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Accueil du site > Actualités > Société > Travail le dimanche : un choix contre la civilisation !

Travail le dimanche : un choix contre la civilisation !

En juillet 2007, je signais, sur Voie Militante, mon opposition vigoureuse et déterminée au travail le dimanche. A l’époque, je dénonçais l’étonnante facilité du préfet des Bouches du Rhône, Michel Sappin (ça ne s’invente pas) à délivrer aux commerçants des dérogations relatives à l’ouverture de magasins le dimanche.

Aujourd’hui, clairement, nous n’en sommes plus là !

A l’heure où certains, à gauche, relancent très justement le débat sur la semaine des 4 jours, le gouvernement propose de travailler plus et symboliquement de travailler le dimanche.

Si la gauche de gouvernement en 2002 - déconnectée de tout espèce de réalité - n’a pas compris que les 35 heures avaient provoqué une intensification du travail du fait de l’augmentation de la productivité, la droite y répond en allongeant la durée du travail. J’y incorpore aussi l’allongement de la durée de cotisations présenté aujourd’hui, par le personnel politique, comme un mal nécessaire. Or, le choix des conservateurs est, au nom de la compétitivité, le choix d’une baisse généralisée et déguisée du salaire moyen dans une économie de services marquée par une faible productivité. Notre modèle social tient par la sur-exploitation des pays du Sud et le faible coût de la main d’œuvre des pays émergents. Pour combien de temps encore ? Il faut là-dessus relire, de toute urgence, la pensée de Paul Sweezy.

Non au travail le dimanche !

Mais là n’est pas le principal défaut de ce texte sur le travail du dimanche. Je crois qu’il y a bien pire. A l’heure où les gens croient pouvoir se construire sans les autres et hélas parfois contre les autres, la croyance dans les vertus salvatrices de la marchandisation globale de la société est à contre-temps de notre époque. Dans une société qui se décompose, dans laquelle les corps constitués et la famille se désintègrent, où chacun se met en avant croyant en lui-même par dogme avant toute espèce de considération, le marché agit comme un pompier pyromane. Quoi de plus artificiel en effet que de croire dans la capacité de l’argent à structurer nos vies ! Temps imaginaire... temps identitaire. Toutes ces marques, toutes ces choses, tous ces signes, toute cette publicité poussent à la construction d’une individuation dont le caractère extrêmement artificiel n’aura échappé à personne. “Je possède… donc je suis.” Se croyant tour à tour Nike, BMW, écran plasma, l’homo sapiens se transforme, sous nos yeux impuissants, en homo debilus. Nous serions donc ce que nous aurions acheté ! Avec la destruction des ressources qu’il porte en germe, le consumérisme nous ouvre les portes d’un nouveau néant.

Depuis 1974, nous sommes en crise après un peu plus de 100 ans de modèle productiviste capitaliste et/ou “communiste”. Il y aurait beaucoup à dire évidemment sur la nature “communiste” de l’économie d’un Lénine, d’un Staline, d’un Mao ou encore d’un Ceausescu. De 1974 à 1980, la pirouette fut d’utiliser l’inflation. De 1980 à 1998, nous avons eu droit aux politiques dites libérales censées agir comme des purges salvatrices par la dérégulation et la concurrence. Puis, nous sommes entrés dans l’ère des bulles : Internet, l’immobilier et bientôt les ressources naturelles et les denrées alimentaires. Les crises à venir nous rappellent toute la fragilité de nos existences et nous laissent augurer de bien sombres moments. Aujourd’hui, les gouvernants, avec notre consentement, ont fait le choix d’endetter nos enfants en transformant la dette privée en dette publique. En dehors d’être amoral, tout cela est parfaitement artificiel !

Avec le travail du dimanche, nous serions en face d’un nouveau “modèle de civilisation”. La belle affaire ! Dans les choix du gouvernement français, je ne vois, pour ma part, que vieilleries et chimères de l’ordre ancien, archaïsme, conservatisme et clientélisme. Ne croyez pas qu’il y ait la moindre intelligence dans cette mesure ! Elle est tout simplement parfaitement stupide et à contre-sens de l’histoire de l’humanité. Elle est insignifiante dans la mesure où elle est dépourvue de sens.

Crédit photos : Drapeau rouge


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25 réactions à cet article    


  • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 13 juillet 2009 10:25

    Pour le travail dominical sans supplément de rémunération.

    Il est politiquement et économiquement stupide de vouloir instaurer le travail dominical avec supplément de rémunération quand il serait si simple de l’instaurer sans supplément de rémunération.
    Pour y parvenir, il suffit d’ôter au dimanche son statut de jour chômé et, simultanément, de donner 52 jours de congés supplémentaires à tous les salariés.

    De cette manière, les tenants du dimanche chômé prendront ces 52 jours de congé durant les 52 dimanches annuels tandis que les autres salariés travailleront durant ces dimanches-là, sans supplément de rémunération.

    Parmi les « travailleurs du dimanche », heureux, on devrait trouver les juifs et les musulmans pratiquants qui, eux, choisiraient de prendre ces 52 jours de congés supplémentaires, respectivement, les samedis et les vendredis.

    Ceci dit, l’intérêt économique de travailler le dimanche est excessivement faible car le pouvoir d’achat n’est pas extensible. Le travail du dimanche ne provoquera que des transferts de pouvoir d’achat vers les magasins ouverts.


    • amipb amipb 13 juillet 2009 10:43

      Vous avez raison, supprimer le dimanche, c’est donc supprimer toute possibilité de cohésion sociale autour d’un seul jour. Chacun n’en fait plus qu’à sa tête et les possibilités de réunir l’ensemble de la famille s’amenuisent d’autant. Sans parler de ce calme si appréciable le dimanche, sur les routes comme ailleurs.

      Comme pour le saule pleureur de l’île Saint Louis, on sacrifie un arbre pour faire pousser des pâquerettes...


    • ZEN ZEN 13 juillet 2009 11:12

      Le dimanche n’est pas vraiment sacré pour moi
      Il ne l’est plus pour beaucoup
      Mais l’idée d’un repos commun est importante du point de vue individuel et civilisationnel, me semble-t-il, pour résister aussi à la phagocitation du temps par le système marchand...


      • Le péripate Le péripate 13 juillet 2009 11:28

        Oh, la baisse généralisée des salaires a déjà été théorisé ( et appliqué depuis) par JM Keynes, qui constatant l’impossibilité de la baisse du salaire nominal a préconisé l’inflation monétaire.

        Mais je constate une certaine timidité chez les partisans du dimanche. Ils ne semblent pas indignés outre-mesure par le fait que toujours il y a eu des gens qui travaillaient le dimanche. Il serait donc temps, que par souci de cohérence, tout travail soit interdit ce jour et à cette fin, l’institution d’une Police du Dimanche semble indispensable.

        A moins que leur démarche ne soit pas inspiré par l’Intérêt Public, et ne soit que le souci de préserver son dimanche. Serait-il possible que des égoïstes se cachent derrière un altruisme de façade ?


        • plancherDesVaches 13 juillet 2009 21:29

          Certes...

          Encore faudrait-il que vous connaissiez le sens du mot travail.


        • Le péripate Le péripate 14 juillet 2009 09:59

          Hum...Le tripalium était destiné à entraver le cheval. Le travail est donc ce qui attache.
          Une autre question, élève Plancher ?


        • ZEN ZEN 13 juillet 2009 11:52

          « toujours il y a eu des gens qui travaillaient le dimanche. »

          Bien sûr, mais vous n’avez rien compris
          Le problème est celui de la banalisation-marchandisation-travail pour tous, tous les jours de la semaine
          On pourrait choisir un autre jour de la semaine, mais il y a une tradition.. ;
          Revoyez l’article de Echo 89..C’est le « ensemble » qui vous gêne ?Je sais que l’individualisme est votre loi.« La société n’existe pas », disait Maggie, visant par là la solidarité
          Je vois trés bien Péripate en policier du dimanche...pour faire travailler tout le monde au nom du Sacro-saint Profit. Amen !


          • Le péripate Le péripate 13 juillet 2009 12:05

            banalisation-marchandisation- travail pour tous..... Non, effectivement, je ne comprends pas. Peut-être si vous essayiez le français ?
             Êtes vous en train de dire que le travail du dimanche sera obligatoire ? Je n’ai rien entendu de tel, mais je suis sûrement mal informé, ne lisant ni Rouge, ni contre-info,ni le Diplo, ni toute cette belle information totalitaire qui fait bouger le cadavre socialiste en suscitant quelques hoquets mécaniques d’indignation.


          • ZEN ZEN 13 juillet 2009 12:34

            Il faut lire, Péripate, c’est tout..
            Sans écrémage !
            Désolé de troubler votre bonne conscience


          • Le péripate Le péripate 13 juillet 2009 12:39

            Oui, c’est aussi ce que disent les Témoins de Jéhovah quand je les raccompagne gentiment vers la porte.


          • Le péripate Le péripate 13 juillet 2009 13:02

            Je connais ce très bon site. Merci d’en faire la promotion. Mais le rapport avec la choucroute ?


          • amipb amipb 13 juillet 2009 14:21

            Par principe, on ne fait pas de choucroute le dimanche.


          • plancherDesVaches 13 juillet 2009 21:30

            Discuter avec péripate est inutile.


          • Le péripate Le péripate 13 juillet 2009 21:33

            Il faut venir avec des billes.


          • ZEN ZEN 13 juillet 2009 11:55

            De plus, même à l’UMP, on n’est pas sûr du tout de la rentabilité de la mesure...

            Du temps...
            Du temps pour le travail, mais aussi du temps pour la détente, les loisirs, la famille, la vie sociale , associative, la culture...L’homo oeconomicus va-t-il finir par s’imposer les sept jours de la semaine ?
            Une journée hors de l’univers productif et marchand , un temps pour se dégager des sollicitations utilitaires pour se dis-traire et se cultiver, pour se refaire , se recentrer...
            Mais pour l’univers de la marchandise, il semble qu’il y ait trop de temps (et de profit) qui lui échappe et pour nos idéologues de service, trop de temps pour penser.
            Sur la base d’une enquête biaisée, en faisant appel au chantage économique, on nous pousse à la consommation sans fin pour occuper notre "temps de cerveau disponible" , nos envies bien formatées et pour compenser des salaires insuffisants...

            La marchandisation du monde à la conquête du temps :


            • Shaytan666 Shaytan666 13 juillet 2009 12:11

              Énormément de gens travailles le dimanche et n’en font pas tout un plat.
              Les trains, bus, tram, métro n’arrêtent pas de rouler le dimanche, d’accord certains horaires sont allégés. Les hôpitaux ne ferment pas, les pompiers ne se reposent pas, les haut-fourneaux ne sont pas éteint, les centrales nucléaires ne sont pas mises en veilleuse....je pourrais encore continuer longtemps. Il faut laisser vivre les gens comme ils ont envie.


              • ZEN ZEN 13 juillet 2009 12:31

                Mr Cursoux
                Oh là !!
                Attention à l’apoplexie !
                Je crois que vous êtes passé à côté du problème, avec cette réaction épidermico-droitière


                • titi titi 13 juillet 2009 15:28

                  Peut être parce que finalement il n’y a pas de problème...


                • Arunah Arunah 13 juillet 2009 13:25

                  Peut-on imaginer que certains sont heureux de travailler le dimanche ? Éviter le rôti de veau/petits pois de la belle-mère et être payé double... Avoir ses jours de repos en semaine quand tout est ouvert ( administrations, boutiques... )... Certes cela peut compromettre le barbecue du samedi soir... Mais pour beaucoup cela permet de travailler moins pour gagner plus. Au vu du faible taux de fréquentation des églises le dimanche, le tabou du dimanche chômé n’a plus de sens, en particulier dan les zones touristiques. De plus, les courses du samedi seront étalées sur deux jours et les magasins seront moins bondés. De plus ce jour payé double peut permettre aux étudiants de financer leurs études plus facilement. Dans la mesure, bien entendu, où tout cela sera sur la base d’un volontariat réel. 


                  • Marianne Marianne 13 juillet 2009 13:34

                    Les dimanches, ce sont les poètes (et les travailleurs) qui en parlent le mieux :

                    Les dimanches - Felix Leclerc

                    Ceux qui disent que les dimanches
                    Sont jours d’ennui, d’espoir qui flanche
                    N’ont donc jamais mal dans le dos
                    Pour n’avoir pas besoin d’repos.

                    C’est jours de s’maine qu’on paie les comptes
                    Qu’on se lèv’tôt et qu’on a honte
                    De n’avancer qu’à pas de chat
                    Dans un métier qu’on n’aime pas.

                    Mais c’est un dimanche que s’arrêtent
                    Ceux qui ont pain et amitié,
                    Ceux qui n’ont rien regardent couler
                    Le son des cloches sur les toits.

                    C’est jours de s’maine que les enfants
                    Dans des cahiers apprennent, apprennent
                    Combien vieillir c’est dégoûtant

                    Mais c’est dimanche que Ti-Jean
                    Va voir Marie, sa souveraine,
                    En complet bleu, c’est le seul temps
                    Qu’il tourne dos à la semaine.

                    C’est jours de s’maine que l’on enterre
                    Ses morts, ses rêves et ses folies.
                    C’est jours de s’maine que les bandits
                    Pillent les banques et tuent leurs frères.

                    C’est jours de s’maine qu’on pousse portes
                    Qu’on offre bras, talent
                    Qu’on s’fait bafouer et qu’on rapporte
                    Plaies aux épaules, plaies en dedans.

                    Mais c’est dimanche qu’on s’arrête
                    Comme dans le creux vert d’une baie

                    Et qu’on enlève son collier
                    Pour oublier qu’on est des bêtes.

                    http://www-v3.deezer.com/fr/music/playlist/f-leclerc-les-dimanches-28390240#music/playlist/f-leclerc-les-dimanches-28390240


                    • tvargentine.com lerma 13 juillet 2009 14:42

                      Une fois encore,même si cet article est d’un très bon niveau (car il reconnait ce qu j’écrivais ici même sur les « 35h » Aubry qui ne sont que des lois productivistes sans redistribution des gains de productivité sur les salaires)

                      Malheureusement,il faut,pour négocier en France des syndicats forts et indépendants de toutes emprises idéologiques (maxisme,catholicisme social,extrème gauche...)

                      Ce passe obligatoirement par un financement public des syndicats basés sur la représentativité elective qu’un vote des citoyens français pourraient faire un dimanche
                      pour marquer la vrai représentativité des organisations chargées à négocier et à éliminer les petits syndicats qui ont par le passé signés des accords par (osons le dire) corruption
                      et financement occulte

                      Le vrai courage politique voudrait que cette loi du financement public des syndicats et de leur représentativité soit enfin posée en France

                       La politique d’ouverture politique du Président Nicolas Sarkozy donne une occasion historique de marquer une vrai rupture avec le passé car les hommes politiques n’auront à intervenir dans le domaine sociale par des lois qui ne sont bien souvent pas appliquées


                      http://www.tvargentine.com





                      • Frabri 13 juillet 2009 15:14

                        Avec cette loi, la fracture sociale qui a commencé dans les années 70 quand le million de chômeurs a été dépassé, va continuer à s’élargir.

                        Ce sont les travailleur-se-s pauvres, les précaires, les saisonnièr-re-s qui vont travailler le dimanche pour servir les consommationnistes de droite et de gauche qui ont les moyens financiers de profiter de la société de consommation.

                        Il y a deux articles dans Rue 89 sur le travail le dimanche.
                        Dans le premier cité par Zen il y a un interview d’un athée michel Onfray et d’un chétien Michel Fauquier
                        . http://eco.rue89.com/2009/07/12/dimanche-a-t-on-vraiment-besoin-dun-repos-commun

                        Le deuxième est sur le travail le dimanche et la régression socialehttp://eco.rue89.com/2009/07/12/le-dimanche-travailler-plus-pour-regresser-plus


                        • Marc Bruxman 13 juillet 2009 19:32

                          En Asie, tous les magazins sont ouvert le dimanche et il n’y a pas vraiment de jour « off » officiel. Il y a par contre généralement un jour de repos prévu dans le contrat de travail. Ce qui n’empéchent pas certains de cumuler pour gagner plus.

                          Maintenant ca n’empéche pas les gens de vivre (et même plus que correctement dans certains pays comme le Japon ou la Corée du Sud voir Singapour) et c’est avouons le bien pratique lorsque l’on y est.

                          Maintenant en Europe ou ce jour est spécial depuis longtemps, le fait de payer « double » était plutot une bonne idée. Idée qui aurait pu séduire par exemple des étudiants qui auraient pu ainsi mieux financer leurs études. 

                          Pour rappel quand même, on parle ici de 250 € mensuels en plus pour un smicard qui échangerait son dimanche contre le Lundi. Loin de créer une fracture social, ce petit coup de pouce peut vouloir dire beaucoup pour certains. Si cette somme est épargnée, elle représente 3000 € par an. Soit 3 mois de salaire supplémentaire. En 10 ans, avec 30 000 €, cela peut faire une mise de départ pour acheter un petit appartement en province et ne plus être locataire. C’est au contraire un ascensceur social.

                          L’expérience chinoise confirme d’ailleurs que ce genre de boulots, méprisés par les gens des villes qui vivent déja bien sert de trempleins aux immigrants venu de provinces reculées. Et leur permet à terme de s’intégrer aux villes.


                          • Pourquoi ??? 14 juillet 2009 08:59

                            Tout-à-fait d’accord avec vous, Denis, sauf avec la fin : cette mesure n’est pas du tout insignifiante et dénuée de sens.

                            Je vous accorde qu’elle est dénuée de BON sens, mais elle est très signifiante de ce que Sarko est en train de faire de la société française : un champ de ruines et de désespoir.

                            Et ce n’est qu’un début...


                            • Denis Szalkowski Denis Szalkowski 14 juillet 2009 09:41

                              @Pourquoi ???

                              Oui, évidemment, vous avez raison sur le sens idéologique. Mais je pointais du doigt son « insignifiance » du fait de son atemporalité !

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