Carnot sauveur de l’innovation dans l’hexagone ?
Tout le monde s’accorde à dire que l’innovation est la clef de voûte du devenir des emplois industriels et dérivés sur notre territoire. Mais voilà, innover n’est pas simple. On nous répète que les cerveaux français ne pensent qu’à fuir, que les industriels nous quittent à grands coups de délocalisation. Dans ces conditions, comment envisager un avenir serein ?
Pourtant, la recherche française est bonne, n’ayons pas peur de le dire, elle est même excellente dans bien des domaines. Mais alors pourquoi cela ne se concrétise t-il pas en emplois ? Mais au fait, l’innovation, c’est quoi exactement ? N’aurait-on pas un peu tendance à confondre recherche et innovation ?
Un ponte national de
l’innovation disait dans un congrès, il y a quelques mois : « La recherche,
c’est transformer de l’argent en idées, l’innovation, c’est
transformer des idées en argent ». C’est certes un
peu provocateur, mais finalement, c’est peut-être bien ce qu’il
nous manque. Nous avons beaucoup de bonnes idées, lesquelles
sont souvent transformées par d’autres. Faire de l’argent est
toujours considéré comme sale, bien entendu, mais créer
des emplois ou les maintenir ?
Il faut donc maintenir le niveau de
notre recherche et l’améliorer sans cesse. Pour cela, il faut
effectivement débloquer des crédits et relancer des
programmes ambitieux. Pour en être convaincu, lire le plaidoyer
de Jean-Claude Lehmann, éminent scientifique, dans Le Monde du
23 novembre dernier, qui en parle beaucoup mieux que moi.
Le gouvernement vient, le 24 novembre,
d’accepter un projet de loi dans ce sens. Du moins, un premier pas.
Dans ce projet, un élément est assez nouveau : les
instituts Carnot. Il s’agit de structures de recherche chargées
de faire le lien entre le public et le privé. Autant dire, un
vrai défi chez les Gaulois que nous sommes ! Pourtant, ce
modèle fonctionne, il est calqué sur les Fraunhofer
d’Outre-Rhin. Ces instituts sont financés par l’État en
fonction des contrats privés qu’ils décrochent. Ceci ne
peut pas être une fin en soi, puisque dans ces conditions, la
recherche fondamentale n’est plus possible, mais elle permet un
transfert beaucoup plus efficace et dynamique que ce que nous
connaissons. Par exemple, le brevet du format MP3 est détenu
par un Fraunhofer. Alors, si ce système peut dégager des
crédits finançant la recherche fondamentale, qui, elle,
alimente ce transfert, la boucle est bouclée...
Le schéma, s’il est un peu
simpliste, ne peut nous tirer que dans le bon sens. L’industrie et la
recherche ne dialoguent pas assez, c’est une évidence et
toutes les initiatives qui pourront faciliter ce dialogue seront
nécessairement positives, elles aideront le transfert et l’innovation.
Il s’agit de
notre seul atout pour lutter contre les low cost, et continuer à
avancer. On le voit bien, l’emploi est le nerf de la guerre, aucun
effort constructif n’est à négliger dans ce domaine. Le
public et le privé pourraient peut-être se rejoindre,
pour l’occasion ?
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