Vinci soit qui mal y pense
Les puissants lobbys du BTP ne désarment pas, et jour après jour, Vinci et compagnie couvrent la France de béton, mais qu’en pensent les actionnaires ?
Récemment, une assemblée générale du groupe BPT Vinci se réunissait afin de dresser un bilan moral et financier des activités du groupe.
Des actionnaires mutins s’étaient invités pour poser les questions qui dérangent, et ont eu la très bonne idée de filmer discrètement cette journée qui restera peut être ans la mémoire du PDG du groupe, Vincent Huilliard, lequel venait annoncer la belle réussite financière du groupe pour 2012, avec 2 milliards d’euros de bénéfice, dont la moitié est pour les actionnaires.
On se souvient que récemment l’ex patronne du MEDEF avait encouragé les petits actionnaires à participer à la démocratie entrepreneuriale : « il faut que chacun devienne actionnaire, que chaque français investisse dans les entreprises françaises… »
Quelques salariés de Vinci ont saisi la balle au bond, acquérant quelques actions, et lors du moment offert aux actionnaires présents dans le public, ils ont posé des questions judicieuses, et parfois impertinentes.
Sur le thème de « les vraies réussites sont celles que l’on partage », ils ont questionné le PDG du groupe, allant jusqu’à le chahuter lorsque ce dernier maniait une langue de bois insupportable.
Florilège :
« Je suis très inquiète pour l’image de marque du groupe, par rapport à ce qui est en train de se passer à l’aéroport de Notre Dame de Landes (…) ce projet suscite un rejet massif de la part des populations (…) et que ce projet semble illégal vis-à-vis de la loi européenne sur l’eau ».
En réponse, Huilliard va affirmer que son entreprise est très respectueuse des lois et règlements qui régissent le marché, ce qui est manifestement faux puisque les travaux avaient commencé avant même que le rapport concernant la gestion de l’eau, et de l’environnement soit publié.
En réalité, les enquêtes publiques réalisées en juin et juillet 2012, au titre de l’application de la loi sur l’eau, ont rendu un « avis favorable sous réserves et recommandation »…sauf que la réserve émise demande la mise en place d’un « collège d’experts indépendants » qui devra valider, ou non, les propositions de compensation environnementale.
Malgré cette réserve, sans attendre l’avis du collège en question prévu pour l’automne 2013, le préfet va publier les arrêtés d’autorisation de début de travaux, ce qui va créer une situation irréversible. lien
Personne n’a oublié que le 9 avril, la « commission du dialogue » a, par la voix de son président, Claude Chéreau, tout en affirmant être convaincu de la « pertinence du projet », ajoutait avoir « des doutes sur la pertinence de certains arguments », ce qui a entrainé un moratoire sur les expulsions. lien
Pour l’instant, l’état a décidé de repousser le début des travaux de 6 mois, c'est à dire à l’automne prochain.
Mais revenons à notre assemblée générale de Vinci.
Une actionnaire dans la foulée, va évoquer un contrat de travail, concernant un employé de Vinci, de nationalité portugaise qui gagnerait 610 euros par mois, pour 40 heures par semaine, évoquant un tract distribué à l’entrée par des salariés de Vinci, accolant à ce nom le qualificatif « d’esclavage moderne » ajoutant à l’intention du PDG qu’une centaine de ces salariés demandent à être entendu, souhaitant un dialogue avec celui-ci, (lesquels sont manifestement empêchés par un service d’ordre musclé), afin d'évoquer « la valeur partage » chère aux dirigeants du groupe, demandant manifestement que ce partage les concerne aussi.
En effet, lors de cette assemblée générale, un vote a été effectué afin de valider le salaire annuel du PDG, lequel s’est élevé à plus de 1,9 millions d’euros.
Démontrant qu’il maniait parfaitement la langue de bois, le PDG a affirmé que les salaires des employés de son entreprise étaient respectueux des règles qui encadrent les droits des travailleurs en général et les salaires en particulier.
En fait la manœuvre est habile, car comme Vinci, affirme-t-il, possède des filiales dans une centaine de pays dans le monde, il dit respecter scrupuleusement les règles de chacun de ces pays, ce qui lui permettrait de faire travailler en France un travailleur portugais de l’une de ses filiales, payé selon les règles de son propre pays…
Mais il va plus loin en affirmant que son entreprise n’est pas concernée par le cas évoqué, et que cette entreprise a pour nom Sendin…
Sauf que cette entreprise, leader dans la pose d’armatures, travaille régulièrement en partenariat avec de nombreux grands groupes du BTP, comme Eiffage, Bouygues, et bien sur Vinci. lien
Mis au défi, par l’un des petits actionnaires du groupe, de jurer, levant la main droite et « droit dans les yeux » que tous les salariés du groupe, ou de ses filiales opérant sur un chantier français, sont embauchés sous un contrat qui respecte le code du travail français, en matière de temps de travail et en matière de salaire, Xavier Huilliard répondra que s’agissant des 109 000 salariés du groupe, les règles du droit de travail en terme de temps de travail et de niveau de salaire sont respectées…mais au sujet des entreprises sous-traitantes, il élude, bien évidemment.
La totalité des échanges est dans cette vidéo.
En attendant, un gros rassemblement national se prépare pour défendre la ZAD, et contester ce que tout le monde appelle aujourd’hui « l’Ayrauport » de Nantes. lien
Il s’agit de faire une chaîne humaine le 11 mai prochain afin d’enterrer définitivement le projet.
Cette journée qui se veut historique sera précédée par un festival de soutien, le vendredi de 19h à 01h00, et le samedi de 15h30 à 02h00.
La liste des artistes à découvrir est sur ce lien.
Comme dit mon vieil ami africain : « le fou est l’échelle du sage ».
L’image illustrant l’article provient de « quieryavenir.fr »
Merci aux internautes de leur aide précieuse
Olivier Cabanel
Articles anciens
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Le formulaire papier est sur ce lien
Pour s’informer :
Parolesdecampagne.blogspot.fr.
Un blog très documenté pour se tenir informé sur ce lien
Le blog du collectif est sur ce lien
Emission terre à terre du 27 octobre.
Une vidéo sympa de « la parisienne libérée » sur le sujet.
Un entartrage qui appelle au soutien sur ce lien.
Un journal à découvrir : Fakir
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