« Big data », l’intelligence de l’énergie ?
« Big data », les professionnels du numérique mais aussi ceux de l’énergie, des transports, de l’eau (liste non-exhaustive) n’ont plus que ce mot à la bouche. Défi pour les uns, solution miracle pour les autres, et finalement un terme encore assez obscur pour qui n’a jamais eu à se soucier de « data crunching » ou de « data mining », et autres raffinements du jargon anglo-informatique.
Dans les faits, les big data sont une conséquence de notre mode de vie de plus en plus connecté : nous échangeons quotidiennement une masse de données qui va croissante. Aujourd’hui, cela se passe surtout sur internet (quels sites nous visitons, à quelle heure etc) mais cela concerne aussi de plus en plus notre consommation d’énergie, les transports en commun que nous utilisons chaque jour… La vitesse de développement des données est exponentielle.
Les big data sont à la fois source de complexité et solution à cette complexité : plus la base de données est large et représentative, plus son exploitation sera pertinente. Pourquoi le moteur de recherche de Google connaît-il un si grand succès par exemple ? C’est grâce à sa capacité à tenir compte des recherches qui ont déjà été réalisées sur un même sujet pour mettre en avant immédiatement les résultats pertinents. Pour Google, la masse de données à analyser en permanence est énorme mais du côté de l’utilisateur, cela semble d’une déconcertante simplicité.
« Big data » ou « Big Brother » ?
Si Google a fait la preuve de l’utilité des big data, la firme est aussi un exemple des dérives possibles de cette collecte sans fin de données. Les CNIL européennes ont ainsi haussé le ton à l’encontre du géant américain, lui reprochant d’en savoir bien plus long sur les utilisateurs de ses services qu’il ne veut bien le dire. Le développement des big data dans le domaine des services publics provoquent donc des interrogations légitimes.
Dans le domaine de l’électricité, les autorités de surveillance françaises, CNIL et CRE (commission de régulation de l’énergie) en tête, encadrent sévèrement l’usage qui est faite des données collectées par les compteurs communicants (notamment Linky pour l’électricité, Gazpar pour le gaz). Les gestionnaires de réseaux (ERDF, GRDF, GEG…) n’ont accès qu’à la consommation totale des foyers et non au détail pièce par pièce ou appareil par appareil, et doivent crypter les données transmises. Surtout, à la différence de Google dont c’est le cœur de métier, les pilotes du réseau électrique ne font pas un usage commercial des informations récoltées.
« Big data » ou « smart data » ?
En France, la collecte et l’analyse des big data doit en effet permettre aux opérateurs de rendre leurs réseaux « smart », « intelligents ». En ayant une vision claire, en quasi-temps réel, de la quantité et des lieux où est produite et consommée l’électricité, le but est d’améliorer l’efficacité énergétique du système.
En contrepartie, les usagers déterminent eux-mêmes s’ils veulent participer aux nouvelles possibilités qui découlent des big data. Car à l’échelle des foyers, cette connaissance globale permet de développer de nouveaux services : déclenchement d’heures creuses solaires quand les panneaux photovoltaïques de la région produisent à plein régime, ou à l’inverse, interruption du chauffage électrique pendant quelques minutes (l’effacement diffus) quand l’électricité devient rare et chère.
Par elles-mêmes, les « big data » n’apportent rien. C’est dans leur analyse et leur utilisation qu’elles permettent de nouveaux usages, des services « intelligents ». Pour parvenir à cet objectif, il faut que le bénéfice et la confiance soient au rendez-vous entre les opérateurs qui collectent ces données et les usagers qui les mettent à disposition. Sans ces deux éléments, les promesses des « big data » resteront lettres mortes.
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