Bill et Richard
Dans l'histoire du logiciel, deux philosophies s'affrontent : celle de Bill Gates, qui est dans une logique entrepreunariale, et celle de Richard Stallman, qui est dans une perspective d'amélioration d'une base de connaissances communes. Sans porter de jugement de valeur, voyons aujourd'hui comment ces deux manières de voir ont émergé.
N'hésitez pas à commenter, la richesse d'Agoravox, c'est vous ;)
- Impossible de trouver une image de Bill Gates et Richard Stallman ensemble
- Source : http://tech.arulns.com/wp-content/uploads/2008/07/richard-stallman-and-bill-gates.jpg
En 1975, Bill Gates a 20 ans. Il écrit en trente jours avec Paul Allen un langage de programmation, le BASIC, qu’il vend 35$ la copie. Début 1976, il commence à essayer de protéger son travail via une « Lettre ouverte aux amateurs », où il indique ne pas vouloir fournir gratuitement son travail. Il commence dès lors à protéger son travail en utilisant pour ses logiciels des licences basées sur le modèle classique du brevet de propriété intellectuelle américain. Microsoft naît au début des années 1980, et la création pour IBM de MS-DOS fera sa fortune. Pour la petite histoire, MS-DOS est très largement inspiré de CP/M, le système d’exploitation des machines Amstrad à l’époque.
Richard Stallman, lui, est programmeur au Massachusets Institute of Technology à cette époque. Suite à un problème avec son imprimante, il décide d’améliorer le pilote de celle-ci, soit le logiciel qui commande les mécanismes d’impression. Mais il se rend compte que la source du logiciel, c’est à dire le code écrit par les ingénieurs de chez Xerox, est inaccessible, car breveté.
Stallman, nourri à l’éthique hacker dès le début des années 1970, habitué à la coopération entre programmeurs, décide alors de lancer le projet GNU. Son idée était que si le code, breveté, ne peut être ni modifié ni – au moins – étudié, il n’était pas conçu dans le but d’être amélioré. Et qu’il ne valait donc rien pour la communauté des programmeurs. Il commence donc à écrire et à distribuer autour de lui ses propres programmes. Il attribue explicitement aux utilisateurs le droit de copier, modifier, distribuer ses logiciels, la seule condition étant que toute amélioration apportée soit elle-même « libre » d’être copiée, modifiée, distribuée.
Ces deux figures, symboles a posteriori de deux conceptions du logiciel, nous permettent de comprendre deux grandes tendances au sein du monde des programmeurs depuis la fin des années 1970 : d’un côté les commerciaux, qui écrivent le code pour faire fonctionner un produit, de l’autre, les universitaires, qui développent des logiciels pour répondre à leurs propres besoins.
Nous avons vu que si le développement coûte très cher, la copie d’une information numérique, d’un fichier ou d’un logiciel ne coûte quasiment rien. Vous ne pouvez certes pas « copier-coller » une pomme, ou une voiture. En plus des savoirs-faire, des techniques, des plans, vous auriez besoin des matériaux de base, d’un outillage conséquent, de ressources précises. Dans le cas d’un logiciel, ou de toute information, la copie, la redistribution ne coûte presque rien.
Une information numérisée ; sa reproduction illimitée quasiment gratuite : il ne manque plus à cette information que la « liberté » pour que nous entrions réellement dans la société du savoir.
Sources : Bill Gates et Richard Stallman, copie informatique
Addendum : Les quatre libertés fondamentales telles qu’elles sont exprimées par Richard Stallman résument la logique « libre » :
- la liberté d’utiliser le logiciel
- la liberté de copier le logiciel
- la liberté d’étudier le logiciel
- la liberté de modifier le logiciel et de redistribuer les versions modifiées
14 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON