Il est assez peu courant que la pleine période estivale offre avec tant d’intensité et à un rythme si rapide, presque continu, le spectacle de nombreux bras de fer politiciens et d’évènements sociétaux. Il s’agit moins d’une dérive que de la progression évidente d’un libéralisme violent accompagnée d’une tentation sinon fascisante du moins anti démocratique.
Cette accumulation révèle le dualisme de notre société, dont l’un des deux pôles, celui prétendu élitaire, ignore superbement l’autre, celui réputé populaire. Ainsi la confirmation qu’un monde de l’argent, des affaires et d’une certaine politique vit à mille lieues de celui qu’il domine, dirige et manipule sans vergogne et sans égard. Ainsi l’attachement de ces supposées “élites” aux “marchés”, si bien servis par des FMI, OMC et autre Commission Européenne constituée sana l’aval des peuples qu’elle est pourtant censée servir.
Soumission affichée en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Grande Bretagne, ces trois derniers pays ayant été cités à l’envi en exemple, au temps de leur “réussite”, par les docteurs en « économisme » de tous poils qui sévissent encore dans notre pays ; visible aussi dans l’Europe qui pressure et trompe ses populations… grâce à un Traité de Lisbonne (entre autres) frauduleusement mis en place, en ce qui concerne la France, par un Président peu soucieux de l’opinion des Français et avec l’approbation silencieuse et revancharde, il faut bien le dire, d’une certaine “gauche” tellement dépitée en mai 2005 !
Tout cela concourt opportunément à offrir sur un plateau toute l’activité économique, culturelle et sociale le plus rapidement possible à ces mêmes « élites » de l’argent et du pouvoir, sous forme de privatisations. La crise sert de prétexte, on le sait désormais. Pour preuve : la précipitation à surendetter démesurément notre pays en à peine 3 ans, afin de « sauver » les banques, donc l’économie financière. En revanche le rejet de toute action destinée à favoriser la relance démontre bien le mépris de ce monde-là pour les des populations, d’autant que, de surcroît, leur sont imposées des mesures de rigueur pour effacer ce surendettement tellement utile, en vérité.
Mais cette situation cache un danger latent même s’il est partiellement formulé, de temps en temps, sous forme d’interrogation. Les attitudes et réactions gouvernementales et présidentielles récentes dévoilent le degré actuel de cette évolution. Les déclarations de guerre à certaines parties de la population, leur désignation comme boucs émissaires ne devraient surprendre personne. Outre le fait que ce langage et cette tactique sont familiers au Président, pour soi-disant s’attacher l’électorat FN, elles sont des éléments d’une stratégie plus large. Sans céder à la facilité d’une théorie du complot, remarquons qu’une atmosphère délétère pèse sur nos contrées depuis quelque temps. La rigueur annoncée fixant le mécontentement populaire au même titre que le spectacle sordide qu’offrent les mondes de l’argent et de la politique, il devenait nécessaire de détourner l’attention et de tenter, par la même occasion d’instaurer un nouvel ordre aux contours policiers.
C’est ce qui se passe en ce moment. On en appelle au tout sécuritaire en désignant des « responsables » par amalgame. Les populations montrées du doigt, dont sont issus les malfaiteurs en cause, ne sont pas comptables de leurs méfaits. Il ne semble pas que la population corse soit tout entière considérée comme possible meurtrière de préfets ! C’est pire que diviser pour régner, c’est dresser une partie des citoyens contre les autres. Certes les malfrats d’où qu’ils viennent doivent être combattus et sanctionnés. Mais pas la communauté dont ils sont membres. C’est pourtant le message que le Président envoie lors du discours de Grenoble, relayé ensuite par ses sbires gouvernementaux ou élus, tels Hortefeux et Ciotti.
Malgré les apparences leur action n’est pas épidermique ni ponctuelle. Ils ont ouvert la porte à la haine contre des populations ciblées, pour que le message soit porteur, par le pseudo débat sur l’Identité Nationale. Les Hortefeux (condamné mais toujours ministre), Lellouche, Devedjian, Besson, Longuet, Estrosi, Morano, Gaudin et bien d’autres y contribuent insidieusement. Certains parmi eux, d’ailleurs, furent membres d’organisations d’extrême droite, même s’ils tentent de le faire oublier. D’autres font l’objet de mises en examen ou d’enquêtes mais demeurent au rang de ceux qui décident ! Les « origines » de la nationalité détermineraient donc une justice à dimensions variables.
Signes de cette évolution antidémocratique, les promesses récentes de lois répressives, fussent-elles inconstitutionnelles, sciemment dirigées contre ces mêmes populations. Morano, Lellouche et Chatel, tentent même, au mépris de la vérité historique, d’en faire porter la paternité à la gauche.
Faut-il évoquer la création d’Edvige, d’Hadopi ? La mutation actuelle du Corps Préfectoral en organisme de répression (93 ; Grenoble) par la nomination de superflics ? La harangue à ce même Corps pour lui reprocher son manque de visibilité sur le terrain de l’action policière et l’injonction brutale qui lui a été faite d’être disponible jour et nuit et aux ordres ? Voyez la création à l’UMP du Collectif Droite Populaire, tendance ultra droitière après l’allégeance, il y a quelque temps, du Mouvement populiste, souverainiste et sectaire de Philippe de Villiers. Voyez les expressions « sans tabou », dans d’autres sphères, des Rioufol, Zemmour, Elisabeth Levy et les déclarations ineptes des Raoult, Lellouche, Lefebvre ou Paillé. Voyez aussi les faiblesses et le laxisme des politiciens face aux intégrismes qui rongent les trois religions dites du livre, qui étouffent les croyants et agressent et menacent les « infidèles ». La liste est longue.
Que peut-on penser du prochain avenir pour notre pays ?