Des canaux d’irrigation sur Mars
Le robot Curiosity envoyé sur Mars cet été va-t-il enfin détecter des traces de vies ? On connaît l’existence de la planète rouge depuis l’Antiquité, mais le fantasme qui voudrait en faire une planète habitée est finalement très récent à l’échelle de l’humanité.
L’astronomie fait un bon au 18ème siècle grâce aux travaux de William Herschel, un musicien originaire de Hanovre et installé à Bath en Angleterre. Dans les années 1770, il se passionne pour la conception de lunettes astronomiques. Il fait tout lui-même. Sa pauvre sœur avec qui il vit voit chaque pièce de leur petite maison se transformer peu à peu en atelier spécialisé. Une petite fonderie trône même au milieu du salon. Ces travaux titanesques finissent néanmoins par faire la fortune de la famille. De nobles et curieux visiteurs se pressent chez les Herschel pour observer les reliefs de la Lune et les annaux de Saturne depuis le gigantesque télescope installé dans le jardin (un mètre de large pour 12 mètre de long !). Alors que les têtes tombent à Paris, Herschel garde la sienne dans les étoiles et poursuit ses travaux sans se soucier de la Révolution Française. Il améliore ses instruments et croit finir par deviner sur Mars des forêts, des nuages et des océans.
La découverte d’un système d’irrigation complexe
Quelques décennies plus tard, les travaux d’Herschel couplée à l’apparition de la photographie vont populariser l’astronomie. A la fin des années 1870, un astronome milanais, Giovanni Virgilio Schiaparelli, entreprend de répertorier l’ensemble du relief martien grâce à l’amélioration des techniques des optiques. Il découvre la présence d’étranges canaux dans les plaines. Grâce à la photo, contempler les détails de la surface de Mars n’est plus un privilège laissé aux seuls astronomes et à quelques amateurs fortunés. Le monde est alors pris d’une folle vague martienne. L’idée d’une vie extraterrestre sur Mars n’a jamais été aussi crédible. Inspiré par les travaux de Schiaparelli, un richissime américain, Percival Lowell, consacre sa fortune à la construction d’un observatoire ultra moderne. Il est persuadé que les canaux découvert par Sciaparelli sont les traces d’un système d’irrigation complexe, qui n’a pu être élaboré que par une civilisation intelligente et organisée.
Le mythe persiste malgré les déceptions
Bien que Lowell n’ait jamais pu observer de petits hommes verts au bout de son télescope, les travaux qu’il publie en 1906 et 1908 rencontrent un grand succès, aussi bien chez les amateurs que chez les scientifiques. Mais quelques années plus tard, un astronome d’origine grecque installé en France, Eugène Antoniadi, démontre que l’observation de ces soi-disant canaux est le résultat d’une illusion d’optique engendrée par les perturbations de l’atmosphère terrestre. Entre-temps, de nouvelles mesures attestent que la température et l’atmosphère qui règnent à la surface de Mars ne sont pas compatible avec l’existence d’une quelconque civilisation. On continua cependant à penser jusque dans les années 50 qu’il y avait peut-être des formes de végétations sur la planète rouge, mais on s’aperçut finalement qu’il ne s’agissait que de formations minéralogiques. Malgré les nombreuses déceptions qu’on fait naître les découvertes du 20ème siècle, le fantasme de la vie sur Mars est toujours bien présent et se réveille à chaque fois qu’une nouvelle mission est envoyée vers la planète rouge.
Sources :
- Alain GIRAUD-RUBY, Le ciel dans la tête, une histoire de l’astronomie, Actes Sud, Paris, 2010.
- Bernard MAITTE, Cosmos, une histoire des représentations de l’univers, Alias, Paris, 1994.
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