Ce début d’année voit donc la France marquée par un scandale d’Etat, celui des cobayes humains du nucléaire dans les années soixante. Il s’agissait d’étudier les effets physiologiques et psychologiques induits par une exposition aux irradiations atomiques. Telle était la finalité de l’opération « gerboise rouge » du 27 Décembre 1960 suivie de « gerboise vert » du 25 Avril 1961. Comme dans un laboratoire pour les rats situé en extérieur, la peine de mort lente portait ces jolies couleurs. Des appelés du contingent furent réduits à des souris d’expérimentation par les apprentis sorciers de notre armée nationale, dans la parfaite information du Gouvernement d‘alors. Le pouvoir actuel reconnaît en effet qu’une Rapport officiel fût établi en Janvier 2007 relatif à ces travaux menés au Centre saharien de manœuvres tactiques. Rien depuis ne sera dit ou fait. A cette époque, les spectateurs de cette réalité portaient l’uniforme autant que les habits respectables de nos Institutions. Une sorte de téléréalité militaire en vase clôt, une secret story Défense…non diffusée.
Le vendredi sur TF1 les "rats" du laboratoire télévisuel sont aussi les marionnettes obéissantes de scénarios qu’elles exécutent en public, sans être informées des conséquences ou séquelles futurs pour leurs vies. Là aussi, le but est d’observer les effets physiologiques et psychologiques en gros plan, sous l’œil avide des spécialistes de l’exhibitionnisme et du voyeurisme. Par excitations successives habilement instillées, les pantins doivent crier suffisamment, se dévêtir, dire le taux de mots grossiers requis. Les travaux doivent soulager la libido nationale dans ce qu’elle a de plus régressif.
Cette fois ci, Adeline et Farid devaient donc s’insulter violemment, se battre comme des chiens , afin de rester dans le laboratoire dans lequel ils ont l’honneur d’être disséqués, au vu et au su de millions de gens. Le docteur Foucault annonça que nous allions « voir les fermiers comme on les a jamais vus, nous allons voir des animaux sauvages ». Son intervention marqua un silence involontaire lourd de signification inconsciente, avant que de prolonger sa présentation. L’Homme et l’animal doivent se confondre. Mickael Bogosse du vent précisait peu après jouer pour « le secours populaire ». Face à une telle exécution publique encore réitérée, le peuple aurait en effet besoin que l’on vienne à son secours.
Afin de justifier ses atteintes à l’être humain, l’armée soutenue par le Gouvernement lors des essais nucléaires précités évoqua l’intérêt national supérieur, sur TF1 on aura tenté de donner un tournant pseudo culturel au funeste spectacle. Récit nous fût ainsi fait d’une école exemplaire formant les cadres de demain pour l’Afrique du sud. Espérons que les élèves ne seront pas contaminés par cette visite des cobayes télévisuels. Le grand savant et Ranger playboy Olivier nous informa de même sur la croissance des girafes. Kelly, l’ex miss Paris contrainte (probablement sans grand effort) d’incarner une bimbo demeurée, et donc Mickael, son équivalent au masculin, rejoignaient logiquement « l’équipe des animaux ». Reste à savoir qui sont les plus « bêtes ». Mickael répondît à cette interrogation en reconnaissant « être embêté surtout par les vaches qui font pipi et prout prout sans cesse » ». Notre rat de télé-laboratoire affirma avec la même conviction imposée « qu’on vît au moyen âge à la ferme ». Au niveau culturel, éthique, humain, chacun en convient.
Afin que l’observation soit plus savoureuse pour les armées de fidèles mentalisés de la baraque des lambdas célébrés, les chercheurs de la boite de prod eurent l’ingénieuse idée de confronter subitement la Comtesse du Tonnerre à son fils adoré, avec le son maximal au téléphone. Après avoir fait monter le suspens et la tension, le sang de la mère ne fît qu’un tour (comme le mauvais qu’on lui réserva). Elle se mît à pleurer à gros bouillons sur plein écran. Le court-circuit émotionnel instillé à la belle souris donna la réaction prévue. Les apprentis sorciers en coulisse obtenaient un module supplémentaire diplômant pour cette étude de cas pratique. La Comtesse justifia sa participation à cette série de tests de résistance à la maltraitance rémunérée par son engagement au profit « de la chirurgie cardiaque ». Que l’on ait du cœur dans ce genre de télé-travaux ne relève pourtant pas d’une évidence. Celui des gens sensibles et dignes y est mis à rude épreuve. Fédérer les armées de l’audimat n’a pas plus de limites sur TF1 que les expérimentations appliquées autrefois aux soldats relatifs aux irradiations. La Ferme mériterait la radiation des programmes. Surya Bonali semblait ne pas être tout à fait dans son état naturel non plus, patinant surtout dans ses propos lors de son éloge sur l’école d’Afrique citée en référence. Elle insista sur cet échange « multicultural ». La primauté du corps « sculptural » bodybuildé de rigueur à la télé-campagne devait induire cette formulation étrange. Le prétexte culturel avancé cette fois ci, ne pouvait masquer le règne absolu du culturisme. La pensée est ici dans le muscle.
Outre les rapprochements contraints de certains membres du Télé-zoo poussés au conflit, la prod de recherche dans l’abêtissement d’humains permît aussi un concours de vulgarité scatologique. On précisa en introduction que le degrés de chaleur des crottes d’éléphants serait le seul moyen d’évaluer leur situation et profil, la recherche s’orienta ensuite sur toute une séquence pseudo humoristique sur la recherche de papier toilette, dont on priva nos rats célébrés. Francky le grand sage qui y va « parce que c’est bon Francky » en écho à son œuvre majeure et unique, invita chacun en chanson « à prendre un bon bout de bâton pour faire sortir caca ». Le petit roi David Charvet affirma « pisser dans ses pantalons ». Sans doute marche t’il sur la tête, pour peu qu’il en ait une. Adeline devait conclure par « on est pas là pour s’aimer, juste pour se respecter ». Pas les téléspectateurs en tout cas.
Lors du Télé-zoo hebdomadaire, le grand intellectuel présentateur Benji conseilla à Surya Bonali de « remplacer l’homme par l’animal » pour que tout aille bien pour elle. Nous serions tentés d’appliquer plus largement cette haute pensée. Quand l’Homme, du Sahara à l’Afrique, hier comme aujourd’hui, peut tomber aussi bas, d’un laboratoire à l’autre, on en vient à souhaiter rejoindre notamment la noble société des abeilles. Qu’importe que la Comtesse du Tonnerre se plaigne essentiellement d’être piquée, à l’heure ou nos amis les « bêtes » ne sont plus celles que l’on croit, une bonne piqûre de rappel à la dignité ne serait pas inutile.
A la Ferme, ouverte encore pour plusieurs semaines (qu’attendent les internautes pour dresser une hutte de protestation devant TF1 ? !), Jeane (Manson) a donc été virée à temps pour pouvoir s’en remettre.
Seuls restent quelques Tarzan et singeries grotesques, bodybuildés mais bien fluets et vides au niveau du cerveau et de la noblesse du cœur. Cobayes par-ci, cobayes par-là…
Guillaume Boucard