« une source d’alcool méconnue » c’est le titre d’un article paru dans l’Illustration datée du 8 août 1903, article que je reproduis ci-dessous in extenso et qui est signé E. Ledrain.
Un nom (presque) prédestiné vu la teneur de l’article...
Il m’a semblé, en effet, qu’en matière d’énergie, il ne faut négliger aucune piste, fut-elle glissante...
" Il y a de l’alcool un peu partout. Il s’en forme même dans le sol, comme l’a montré l’éminent bactériologiste, M. Duclaux, mais pas assez pour qu’on puisse l’extraire industriellement
On en trouve encore dans ... les matières fécales. Et un inventeur vient de faire connaître un procédé qui permet de tirer quelque chose comme 80 grammes d’alcool d’un kilogramme de matières fécales. Des essais ont été faits, au cours desquels on a obtenu jusqu’à 9 litres du précieux liquide par 100 kilogrammes de matière traitée.
Remarquez combien ce résultat est important et combien le rendement est satisfaisant : 100 kilos de pommes de terre ne donnent que 11 litres d’alcool. Et il faut planter, cultiver et récolter la pomme de terre, alors que la matière fécale vient toute seule.
Une société se serait formée à Dresde pour exploiter cette méthode nouvelle d’utilisation de l’activité du genre humain. Cette société a calculé qu’une ville de 100.000 habitants normaux, bien constitués, dont les matières fécales rendraient seulement 7 % d’alcool, pourrait tirer d’elle-même, bon an mal an, 4500 hectolitres d’alcool, sans compter les produits accessoires dont 2 millions de mètres cubes de gaz combustibles.
Vraiment, une société bien organisée ne peut laisser perdre de pareilles ressources.
C’est avec satisfaction, toutefois, que nous apprenons qu’on n’a point l’intention de livrer cet alcool à la consommation. Il serait employé à des usages industriels seulement, il servirait à chauffer, à éclairer, et à faire marcher les automobiles et autres moteurs. " Fin de citation.
Conclusion : pourquoi en période de pré-disette concernant les énergies, ne se pencherait-on pas de nouveau sur les fosses dites d’aisances ? ( se pencher avec précautions, il va sans dire )... Il me semble qu’un pays nordique utilise déjà cette matière dernière dans je ne sais plus quel but, mais chacun sait que nos voisins nordiques sont souvent en avance sur nous, pauvres latins, empêtrés que nous sommes dans nos traditions et nos pensées uniques...
La Chine aussi, depuis longtemps, récupère ces sous-produits humains pour en faire des engrais. Ce n’est pas pour autant que la soupe chinoise a un goût désagréable...
De toute évidence, il ne faut pas rester sceptique devant les fosses septiques.
C’est une idée à creuser qui, à mon avis, n’est pas sans fondement.