Bill Gates et l’insurmontable envie de dominer
Peut-on soupçonner un homme qui possède la terre entière de freiner des projets sociaux qui peuvent, par leur façon innovatrice de voir l’éducation et l’information, changer les choses ? Est-il possible de croire qu’un homme, qui a dans son coffre-fort suffisamment d’argent pour éradiquer la dette de la plupart des pays d’Afrique subsaharienne à lui seul, soit capable d’attaquer un organisme à peine naissant qui se meut corps et âme pour faire aboutir une idée de nature sociale pour ses seuls intérêts économiques ?

Il faut bien se rendre à l’évidence : c’est malheureusement le cas. Récemment, le fondateur de Microsoft, monsieur William Gates, s’en est pris au projet 100$ laptop, initiative fort à propos poussée par des gens du MIT via l’organisation qu’ils ont fondée pour l’occasion : One Laptop per Child.
Le projet se veut une initiative à saveur principalement sociale , via l’utilisation des portables à moins de 100$. L’objectif majeur est de pouvoir adapter les technologies actuelles dans le but de favoriser et d’améliorer les moyens de communication et surtout d’apprentissage à travers les sociétés visées. En utilisant ces portables faits sur mesure pour des enfants dans le besoin (machines suffisamment solides pour résister à la chaleur, au froid, à l’humidité, aux tempêtes de sable, et qui permettra aux enfants de pouvoir la recharger manuellement grâce à une manivelle), les chercheurs de OLPC espèrent, en passant par de grandes initiatives gouvernementales des pays intéressés, pouvoir transformer la manière de communiquer, d’apprendre, d’innover et de se développer de ces écoliers. Ces ordinateurs ne seront disponibles que pour ces enfants, et distribués via les ministères de l’éducation respectifs.
Évidemment, ces portables, réduits à des prix minimaux, auront des caractéristiques minimales. Écran réduit, disque dur absent, remplacé par de la mémoire stable (Flash) et évidemment un processeur modeste (AMD 500mhz). De toute façon, on se demande bien qui a besoin d’une machine de guerre alors que tout ce que l’on voudra faire avec cet outil sera communiquer, écrire, lire, se divertir et développer des idées. L’idée de base demeure : construire un portable fonctionnel et à bas prix.
La principale critique du dirigeant de Microsoft porte justement sur les caractéristiques timides de cet ordinateur. « The last thing you want to do for a shared use computer is have it be something without a disk... and with a tiny little screen », a-t-il déclaré subtilement, après avoir fait une première démonstration de son nouveau bébé, le PC ultra portable, qui, selon lui, a beaucoup plus d’avenir dans ces pays en développement. Drôle de remarque par ailleurs, considérant que monsieur Gates avait également [critiqué->http://www.engadget.com/2006/01/30/gates-proposes-cellphones-as-alternative-to-olpc] le portable à 100$ au courant des dernières semaines en lui préférant le cellulaire comme outil technologique de prédilection dans les pays en développement. Bonjour l’écran large et le disque dur...
Il faut également préciser que l’homme avait déjà offert gratuitement son système d’exploitation à OLPC, qui a gentiment refusé. Les chercheurs voulaient plutôt un programme ouvert, sur lequel ils pourraient ajouter ce qu’ils voudraient, adaptant les outils de façon logique pour son utilisation et surtout, en laissant les enfants y bidouiller à leur tour, ce que Windows n’offrait évidemment pas. Pour ce faire, ils ont choisi les gens de chez RedHat qui développent en ce moment un système d’exploitation expressément pour le projet. Ce que Bill Gates n’a pas apprécié. Car le nouveau marché du tiers monde, paraît-il, est très alléchant et les licences Windows sont, visiblement, très payantes.
C’est ce que l’on peut appeler de la jalousie mal placée.
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