Violences policières, où quand monsieur tout le monde se fait « arrêter »
France, 29 janvier 2009. Témoignage d’une enseignante relatant les violences excercées à l’encontre d’un citoyen.
"Ce jour décidé jour de grève nationale est aussi le jour où notre famille a pris conscience que la violence policière peut concerner chacun d’entre nous. Ce jour là j’ai rendez vous à dix heures trente avec mon cher et tendre place Leclerc à Angers pour manifester. Je l’attends avec nos trois enfants. Il ne nous a jamais rejoints. Nos appels sur son téléphone portable restent vains. Je m’inquiète, mon homme est quelqu’un de fiable sur qui je peux toujours compter et il a très envie de manifester.
A 12h45 j’apprends par un coup de téléphone de ma mère que Bernard est placé en garde à vue. Le motif « refus d’obtempérer, rébellion et incitation à l’émeute ». Je n’ai pas le droit d’en savoir plus, je n’ai pas le droit de le voir ni de lui parler. Je ne connais pas non plus les circonstances de son arrestation. Je suis atterrée. Pour moi, la garde à vue renvoie à une situation criminelle tout au moins à une mise en danger d’autrui. Je cherche ce qu’il a pu faire. J’imagine alors qu’il a refusé de montrer ses papiers, comme il l’a fait une fois, en soutien aux sans papiers. Ce geste m’étonne car il savait que nous l’attendions mais je me raccroche à cela.
A 17h00. Bernard est libéré, sonné par les six heures passées dans une cellule, il se rend avec deux heures de retard sur son lieu de travail. C’est donc à 22h00 que j’apprends la vérité vraie. Et elle fait froid dans le dos.
Les faits. A dix heures 40 Bernard cherche toujours une place pour garer sa 405. Les manifestants sont très nombreux et empiètent sur la chaussée. Est-ce ce nombre qui effraie les gendarmes ? Bernard dans une file de voitures commence à s’engager rue du Mail. Il est arrêté par un policier qui tapant sur sa vitre lui demande à quelle vitesse il roule. « Je suis en première, donc à 20 km/h » répond le futur criminel. « C’est trop, vous ne devez pas dépasser 10 Km/ heure. » Bernard répond alors qu’il ne lui semble pas aller trop vite, qu’il cherche une place pour se garer et rejoindre à la manifestation sa femme et ses enfants.
Le policier demande à voir les papiers du véhicule. Bernard présente la carte verte et explique qu’il a oublié la carte grise chez lui. Le policier annonce alors un contrôle approfondi du véhicule et lui désigne une place à l’opposé de l’endroit où il se tient. C’est en braquant les roues et en repassant la première que tout dérape. Notre voiture, une antiquité imprévisible, émet un hoquet qui projette le véhicule en avant. Personne n’est blessé ni même touché. Il s’agit juste d’une évidente erreur de manœuvre ( ce que reconnaîtra ultérieurement le policier le plus proche )
Ce hoquet provoque alors des faits incroyables.
Un policier se rue sur la voiture, ouvre violemment la portière et entreprend avec six autres comparses d’extraire manu militari Bernard de la voiture. Celui-ci paniqué s’accroche à son volant. Il est sorti de la voiture, jeté à terre, maintenu sur le bitume un genou dans les côtes, pendant qu’un autre policier lui tire le bras vers l’arrière et le menotte. Bernard essaie d’appeler à l’aide en disant « Ne les laissez pas faire cela ». Un policier pour le faire taire, lui enfonce deux doigts dans la bouche. Une jeune fille ose intervenir. Elle est immédiatement appelée à circuler.
Bernard est placé dans un fourgon. Quand il demande s’il était besoin de se mettre à 2 pour le faire sortir de la voiture, s’il était besoin de le jeter à terre, on lui répond qu’il est grand et fort ( cela fait-il de lui un animal ? ) Quand il demande à ce qu’on lui desserre les menottes qui le blessent, on lui dit qu’il n’a qu’à le demander gentiment. Bernard refuse de supplier, il se fait traiter d’imbécile et garde ses menottes qui lui cisaillent le poignet et entrave sa circulation. Après un alcootest et test de présence de cannabis ( négatifs évidemment ) il est emmené au poste et mis en garde à vue. Il passe six heures dans une cellule. Il est fouillé, on lui prend ses effets personnels, on relève ses empreintes, on le photographie. Il voit un médecin et un avocat. Ceux-ci l’écoutent et lui disent qu’il est victime de ce qu’ils appellent dans leur jargon « susceptibilités policières ».
Apparemment, c’est de plus en plus fréquent.
A 15h45, il est auditionné par un officier de police judiciaire qui en réfère ensuite au procureur qui lui-même décide de la remise en liberté de Bernard et d’une convocation judiciaire pour le 13 avril. Vraisemblablement pour un rappel à la loi. Nous sommes très choqués par ce qui vient de se passer. Bernard peut toujours à peine bouger les doigts de la main droite. Il a mal aux côtes. Il fera constater ses douleurs par un médecin tout à l’heure. Mais surtout il estime qu’il a été victime d’un abus de pouvoir. Il compte porter plainte pour cela et aussi pour préjudice moral.
Comme beaucoup d’entre vous on tire souvent le diable par la queue en fin de mois, alors si vous connaissez un avocat, altruiste aux honoraires peu élevés, faites-le nous connaître…on va avoir besoin d’un coup de main ! Surtout, n’hésitez pas à faire passer ce texte à vos connaissances. Il faut que l’on sache que de telles situations se multiplient aujourd’hui. Pour vous en convaincre, lisez sur Wikipédia le dernier paragraphe de l’article sur la garde à vue. C’est édifiant.
J’aurais adoré épouser Robin des Bois, Jesse James, Che Guevara. Peut-être d’ailleurs que Bernard a un peu de tous ces personnages en lui… mais en attendant, ce jour-là il était surtout un simple citoyen conducteur d’une vieille voiture, ayant oublié sa carte grise.
Vous admettrez en lisant ces faits qu’on se demande d’où vient le chef d’accusation que je rappelle pour conclure ce billet « Refus d’obtempérer, rébellion, incitation à l’émeute ».
Bien à vous,
Estelle"
Si vous souhaitez suivre la suite ou les contacter, je vous suggère de vous rendre à la source de cet article.
Autres lieux : La Force de Police Irlandaise
En République d’Irlande, les forces de police s’appellent les Garda Síochana (gardiens de la paix) on les appelle plus souvent le Garda ou au pluriel plural les Gardaí (prononcé gardi). Les policiers ne sont pas armés, ils sont très sympathiques et sont au service de l’ensemble de la collectivité. Les numéros d’urgence de la police sont le 999 et le 112. Cependant, il n’est pas toujours besoin d’une urgence pour contacter les Gardaí – si vous êtes en difficulté, vous pouvez contacter les Gardaí et vous les trouverez coopératifs et serviables.
Si pour une raison ou une autre un Garda vous demande une preuve d’identité, soyez coopératif et présentez la pièce d’identité et les documents qui vous sont demandés. Il est recommandé de rester poli et calme en toutes circonstances. Le Garda doit vous indiquer pourquoi vous êtes interpellé, dans le cas contraire, vous devez en demander la raison. Dans le cas peu probable où vous seriez arrêté, vous devez être traité avec impartialité, poliment et avec respect. Les Gardaí sont régis par un code de conduite formel qui reconnaît vos droits, y compris le droit de consulter un avocat.
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