L’a-t-elle jamais été ?
Si l’on en croit la tradition catholique, une mère est certes une femme, car on n’a encore jamais vu un homme mettre bas ou vêler selon le choix des termes. Mais la Sainte Vierge, la Marie, mère de Dieu, n’a rien d’une femme sexuée qui baise et qui jouit. L’Immaculée conception est le miroir négatif d’Eve la première pécheresse qui s’est servie de son vagin pour autre chose qu’accoucher. Pour des chrétiens, issu d’un judaïsme machiste, le fils de Dieu ne pouvait sortir d’une immonde copulation sentant le sperme et l’orgasme. Il a fallu inventer Gabriel, un ange asexué qui annonce à Marie sa grossesse, sans même la tripoter un peu. Et comme il faut être réaliste, à l’époque une fille enceinte sans mari dans le milieu juif traditionnel, ça la fout mal, alors on trouve Joseph comme prête-nom, saint patron des cocus et le tour est joué.
Cependant, n’allez pas croire que la laïcité, voire même l’athéisme aient libéré la femme de son rôle de mère, ou plutôt de son carcan. De nos jours, la femme n’est pas encore sortie du dualisme, ou plutôt de l’antagonisme de « la maman et la putain ». D’ailleurs, si l’on réfute l’intrigue du Da Vinci code, une ex pute comme Marie-Madeleine ne peut décemment porter les enfants du fils de Dieu. Une mère, c’est digne et pour les chrétiens, elle ne s’accouple que pour procréer, le reste n’étant que fornication.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le féminisme et la laïcité n’ont pas exonéré la mère de son rôle nutritif et asexué. Auparavant la tradition enfermait la mère allaitante dans un rôle de protection de l’enfant qui excluait toute sexualité jusqu’au sevrage. Les mères redevenaient toutes un temps des « Vierges à l’enfant », nimbées dans leur rôle de génitrices et exonérées de l’acte de chair le temps que l’enfant tienne debout. Excellent moyen d’espacer les grossesses dans un monde sans contraception et encore frappé de l’interdit de l’avortement.
Cela existe encore dans l’Afrique traditionnelle et justifie ainsi la polygamie, bien avant l’arrivée de l’Islam. L’homme ne s’accouplant plus à la mère allaitante, se prend une seconde épouse pour en fin de compte protéger l’enfant tout en maintenant son activité sexuelle. Mais dans le monde occidental, pas besoin de tabous et d’interdit, la grossesse est devenue une célébration où l’homme a désormais le rôle du figurant ou tout au plus de l’inséminateur. L’homme ne sert à rien sauf à procréer, et certaines déjà de penser à l’achat de paillettes de sperme comme celui du taureau, pour éviter l’abject acte copulatoire, et faire enfin un bébé toute seule sans le truchement nauséabond d’un pénis et de son écoulement malsain.
Cette opposition entre la mère et la femme est universelle, mais particulièrement marquée dans les sociétés méditerranéennes, qu’elles soient arabes, juives, siciliennes, grecques ou corses. « Toutes les femmes sont des putes, sauf ma mère et ma sœur, et pour ma sœur, j’ai des doutes » cela semble sorti d’un sketch de Guy Bedos, mais traduit cependant un certain ressenti. On ne peut concevoir sa propre mère en train de faire l’amour et encore moins de jouir ; sauf peut-être Michel Sardou dans l’une de ses chansons. Mais il s’agissait, pour lui le méditerranéen, d’enfreindre un tabou et faire parler de lui ! La mère est sanctifié et on lui, elle se refuse un rôle de femme à part entière avec clitoris et vagin. Sinon c’est une salope, dans l’inconscient collectif, une bonne baiseuse sera forcément une mauvaise mère. On peut se demander pourquoi.
Combien d’hommes se sont ressentis comme n’étant plus rien lorsque l’enfant parait, ont eu le sentiment de ne plus exister pour leur compagne depuis la naissance du bébé ? Et pourtant, ils l’avaient souvent espéré cette grossesse pour se sentir enfin père et partager quelque chose avec leur épouse ou leur compagne. Ils ont du vite déchanter. D’abord la nana gironde, qui faisait 90/ 50/ 85 a d’abord fait un masque de grossesse, un teint bistre, puis des vergetures. Ensuite, elle a présenté une sorte de pneu autour de la taille, des hanches larges et flasques, une ptose mammaire à l’arrêt de la lactation, bref de quoi avoir envie d’aller tirer un coup ailleurs, même chez le plus fidèle des maris du moins le temps que l’épouse reprenne forme. D’autant que la nouvelle mère n’en peut plus en câlins au nourrisson, au point d’en oublier qu’elle est encore mariée avec un type qui a une imprégnation hormonale à défaut de sentiments. Elle repousse son mâle comme le ferait une chatte protégeant ses chatons de toute tentative incongrue de rapprochement équivoque.
Et puis, tant de femmes une fois accouchées et enfin mères se cantonnent au restrictif : « toi et moi, les autres on s’en fout ! » en contemplant leur bébé d’un air niais. Le mâle, de son côté, sans vraiment s’en apercevoir ressent de la jalousie vis-à-vis de son propre gosse qui lui a pris sa place, dans le cœur et dans le lit de sa très chère. Il revit son enfance, quand à la naissance d’un petit frère ou d’une petite sœur, il s’est senti, souvent à tort, délaissé, voire abandonné par sa mère qui privilégiait un plus petit.
Le mot est dit ! La grossesse de la compagne ramène inconsciemment à sa propre mère que l’on voit transparaitre sous les traits de l’épouse. Et l’on n’est pas loin de la peur de l’inceste. Coucher avec une mère, ce serait presque coucher avec sa mère. Bien sûr, la raison et la rationalité interviennent, surtout quand la femme a l’intelligence de consacrer un peu de temps à son homme, tout en s’occupant du nourrisson. Mais si les premiers mois sont durs pour le mari, la satisfaction d’être père compense la frustration, du moins, quand il s’agit d’une grossesse désirée. Mais un nombre croissant de femmes pouponnent, cajolent à l’extrême l’enfant et installent une relation quasi fusionnelle qui peut s’éterniser bien au delà de la période dite de sevrage.
Le pire étant ces mères-nées, qui délaissent le mari une fois arrivé le premier enfant, mais qui subitement se remettent à écarter les cuisses en regardant le plafond quand elles désirent avoir un second gamin. Et le malheureux et naïf conjoint de croire que c’est reparti comme avant, alors qu’on le leurre dans le but de se faire engrosser à nouveau.
Certes toutes les femmes ne sont pas aussi extrémistes, mais la tendance se développe. Et puis comme un couple sur deux se dissout en milieu urbain et un sur trois en province, la femme qu’elle l’ait voulu (c’est le plus souvent le cas) ou non, se retrouve seule et redevient non pas célibataire ou divorcée, mais monoparentale dans la terminologie en vogue. Si elle a une fille, elle va lui distiller son venin en répétant ad nauseam que les hommes sont des salauds. Et si c’est un garçon, elle fera tout pour lui donner une éducation de mâle asexué. « Tu ne vas pas toi aussi t’y mettre et faire comme ton père ! »
Le chef de famille a légalement disparu. Ne parlons même pas du devoir conjugal, les relations forcées sont désormais considérées comme un viol entre époux. En dehors de quelques brutes, l’homme désormais n’ose passer outre. Il attend donc souvent une copulation oblative que l’on lui jette comme un os à un chien.
En occident cela a débuté dans les années 70 au Québec, la belle province. Libéré du catholicisme par la Révolution Tranquille, les femmes ont pris leur revanche sur la société traditionnelle et patriarcale. Les Canadiennes francophones ont été bien avant les Américaines les porte-parole d’un mouvement réduisant le rôle de l’homme au sein du couple. Cela a atteint un sommet dans les années 80 avec le concept d’homme bourdon, bumble-bee en anglais, qui n’a d’intérêt que fécondateur. Pour le reste, à la rigueur, un sex toy ferait l’affaire. Ce concept est repris et admirablement décrit dans le film de Denys Arcand, « la fin de l’Empire américain », mais il va bien au-delà d’une œuvre cinématographique. Car cet état d’esprit a doucement et insidieusement traversé l’Océan et s’est installé en Europe occidentale en moins de deux décennies, épargnant momentanément les Slaves, mais probablement pour pas très longtemps, construction de L’Europe obligeant.
Qu’en conclure ? Les archétypes ont la vie dure, malgré la modernisation et la libération des mœurs. Les droits pris ces dernières décennies par les femmes leur permettent de vivre nettement moins sous le joug d’un père puis d’un mari. Mais si cela est un progrès social, une équité souhaitable, la rapidité de la transition est telle, que l’homme est devenu une nuisance et ne retrouve plus sa place. L’instinct maternel, qui est plutôt une imprégnation culturelle inculquée dès l’enfance pour renforcer la pulsion animale de reproduction et de protection de la portée, s’est modifié pour devenir un système de répulsion contre l’homme tout juste utile à l’insémination.
Cela va-t-il durer ? C’est bien parti en Occident pour au moins une bonne décennie. Il ne pourra que se renforcer les comportements féministes du fait de la peur obsidionale de l’Islam importé. Cela dit, tous les monothéismes glorifient la maternité et condamnent la femme stérile. Et les laïcs n’en sont pas encore à redonner à la femme la place sexuée qu’elle mérite face à la mère de plus en plus triomphante dans la société actuelle.