TAFTA Késako ?
Quel intérêt toutes ces polémiques pré-électorales. Injures, dérapages, querelles dérisoires, débats au ras des pâquerettes. Il est vrai que les élections, quelles qu’elles soient, ne sont plus que mascarades. On divertit le peuple avec des gamineries, des enfantillages, alors que pendant ce temps, des technocrates à la solde des lobbies des multinationales nous concoctent une « Loi de la jungle internationale ». Depuis le « non » au référendum de 2005 sur la constitution de l’Europe, qui n’a pas empêché le traité de Lisbonne, les électeurs ont été pris pour des imbéciles, et la démocratie n’attendait plus que le coup de l’estocade : Le TAFTA (Transatlantic Free Trade agreement), appelé aussi TTIP (Transatlantic Trade and Investissement Partnership), en Français PTCI (Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement). La multiplication des sigles ne servant qu’à accroître la confusion sur un sujet, qui, pour des raisons de stratégie industrielle ( !), doit rester secret, même pour les parlementaires !

Par la faute des médias qui n’en disent mot (hormis Le Monde diplomatique de novembre 2013, juin 2014 et juillet 2014), même pas 10% des électeurs savent de quoi il retourne !
Seuls quelques commissaires européens participent à ces négociations qui devraient, entre autres, ouvrir la porte de l’Europe au bœuf aux hormones, aux OGM, aux poulets désinfectés au chlore etc.
Un traité qui en fait, n’est qu’un avatar de l’AMI (Accord multilatéral sur l’investissement), un accord économique international négocié dans le plus grand secret dès 1995, sous l'égide de l'OCDE, et dont les conséquences constituaient une menace sans précédent pour la démocratie. À noter que Pascal Lamy, commissaire européen à l’époque, puis directeur général de l’OMC de 2005 à 2013, et membre du Parti socialiste, fut un des principaux défenseurs de l’AMI. Il y était prévu que toute entreprise pouvait attaquer un membre de l’Union, si elle jugeait qu’une loi nationale était contraire à sa stratégie de développement, que ce soit sur les salaires, la fiscalité, les conditions de travail ou des normes environnementales !
C’était l’application du modèle social chinois à tous les pays de l’Union. À l’époque, une ONG récupéra le texte, une pétition sur Internet permit d’ameuter l’opinion publique, et la France en particulier mit son véto. Mais en fait, certains principes de l’AMI se retrouvèrent dans la réglementation de l’OMC, dont l’Union fait partie.
Le TAFTA-TTIP a exactement les mêmes buts ; sous le prétexte hypocrite et stupide de booster la croissance (de quels pays ? des Etats-Unis et de l’Allemagne ?) c’est l’estocade portée à la souveraineté nationale. Les lois françaises n’auront plus aucune utilité, elles seront remplacées par des décisions d’experts privés, hors des juridictions publiques nationales, régionales ou internationales. C’est la prééminence du droit des entreprises sur le droit commun !
Par exemple, toute la réglementation française en matière de fracturation hydraulique (gaz de schistes) va devenir caduque.
Cet ultralibéralisme qui arrive à son apogée, est mis en place sournoisement depuis de longues années. L’objectif de la Fondation Bertelsmann créée en 1977, était déjà d’œuvrer dans deux domaines principaux : le partenariat transatlantique Europe-États-Unis-Canada au plan industriel et commercial, et l’élaboration d’une politique au Proche-Orient.
Juste après la signature du TAFTA, doit se mettre en place une « monnaie transatlantique », qui risque d’avoir des effets catastrophiques sur l’épargne des ménages.
Quant à la politique menée au Proche-Orient, chacun peut comprendre que ses effets ne sont pas tout à fait ceux qui étaient attendus : « favoriser l’émergence d’un bloc euro-atlantique prolongé jusqu’à l’État d’Israël. Une même organisation politique, économique, militaire et philosophique doit structurer cette immense architecture au sein de laquelle le monde musulman doit s’adapter. » Pierre Hillard.
Par pragmatisme, Barack Obama, tout en mettant en colère Benyamin Netanyahou, a joué du frein dans cette stratégie, en négociant avec l’Iran, étant donné que la divergence des intérêts au sein du Proche-Orient a, bien évidemment, compliqué la donne (Turquie-Kurdes, Sunnites-Chiites etc.) et favorisé l’apparition de Daesh, suite à l’effondrement de la Libye de Kadhafi.
TAFTA ou non-TAFTA, signifie à quel monde l’Union européenne choisit-elle de se rattacher ?
Celui de l’Eurasie, avec la Russie, la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud, les Chiites (et peut-être l’Argentine et l’Australie).
Celui de l’Atlantique, avec les États-Unis, le Canada, le Mexique, Israël et les Sunnites.
C’est pourquoi les lobbies américains ont poussé l’Union européenne et l’OTAN à s’étendre à l’Est, afin qu’elle entre en conflit avec la Russie et l’empêcher ainsi d’être tentée de se rapprocher de l’Eurasie, un marché beaucoup plus prometteur pour elle.
Les horreurs qui se déroulent au Proche-Orient ont à l’évidence un rapport direct avec ce partage du monde.
Alea jacta est !
Annaba, auteur de « Conspiration malthusienne ».
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