Censier, lundi 11 mai, 9 heures
La présidente de l’université Paris 3 a donné rendez-vous aux enseignants devant l’entrée du bâtiment. Plus d’une centaine d’enseignants sont là. Face à eux, une trentaine d’étudiants-bloqueurs se tiennent par les coudes pour empêcher toute entrée. A leur côté (mais ils ne bloquent pas les portes), des enseignants participant au mouvement. Dispersés sur les côtés par petits groupes, des étudiants, beaucoup d’étudiants étrangers, discutent.
"J’invite tous les enseignants-chercheurs de l’université, quelle que soit leur position relative au mouvement en cours, à se présenter sur le parvis de Censier, lundi 11 mai à 8h, afin de manifester, dans le calme, notre opposition déterminée au blocage de l’université, et notre volonté de la voir réouverte à tous"., disait le communiqué de la président du 7 mai.
Le mouvement de mobilisation de Paris 3 : "une grosse journée nous attend lundi, il faut un maximum de personne à 7h30 pour pouvoir bloquer toutes les portes de Censier (ça n’a pas forcément été le cas les dernières semaines faute de monde...)", "La principale difficulté que nous avons à Censier est la quasi absence des enseignants mobilisés dans les discussions".
Les "bloqueurs" affirment leurs convictions sur leurs vêtements ou sur des pancartes : "Les ouvriers à l’université", "En 36, c’est la grève qui a permis d’avoir les congés payés", "Vous débloquez ? Ne comptez pas sur moi ...", "Je suis Bloqueur - Anarcho - Autonome".
Les conversations des enseignants, des bloqueurs, des étudiants non grévistes : "On nous dit qu’on ne peut pas décaler les examens, qu’il y a un billet d’avion, un job, etc. Mais être étudiant, c’est quand même un métier", "Il y a 5000 flics qui attendent et qu’ils vont envoyer", "Le problème c’est l’autorité, qu’elle s’exerce est une condition de la démocratie", "Ah bonjour ! il faut le blocage pour qu’on arrive à se voir", "Moi je dois repartir début juin", "Les ouvriers à l’université !", ...
Les doutes sur le blocage : "le petit groupe le tenant à bout de bras depuis longtemps en ayant eu marre, personne n’était présent pour le faire vivre : certaines personnes du comité de mobilisation qui n’y sont quasiment jamais venues ferait bien de prendre leur responsabilités, et je ne parle même pas des centaines de personnes qui le votent en AG mais n’ont jamais levé le petit doigt pour l’appliquer".
Après une demi-heure d’hésitations, la présidente dit "Bon il faut y aller". Elle se dirige vers les étudiants-bloqueurs, accompagnée de membres du conseil d’administration : "nous voulons seulement parler". En vain semble-t-il.
Sur cette photo, les étudiants-bloqueurs et la présidente se font face.
Le rassemblant doit finir en AG. Est-ce pour parvenir au vote suivant : "L’AG Plénière de 300 personnes de Paris8/ Saint Denis a voté hier (6 mai) la Validation automatique du semestre pour tou-te-s les étudiants avec 14 NPPV, 2 abstentions, 3 contres et une très large majorité pour !!!" ?
Est-il démagogique de rappeler que, comme à l’accoutumée, ce sont les mêmes étudiants qui vont trinquer : les plus modestes, les étrangers dont le temps est compté, ceux qui ont choisi une discipline qui ne permet pas de trouver un travail.