous avez toujours autant de travail, pour déboucher sur le même résultat commenté par votre hiérarchie. Même vous, ils vous arrivent de voir que votre boulot n’est pas suffisant ou qu’il est inefficace. Mais il y a tellement de facteurs perturbants qu’après tout, vous faites au mieux pourtant, et rien n’y fait. Alors vous vous méfiez de tous et de tout le monde, puisque les emmerdes viennent souvent de l’extérieur. La paranoïa s’installe pour ne plus vous quitter. Vous devenez étrange et nerveux pour les autres. A fuir en somme.
Et puis du jour au lendemain, on vous dit que vous êtes de toute manière trop cher/chère, has been, que vos efforts ont été vain, qu’on veut bien maintenir votre poste à la seule condition que vous déménagiez, alors que justement, vous venez d’être muté ici. Un matin, réunion improvisée : finalement votre avis importe peu, et vous apprenez que la modernisation du service se fera avec ou sans vous. Le couteau sous la gorge.
Après les variantes sont possibles, les contraintes financières aussi (appart ou maison à rembourser, enfants, second mariage, décès dans la famille…)
![fause pub orange france telecom plusieurs réalités fause pub orange france telecom suicide france telecom plusieurs réalités](http://www.cpolitic.com/cblog/wp-content/uploads/2009/09/orange_technicien.jpg)
Mais le problème vient toujours d’en haut. Qu’ont fait vos responsables ? Qu’ont fait vos chefs de projets ? Qu’ont fait vos managers, vos RH ? Rien au besoin. Peut-être un petit « ça va » le matin et encore. Faut que « tu te reposes, tu as une mine de déterré(e) ! » en vous tapant dans le dos, histoire de se déculpabiliser au cas où.
Mais la vraie solution au problème ce n’est pas vous : c’est votre travail et les méthodes de management qui sont totalement inadaptées pour le mener à bien. Et arrivera le jour, où la coupe est pleine, qu’après tout le plus simple est d’en finir, et que cela résoudra tous les problèmes (boulot et perso). De toute manière, tout le monde se fout de vous, alors…
Alors quand, après 1 an et demi, on arrive avec un score total de 23 licenciements secs, pardon des suicides, il ne fait aucun doute que les différents échelons hiérarchiques sont responsables de ce qui arrive dans l’entreprise, encore plus lorsqu’ils font partie du pôle « Ressources Humaines ».
A ce titre, inutile d’invoquer la fatalité ou la fragilité de la victime. Non, c’est plutôt la responsabilité au pénal des chefaillons criminels coupables de passivité au mieux et au pire de pressions verbales ou physiques qu’il faut sanctionner. Une lucidité encore moins évidente à avoir, quand l’actuel actionnaire majoritaire est aussi en charge du contrôle médical.
Orange, encore une entreprise qui a oubliée, que « le premier élément c’est l’Homme » (pour reprendre un ancien slogan d’une société de services préférant la communication aux actes)
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